
La découverte de la sexualité : micro-trottoirs et immersion en cours d’éducation sexuelle
Dans ce nouvel épisode, l’équipe de Radio Clito aborde et interroge la découverte de la sexualité et l’éducation à la vie sexuelle et affective. C’est une étape qu’on a tou·te·s vécu·e·s d’une manière plus ou moins drôle, plus ou moins gênante, et qui laisse souvent un souvenir fort. La découverte de la sexualité est un passage important de notre vie. Que l’on pratique ou non.
L’équipe de Radio Clito est allée à la rencontre des passant·e·s pour savoir comment s’est déroulée la découverte de la sexualité et l’éducation à la vie sexuelle et affective. Tantôt gênante, tantôt taboue, parfois même drôle, les témoignages ne manquent pas. En fonction des générations, l’éducation n’a pas été la même et le sujet semble plus facile à aborder aujourd’hui.
La sexualité, ses découvertes variées
Le micro-trottoir nous a permis de découvrir plusieurs manières de parler de sexualité. Le sujet a été évoqué pour certain·e·s pour la première fois à l’école ou en famille. Pour d’autres, souvent les plus âgés, le sujet a toujours été tabou et les informations difficiles à obtenir. Dans ces cas-là, la découverte de la sexualité s’est réellement faite au moment de la vie sexuelle. La transmission aux enfants est aujourd’hui un sujet qui préoccupe. Les parents se préparent souvent bien avant l’âge où les questions se posent aux ados et de nombreux supports sont aujourd’hui à disposition. A cela s’ajoute quelques anecdotes insolites pour notre plus grand bonheur.
Rencontre avec Claire Rieffel, du Planning familial
C’est pourquoi nous sommes allées interroger Claire Rieffel du Planning familial de Strasbourg pour y parler de l’éducation sexuelle et affective aujourd’hui. Qu’est-ce que le Planning familial ? Quel est son rôle éducatif et quelles sont les pistes pour aborder le sujet avec enfants et ados ? Nous avons même infiltré le cours sur le consentement de Marie Keiling dans la classe de 3ème du collège Saint-Exupéry de Mulhouse.
Le Planning Familial est aujourd’hui le lieu dédié à l’éducation sexuelle et affective. Il milite depuis plus de 60 ans pour le droit à l’éducation à la sexualité, à la contraception, à l’avortement et à l’égalité des droits entre les femmes et les hommes. C’est aussi un lieu qui accueille et permet d’échanger autour de la sexualité. C’est dans celui de Strasbourg, au 13 rue du 22 novembre, que nous rencontrons Claire Rieffel, psychologue clinicienne, animatrice et conseillère conjugale, qui nous fait visiter les lieux et réponds aux questions d’Émilie :
« Il est important d’avoir un tiers lieu pour parler de ces sujets quand on est adolescent, car il y a besoin que ces infos se posent à un endroit, marquant la frontière de l’intimité qui nous appartient et où l’on se sent en sécurité. »
En ce qui concerne l’éducation à la sexualité, selon la loi, tout élève aurait droit à 3 séances par an d’éducation à la sexualité. Mais c’est rarement le cas dans les établissements scolaires. Le planning familial intervient auprès des élèves de la primaire aux études universitaires pour des animations à la vie affective et sexuelle.
Consentement et stéréotypes de genre
Aujourd’hui, il n’est plus question uniquement d’anatomie, de contraception et de sexualité : on y a ajouté la dimension émotive et surtout la notion de consentement. Claire Rieffel utilise par exemple les insultes lors d’ateliers pour aborder et comprendre les stéréotypes de genre. Elle fait réfléchir à ces mots, à leur sens :
« Les filles, ce sont des salopes et des putes, les mecs, des connards, des PD, qu’est ce que ça veut dire quand on dit ça ? »
Lors des ateliers en classe, Claire Rieffel remarque une différence d’apprentissage entre les filles et les garçons avec des stéréotypes qui s’ancrent rapidement. Les petites filles ont souvent tendance à se déprécier, à s’excuser alors qu’au contraire, les garçons ont une plus grande confiance en eux et des doutes beaucoup plus restreints. Les stéréotypes et les perceptions de genre ont encore la vie dure et cela montre qu’il est important d’agir pour les effacer.
En parler à ses enfants
Pour aider les parents dans leur démarche d’éducation à la vie sexuelle et affective, il existe depuis un an des groupes pour les parents au planning familial. Ils permettent d’avoir les outils nécessaires pour aborder le sujet ou répondre aux questions qui arrivent, souvent bien avant le début de la vie sexuelle, comme l’explique Claire Rieffel :
« Parler de sexualité à ses enfants, ce n’est pas parler de sa propre sexualité. Plus on est à l’aise avec cette idée-là, de ne pas dévoiler sa vie sexuelle et affective, mieux c’est. »
Il est important de savoir qu’on peut temporiser quand un enfant pose une question et qu’on est pris au dépourvu. On peut s’autoriser à lui dire qu’on reviendra sur le sujet pour lui répondre. Il existe énormément d’outils. Des livres permettent d’avoir un support ludique pour apporter des réponses, comme par exemple la collection « Parle moi d’amour » qui peut aider à poser les bons mots. Il existe aussi des supports vidéos comme le site « On sexprime » qui peut être un outil très complet pour répondre aux questions des enfants.
Assumer ses différences
Claire nous donne quelques conseils qu’elle a pu expérimenter, comme discuter entre ami·e·s du changement de corps, de sexualité ou encore de ses émotions. La parole avec les autres permet de se sentir moins seul face au poids de la norme. La sexualité et l’approche de la sexualité est différente pour chacun. Il faut s’autoriser à avoir son propre parcours et réussir à s’approprier son propre corps, comme l’explique la psychologue :
« Les vulves c’est comme les visages, il n’y en a pas deux qui sont pareilles ! »
Il y a le compte Instagram « j’aime ma vulve », avec des illustrations de Marion Dubois qui nous montre que tout le monde est différent et c’est très bien comme ça.
Ces nouvelles façons d’aborder l’éducation à la sexualité nous interpellent et attisent notre curiosité. Nous décidons alors d’intégrer un cours de SVT dédié au sujet du consentement pour y voir les approches proposées et surtout les réactions des élèves. C’est dans le cours des 3ème de Marie Keiling, que nous posons les micros du Tuto Clito. Le cours parle du consentement, et après une vidéo montrée aux élèves présentant le sujet avec l’exemple de deux amis et une tasse de thé, nous passons aux cas pratiques avec des situations que les élèves doivent analyser et où le consentement y est souvent mis à mal. Les réactions sont plutôt positives et le sujet assez bien compris, avec des évidences pour certain·e·s et des situations à approfondir pour d’autres. On y comprend que le consentement vaut tout aussi bien pour une fille que pour un garçon et que les stéréotypes, encore une fois, n’aident pas.