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Pour que les Strasbourgeois donnent plus leur sang, l’EFS va redonner vie aux quartiers

Environ 20% des dons de sang du Bas-Rhin proviennent de l’Eurométropole, alors que l’agglomération représente un peu plus de 40% de la population du département. L’Établissement français du sang (EFS) de Strasbourg s’est lancé depuis quelques années dans une quête aux dons urbains mais l’établissement doit innover.

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Pour que les Strasbourgeois donnent plus leur sang, l’EFS va redonner vie aux quartiers

En 2017, un peu plus de 3% des Strasbourgeois ont donné leur sang. La proportion de donneurs monte à plus de 8% sur le reste du territoire couvert par l’EFS de Strasbourg, soit le Bas-Rhin plus les cantons mosellans de Bitche, Phalsbourg et Sarrebourg.

Ces quelques points de différence représentent un écart de plusieurs dizaines de milliers de dons. Par exemple, en 2017, il y a eu environ 16 000 dons de sang dans l’Eurométropole. Dans le reste du département et les trois cantons mosellans, ce chiffre monte à environ 62 000.

Certes, dans la zone couverte par l’EFS de Strasbourg, une minorité de personnes vivent dans l’Eurométropole. Mais la différence en termes de dons de sang ne devrait pas être aussi marquée. L’agglomération strasbourgeoise regroupe à peu près 40% de la population qui dépend de l’EFS de Strasbourg mais ne représente qu’environ 20% des dons de sang.

Donner son sang, c’est plus convivial à la campagne

Les citadins seraient-ils plus égoïstes que les ruraux ? Pas forcément. C’est en tous cas ce que pense le docteur Sophie Reuter, responsable des collectes mobiles dans le Bas-Rhin :

« L’EFS à Strasbourg est ouvert tous les jours de 8h à 20h en semaine et le samedi matin. Ça laisse du temps pour venir donner son sang mais… nous manquons de visibilité. À la campagne, le don est beaucoup plus institutionnalisé. C’est un rendez-vous annoncé longtemps à l’avance, il y a des banderoles dans les villages… Et il y a le poids des habitudes puisque nous venons chaque année aux mêmes périodes et aux mêmes endroits. »

À Schirmeck, par exemple, une collecte a lieu tous les ans aux alentours de la mi-novembre dans la salle des fêtes. Pauline habite la vallée de la Bruche et s’y rend à chaque fois :

« C’est l’occasion de se retrouver avec des amis. On boit un coup et on mange un bout ensemble, c’est sympa. Je croise aussi souvent des personnes de mon village ou des anciens camarades de classe que je n’ai pas vus depuis longtemps… »

Les gens avec une situation économique et sexuelle stable donnent d’avantage

Une autre explication de cette différence entre ville et campagne réside dans l’âge de la population. Comme le constate Sophie Reuter :

« Les donneurs sont plutôt des personnes avec des situations économiques, professionnelles et sexuelles stables. Or cela est plutôt le cas des personnes d’un certain âge. En général, il y a plus de jeunes en ville donc cela participe à l’explication sur les dons urbains moins fréquents. »

41% de la population de l’Eurométropole a moins de trente ans contre 33,2% dans le reste du département.

Recréer la convivialité des villages en ville

Mais alors comment améliorer le pourcentage de donneurs en milieu urbain ? Depuis cinq ans, l’EFS de Strasbourg essaye de s’inspirer pour l’Eurométropole de ce qui fonctionne à la campagne. Plutôt que d’attendre les donneurs à son siège, ses équipes se rendent directement au contact des donneurs potentiels avec les « dons de quartiers ». Comme dans les villages, des équipes de l’EFS s’annoncent et s’installent en différents endroits de l’Eurométropole pour organiser des collectes. Mais pour Sophier Reuter et ses collègues, c’est un travail de longue haleine :

« Ce n’est pas comme dans les villages où les gens sont habitués au don du sang. De plus, les populations se renouvellent plus vite dans les quartiers urbains que dans les campagnes. Donc on essaye de tisser un maximum de liens avec les associations locales pour qu’elles incitent les habitants à participer. On réfléchit aussi ensemble comment on peut rendre ce moment agréable pour les gens qui viennent… »

À Lingolsheim, par exemple, l’EFS de Strasbourg organise plusieurs collectes par an en partenariat avec l’Amicale du don du sang. C’est une vraie réussite puisqu’il y a entre 80 et 100 dons à chaque fois. Le président de l’Amicale Patrick Munch l’explique par l’appel du ventre :

« Nous avons réussi à créer une dynamique grâce aux repas proposés après le don. On fait des barbecues l’été et quand il fait moins chaud, on propose des tartes flambées et des desserts maison. Nos donneurs se retrouvent et passent un bon moment ensemble. Je suis persuadé que c’est cette ambiance qui nous permet d’atteindre un bon niveau de dons. »

Pour que les gens viennent, il faut promettre autre chose qu’une piqure… (Photo EFS Strasbourg)

La convivialité, une valeur recherchée sur laquelle compte bien s’appuyer l’EFS. Au Neuhof, des associations catholiques, protestantes et musulmanes se sont proposées d’héberger ensemble trois collectes par an. D’après Sophie Reuter, ça montre bien que les citadins peuvent aussi se mobiliser :

« Le Neuhof est un exemple encourageant. Le Neudorf aussi. On y collecte une petite centaine de dons à chaque fois. Ailleurs, comme à Cronenbourg ou à la Robertsau, c’est plus compliqué. Ça dépend vraiment de l’implication des associations locales. »

La dernière fois que l’EFS était à la Robertsau, seulement une trentaine de dons ont été collectés. C’est trop peu pour que l’opération, avec toutes les charges qu’elle implique, vaille le coup. Pour maintenir les stocks dans les hôpitaux et les cliniques du Bas-Rhin, l’EFS a besoin de 300 dons par jour. Or les équipes de l’EFS de Strasbourg ne peuvent organiser au maximum que six collectes par jour dans tout le département. L’établissement doit donc s’assurer du succès à chaque fois ou presque…

Avec l’Université de Strasbourg pour mobiliser les jeunes

Le 3 octobre, l’EFS a signé une convention avec l’Université de Strasbourg. Le but est d’inciter les étudiants à donner leur sang. Jusqu’à présent, des collectes étaient déjà organisées dans différentes facultés mais Sophie Reuter explique que cette convention doit faciliter les choses :

« Avant c’était très compliqué de trouver un lieu dans l’université pour faire les collectes. Les étudiants étaient souvent peu informés du fait qu’ils puissent donner leur sang. Avec cette convention, l’université nous met à disposition une salle et les étudiants seront davantage mis au courant. »

À cela s’ajoute un challenge inter-universités au niveau national. Un trophée symbolique sera remis à la fac qui aura le plus de donneurs.


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