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Les structures aidant les précaires à Strasbourg sont à bout

Les associations et structures travaillant auprès des personnes en situation de précarité ne supportent plus les conditions d’accueil et de suivi qui prévalent à Strasbourg.

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Un camp de migrants et de demandeurs d'asile en août 2013 aux Remparts. L'endroit a été grillagé depuis, le camp s'est reformé quelques centaines de mètres plus loin... (Archives Rue89 Strasbourg)

Quatorze associations, collectifs ou structures du secteur caritatif, dont les missions sont de venir en aide aux personnes en situation de précarité à Strasbourg ont signé un communiqué commun, une première, en forme d’appel au secours.

Ces structures déplorent qu’un jeune afghan d’une vingtaine d’années, qui a fui la misère et la guerre puis traversé un continent dans l’espoir d’une vie meilleure, n’ait finalement trouvé d’autre option une fois parvenu en France que de mettre fin à ses jours. Le corps sans vie d’Habib a été retrouvé samedi matin, pendu, au parc du Glacis où se sont installées sous des tentes plusieurs personnes.

Un appel à la dignité

« Depuis fin 2017, nous constatons à Strasbourg de plus en plus de personnes contraintes de vivre dans des campements. Plus de 10 campements dénombrés depuis fin 2017, accueillant plus de 700 personnes dans des conditions sanitaires déplorables et privées d’accès à leurs droits fondamentaux. Cette situation, dont l’État semble se satisfaire conduit à leur dégradation physique et psychologique et à leur mise en danger comme le démontre le décès de cette personne.

Cette situation déplorable est la conséquence directe d’une politique délibérée : « On gère au fur et à mesure pour éviter l’appel d’air, » selon le mot d’Yves Séguy, secrétaire général de la préfecture du Bas-Rhin (DNA, 20 février 2019).

Un camp de migrants et de demandeurs d'asile en août 2013 aux Remparts. L'endroit a été grillagé depuis, le camp s'est reformé quelques centaines de mètres plus loin... (Archives Rue89 Strasbourg)
Un camp de migrants et de demandeurs d’asile en août 2013 aux Remparts. L’endroit a été grillagé depuis, le camp s’est reformé quelques centaines de mètres plus loin… (Archives Rue89 Strasbourg)

L’accès à un hébergement est un élément fondamental de la santé de toute personne. Le droit prévoit aux demandeurs-ses d’asile un accès à un hébergement durant le temps d’examen de la demande d’asile. Le jeune Habib aurait pu en bénéficier ou à défaut au moins être hébergé par le 115. Le droit à un dispositif d’hébergement d’urgence en toutes saisons et de manière inconditionnelle est garanti par le Code de l’Action Sociale et des Familles.


Cinq demandes

Nous demandons que des mesures urgentes soient prises afin de sauvegarder la dignité des personnes et de garantir le respect des droits fondamentaux :

– Une protection et une mise à l’abri d’urgence, immédiate et inconditionnelle des personnes en errance, dans le Bas Rhin, leur permettant d’accéder à leurs droits fondamentaux ;

– L’assurance d’une continuité de l’hébergement pour toutes les personnes accueillies dans les dispositifs, quelle que soit leur situation administrative ;

– Un accès rapide aux procédures de demande d’asile pour ceux qui le souhaitent, y compris pour les personnes sous procédure Dublin, ainsi qu’aux conditions matérielles d’accueil ;

– Le lancement d’une réflexion collective sur l’hébergement et le logement de l’ensemble des personnes à la rue afin de trouver des solutions pérennes à la situation actuelle ;

– Et enfin, tant que les campements perdureront, la garantie de conditions d’hygiène dignes (accès à l’eau et sanitaires). »


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