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Un membre du Bastion Social Strasbourg condamné pour des violences à Paris avec des Gilets jaunes

Mercredi 9 janvier, six jeunes ultranationalistes ont été condamnés à Paris pour « entente en vue de commettre des violences ou des dégradations » lors du troisième acte des gilets jaunes, le 1er décembre, dans la capitale. Parmi les accusés se trouvait Xavier M., un adhérent hyperactif du Bastion social Strasbourg et militant de l’ultradroite alsacienne de longue date.

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Un membre du Bastion Social Strasbourg condamné pour des violences à Paris avec des Gilets jaunes

Nouvelle condamnation pour un adhérent du Bastion social Strasbourg. Mercredi 9 décembre, Xavier M. a écopé de quatre mois de prison avec sursis pour « entente en vue de commettre des violences ou des dégradations ».

Le 1er décembre, l’Alsacien et cinq autres jeunes ultranationalistes portaient le gilet jaune à Paris. Ils ont été reconnus coupables de tags anti-policiers, de jets de parpaing et d’avoir construit des barricades lors du troisième acte de la contestation.

L’ « association de malfaiteurs », chef d’accusation le plus lourd, n’a pas été retenu contre ces proches de l’ex-Groupe Union Défense (GUD), groupuscule d’ultradroite aujourd’hui remplacé par le Bastion social.

Mein Kampf au domicile parental

Né à Sélestat, Xavier M. vit toujours chez ses parents. Suite à son interpellation le 7 décembre à l’aube, le domicile parental a été perquisitionné. Selon les informations de Streetpress, la police y trouve une carabine Browning et deux fusils de chasse de calibre 12 et 22 long rifle. Le membre du Bastion social ne sera pas condamné pour ces faits : le père de Xavier a acquis légalement certaines de ces armes, d’autres viennent d’un héritage. La plupart étaient démilitarisées.

Les six militants d’ultradroite ont été condamnés pour des faits remontant au 1er décembre 2018 à Paris. (Photo Patrice Calatayu)

Pendant l’audience au tribunal correctionnel de Paris, le juge interroge aussi Xavier M. sur le contenu de sa bibliothèque. Un livre sur Pétain et la marine s’y trouve aux côtés d’un exemplaire de Mein Kampf. L’Alsacien a justifié la présence de cet ouvrage en évoquant la période de l’Occupation allemande et l’obligation, à l’époque, de posséder cet écrit d’Adolf Hitler. Cet élément n’a pas été retenu contre l’adhérent du Bastion social Strasbourg.

Ancien meneur du GUD Alsace

Le mouvement antifasciste strasbourgeois s’intéresse à Xavier M. depuis plusieurs années. En juin 2013, les antifas relevaient la présence du militant ultranationaliste « suivi de quelques crânes rasés » lors d’une manifestation pour les droits de la communauté LGBT. Le GUD Alsace, dont il était le meneur, avait appelé à s’opposer à la Gay Pride sur leur page Facebook : « Accueillons-les comme il se doit. Non à l’homopholie ». Si Xavier M. n’apparaît pas dans les statuts de l’association du Bastion social Strasbourg, le militant reste une cheville ouvrière du groupuscule. Il était notamment présent lors de la première manifestation du Bastion Social à Paris. 

L’Alsacien navigue depuis longtemps entre Front National (FN) et mouvance ultranationaliste. Ancien président du GUD français, il a pu collaborer avec des figures du FN comme Axel Loustau pour remplir les rangs du Front National de la Jeunesse (FNJ). Souvent vêtu d’une chemise et d’un blouson en cuir, les cheveux plaqués sur le côté, Xavier M. perpétue la tradition du « gentleman fasciste » propre au GUD. Le jeune contribue à l’apparente respectabilité des ultranationalistes. Bruno Gollnisch, eurodéputé du Rassemblement National (RN), peut donc s’afficher aux côtés du jeune Alsacien dans le local du Bastion social Strasbourg où il s’était rendu.

Et ancien proche d’Alsace d’Abord

Selon les fédérations départementales du RN67 et 68, Xavier M. n’est plus adhérent du RN à l’heure actuelle. « On l’a vu dans des réunions », se souvient Alain Favaletto, responsable du RN haut-rhinois. Mais son nom ne dit rien du côté du Bas-Rhin. Le militant ultranationaliste était pourtant bien visible lors d’une cérémonie organisée par le RN67 le 8 mai 2018 qui a réuni une dizaine de personnes. D’après une photo que s’est procurée Rue89 Strasbourg, il y tient le drapeau historique de l’Alsace derrière le responsable bas-rhinois du RN, Thibault Gond-Manteau. Interrogé, le délégué départemental réagit :

« Peut-être qu’il était là mais honnêtement je n’ai pas fait attention C’était une réunion publique et effectivement, on avait des gens issus des vestiges du mouvement Alsace d’Abord (dont Xavier M. a été un militant au sein de la section jeune, ndlr) »

Une tombola pour les « camarades de Paris »

Comme le rapporte le journal Le Monde, l’avocat de Xavier M. a dénoncé le caractère supposément politique du procès : « Cette fois, ça y est, vous avez vos fachos! » Même discours du côté de l’association Cicéro, émanation du Bastion social gérée par Thomas Beauffet, par ailleurs trésorier du Bastion social à Strasbourg. Cet ancien détenu, condamné pour des violences à caractère xénophobe à Strasbourg, s’est activé les dernières semaines pour soutenir « les six camarades de Paris. » Grâce à une tombola, organisée en dehors de la plateforme Leetchie, son association est parvenue à récolter 1 300 euros.


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