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Qu’est-ce qu’on fait à Metz ?

En passant par la Lorraine – 5. Faisons fi des éventuelles rivalités, oublions les guéguerres Racing vs. FC Metz, oublions même la réforme territoriale et promenons-nous à Metz, comme ça, pour voir. Agréable sous bien des aspects, cette ville tri-millénaire pourrait bien vous surprendre. Allons plus loin : il est possible que Strasbourg en soit jalouse. Si si.

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La cathédrale Saint-Étienne de Metz. (Photo Johann-Juergen Mohr / Flickr / cc)

La cathédrale Saint-Étienne de Metz. (Photo Johann-Juergen Mohr / Flickr / cc)
La cathédrale Saint-Étienne de Metz. (Photo Johann-Juergen Mohr / Flickr / cc)


Commençons par le début : une donnée purement démographique. Metz abrite en son sein environ 120 000 habitants ce qui correspond à peu de choses près à Mulhouse (environ 110 000 habitants). Pourtant ces deux villes, l’une lorraine, l’autre alsacienne, ont très peu en commun si ce n’est qu’elles sont décriées par leurs grandes villes voisines, respectivement Nancy et Strasbourg.

Tout comme les Strasbourgeois raillent volontiers les Mulhousiens, les Nancéiens ont pour habitude de moquer leurs voisins messins comme en témoignent une série de tweets qui se rejoignent particulièrement lorsque l’on aborde un sujet populaire : le foot.

Une Nancéienne travaillant régulièrement à Metz raconte d’ailleurs :

« Un jour, j’étais dans une boutique à Nancy. J’entends deux clientes discuter : “Tu n’as qu’à aller à Metz, tu trouveras peut-être ce que tu cherches, il y a quand même quelques boutiques là-bas”, et son amie de répondre : “Ça va pas non ! Je ne mets pas les pieds à Metz.” »

En dehors de ces querelles de voisinage, il y a effectivement « quelques » boutiques à Metz et si l’on y regarde de plus près, de nombreux lieux à visiter, apprécier où se détendre et même où faire la fête. L’implantation du Centre Pompidou-Metz en 2010 a d’ailleurs complètement modifié le paysage culturel de la ville mais aussi son urbanisme.

Pour un investissement de 70 millions d’euros partagés entre la Ville, l’État, l’Union européenne et les collectivités locales, le centre d’art a compté plus de 500 000 visiteurs en 2012 et les retombées touristiques ont permis à la Ville de compter sur 70 millions de recettes la première année. Un beau retour sur investissement.

Évidemment, l’hôtellerie se réjouit quand de nombreuses galeries se sont installées profitant de la nouvelle manne d’amateurs d’art. Le visage de la ville lui a presque radicalement changé, logique lorsque l’on sait que l’ensemble des investissements publics s’élève à 250 millions d’euros. Une image plus contemporaine qui vient compléter l’image patrimoniale de la ville.

Une architecture très variée

Résumons d’abord l’histoire de la ville en quelques lignes. Tout commence sous l’époque gallo-romaine où Metz tient un rôle important : les vestiges d’un amphithéâtre (non loin du Centre Pompidou-Metz) laissent apparaître une jauge de 25 000 spectateurs qui en fait le plus vaste des Gaules. Le Saint-Empire-Romain-Germanique passe ensuite par là : l’évêché, à la tête de la cité fait pulluler les églises, cloîtres et abbayes. C’était avant le développement industriel : la ville s’enrichit, la bourgeoisie prend le pouvoir et patatras, le cercle des annexions commence.

La grange des Antonistes (Photo Wikipédia / cc)
La grange des Antonistes  très typique, on retrouve dans toute la vieille ville cette couleur « jaune vieilli »de la pierre. (Photo Wikipédia / cc)

Guillaume II décide de détruire quelques remparts et fait prendre à la ville un virage néo-roman. En marge, Metz est restée durant de nombreuses années une place militaire forte : de nombreuses casernes s’y sont implantées et Vauban (auteur du fameux barrage à Strasbourg et de la citadelle) y a dessiné quelques forteresses.

Cette histoire riche a forcément laissé des traces. Ainsi, l’on croise du gallo-romain, beaucoup de médiéval (la grange des Antonistes par exemple), un peu de Renaissance (les sculptures en façade de la Maison des Têtes), d’ottonien (l’église Saint-Pierre-aux-Nonnains), du néo-classique (Caserne Ney) et bien sûr du gothique avec l’église Saint-Étienne surnommée « La lanterne du Bon Dieu » du fait de ses grandes verrières. Magnifique.

À l'intérieur de la cathédrale de Metz, on se laisse facilement impressionner par les superbes voûtes éclairées par les vitraux. (Photo CB / Rue89 Strasbourg / cc)
À l’intérieur de la cathédrale de Metz, on se laisse facilement impressionner par les superbes voûtes éclairées par les vitraux. (Photo CB / Rue89 Strasbourg / cc)

Sur cette carte, vous pouvez retrouver beaucoup de lieux symboliques du patrimoine messin à visiter.

Afficher Plan du patrimoine et des quartiers de Metz sur une carte plus grande

De l’art

Le bâtiment du Centre Pompidou-Metz. (Photo cerfon / Flickr /cc)
Le bâtiment du Centre Pompidou-Metz. (Photo cerfon / Flickr /cc)
La terrasse du Centre-Pompidou Metz. (Photo Thibault Billet / Flickr / cc)
La terrasse du Centre-Pompidou Metz. (Photo Thibault Billet / Flickr / cc)

Est-il utile de préciser qu’il faut aller faire un tour au Centre Pompidou-Metz ? Rien que pour voir le bâtiment (qu’il vous plaise ou non, vous ne resterez pas de marbre) ou simplement pour se promener à l’intérieur.

Au-delà des formes, de la lumière et de la vue, l’établissement programme de belles expositions : on y a vu les Bouroullec ou Sol LeWitt par exemple ; on y voit en ce moment Daniel Buren, comme au musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg mais ici en vues plongeantes et également l’exposition Formes simples consacrée à l’épure et à l’invention de la modernité.

À Metz, on retrouve le FRAC (Fonds régional d’Art contemporain) Lorraine où sont présentées cet été, des pièces de David Lamelas spécialisé dans l’art conceptuel et le cinéma expérimental.

Autour de ces institutions, les galeries sont de plus en plus nombreuses. Difficile de faire son choix, mais deux espaces sortent leur épingle du jeu. La galerie Toutou Chic, tenue par deux personnages hauts en couleur qui n’ont de cesse de présenter des projets décalés autour de l’art graphique ou des installations étonnantes.

Plus loin, la galerie Modulab se construit autour du dessin et de projets éditoriaux avec une grande place accordée à l’impression. À partir du 19 septembre, on y retrouvera la bande-dessinée Duel conçue par l’illustrateur Nicolas André – passé par les Arts décoratifs de Strasbourg – et les éditions Le Mégot. Un travail que nos locaux de l’association Central Vapeur ne renieraient pas.

Des idées de lieux sympas où flâner

Étant donné le passé industriel de la région, il est commun de croiser, comme en Alsace, foultitude de vide-greniers. À Metz, on dénombre 13 marchés aux puces organisés au Parc expo de la ville où se croisent des touristes venus de toute la France et d’ailleurs.

En dehors de ce circuit très professionnel, des passionnés comme Sara Guedj du très bon site Internet Irene Irene, s’entêtent à dénicher les perles rares dans toute la région : l’avantage, on peut surfer sur son site confortablement installé sur un sofa strasbourgeois. Au Vélo Rose, boutique cette fois, l’on retrouve à la fois des objets vintage mais aussi des petites douceurs.

Le Vélo Rose à Metz (Capture d'écran du Facebook de la boutique)
Le Vélo Rose à Metz (Capture d’écran du Facebook de la boutique)

Pour plus encore de découverte, le cabinet de curiosités Chambre cinquante-sept est fourni en animaux empaillés et autres insectes, anciens globes et miroirs et autres décorations farfelues à la mode. Il propose aussi des meubles chinés partout où il voyage.

Où est-ce qu’on mange ?

On le sait : la Lorraine a accueilli de nombreux Italiens venus prêter mains fortes aux ouvriers dans le bassin minier. La région a donc la chance d’accueillir la meilleure cuisine du monde (en toute objectivité) sur ses terres.

À Metz, le restaurant Maison Baci (Pudlo en parle très bien) attire tous les bobos de la ville pour plusieurs raisons : l’intérieur du restaurant est ultra-design, la cuisine y est tout simplement fameuse et le patron (très) charismatique. À la carte cet été, de sublimes focaccia, des salades où l’on retrouve les grands classiques de la charcuterie italienne, et toutes sortes de pâtes dont des Conchiglioni gorgonzola pistache.

En terrasse, sur la belle place Saint-Louis, il faut absolument y boire un Spritz qui n’a rien à voir avec celui que le bar Mémé dans les orties propose à Strasbourg. On irait presque à Metz juste pour y manger.

Toujours côté Italie, on retrouve le Cantino (Pudlo en parle aussi très bien) : pas de menu, mais une ardoise : une cuisine simple et des produits frais, que dire d’autre sinon grazie ?

Plus généralistes mais tout aussi sympathiques, le restaurant Derrière sa bonne popotte et sa déco de bric et de broc et le café Ici, un lieu familial à la déco scandinave où l’on mange, entre autres, bagels et pâtés lorrains.

Où est-ce qu’on sort ?

À Metz, les fêtards déplorent les mêmes « problèmes » qu’à Strasbourg : visiblement les lieux manquent pour faire la fête mais les troquets « bonne ambiance » consolent. Surtout, Metz cache une très belle salle de concerts : les Trinitaires, à la programmation aiguisée et à la personnalité forte : c’est un ancien couvent d’abord réservé aux Carmélites puis arrivé aux mains de la Ville.

Un pôle des musiques actuelles a été créé et regroupe désormais les Trinitaires et la BAM (Boîte à Musiques), nouvelle salle de concerts qui fêtera son inauguration en grande pompe les 26,27 et 28 septembre avec une affiche qui détonne et notamment la présence du roi de la transe festive Omar Souleyman, le prince de l’électronique fantastique Woodkid et l’hériter d’Alan Vega : Dirty Beaches.

Mettons-nous un petit tube d’Omar Souleyman pour nous remettre de cette chance inouïe que les Messins ont, de pouvoir profiter de deux salles dédiées aux musiques actuelles… Vous la sentez la jalousie ?

Avant un concert aux Trinitaires et en période d’été, l’on peut profiter juste en face, de la terrasse du café Jeanne d’Arc et de la bonne humeur (ou pas) du patron. Parfaite pour se prélasser au cœur d’une vraie ambiance de village. Après un concert aux Trinitaires, artistes et membres du public se croisent souvent au 7 (7) café où sont organisés des afters. En dehors des concerts, le bar propose régulièrement des DJ sets et sert plancha et tartines.

Autre lieu pour les têtes brûlées du côté des Arrangés du bocal, bar, comme son nom peut éventuellement l’indiquer, qui sert toutes sortes de rhums arrangés. Un conseil : attention aux parfums étranges et aux mélanges…

Et cet été, on y fait quoi à Metz ?

Cet été, on mange beaucoup de mirabelles à Metz. (Photo R☼Wεnα / Flickr / cc)
Cet été, on mange beaucoup de mirabelles à Metz. (Photo R☼Wεnα / Flickr / cc)

Attention peut-être encore à la jalousie : si vous partez à la découverte de la ville, vous avez encore 10 jours pour profiter de Metz Plage, du sable, des activités notamment une bibliothèque à ciel ouvert et de la lutte sur sable (?), des bassins de baignade et le tout sur 22 000 m2. Eux n’ont pas les pédalos (ah, on me signale que si…) et probablement autant de soleil que nous, mais quand même.

Si vous voulez vous lancer à la rencontre des traditions locales, c’est le moment. Durant toute la période de l’été s’organisent toutes sortes d’événements autour de la mirabelle. Des concours du type Top Chef, des conseils culinaires, des animations de rue, des défilés, mais surtout, surtout : l’élection de la reine de la mirabelle 2014 le 17 août et le grand soir de la mirabelle programmé le 30 août.

On y va ?

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