Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

L’humour de Philippe Poutou, la combativité de Cem Yoldas

Lundi 8 décembre, Philippe Poutou est venu à Strasbourg pour soutenir la liste menée par Cem Yoldas aux élections municipales. La gauche révolutionnaire a présenté ses priorités et critiqué tous azimuts les partis, dont LFI.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89 Strasbourg, abonnez-vous.

Cem Yoldas entouré de ses soutiens lundi 8 décembre.

Plus d’une centaine de personnes se sont pressées dans la salle de la Maison des associations de Strasbourg, agrémentée des couleurs de la Palestine et de la Kanaky, lundi 8 décembre vers 19 h. Elles et ils sont venus écouter Philippe Poutou, ancien ouvrier syndicaliste de l’usine Ford de Blanquefort en Gironde et ancien candidat à l’élection présidentielle pour le Nouveau parti capitaliste (NPA). Désormais conseiller municipal à Bordeaux, il est venu soutenir Cem Yoldas, le candidat pour les élections municipales en tête de la liste « Strasbourg c’est nous ».

Lola Romieux, qui est deuxième sur cette liste, a pris la parole la première pour évoquer quelques points du programme, comme les transports gratuits pour tous et toutes, de nouveaux espaces autogérés pour les jeunes sur le modèle du Molodoï ou une taxation renforcée contre les meublés de tourisme, au bénéfice des logements dont les loyers seraient bloqués.

La salle de la Maison des associations s’est avérée trop petite…Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc

Charge contre la majorité

La soirée s’est poursuivie avec une charge de la conseillère municipale Soraya Ouldji contre la municipalité écologiste. Nommée adjointe à la maire en charge de la petite enfance, elle a quitté l’exécutif en juin 2024  :

« J’avais proposé que nous mettions en place des cuisines centrales pour les cantines. On m’a dit que c’était trop radical, qu’on avait déjà demandé aux industriels d’inclure des produits biologiques… J’ai fait connaissance avec une culture de l’affichage. »

Soraya Ouldji estime avoir été victime de « violence politique », notamment après avoir dénoncé l’Affaire Polesi : « l’accès à mes courriels a été supprimé, mon micro a été coupé… Est-ce qu’on accepte que la politique soit pourrie comme ça ? Nous devons dire stop au fatalisme ! »

Philippe Poutou : « au NPA, on est des professionnels de la défaite »Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc

« Les élections, c’est pas notre terrain »

Très attendu, Philippe Poutou s’est ensuite avancé sur le pupitre décoré du logo « Strasbourg c’est nous » sur un fond vert. Une affiche « qui aurait pu être un peu plus rouge », remarque-t-il. Sans notes, Philippe Poutou a improvisé un discours ponctué de petites blagues sur la place d’une liste de gauche révolutionnaire aux élections municipales :

« On est plutôt habitués à manifester, à faire des pancartes, à hisser des drapeaux… Les élections, c’est pas notre terrain. On n’a rien à faire là avec nos gueules qui sont pas toujours terribles… On pense plutôt que ce sont les mobilisations qui peuvent changer les choses. Mais voilà, on vient rappeler qu’on existe dans cet endroit où on n’est pas invités… On ne fait pas peur à grand monde, mais c’est déjà pas mal. »

Philippe Poutou a rappelé avec beaucoup d’humour son expérience à Bordeaux, où il a participé à une liste d’union avec la gauche radicale « Bordeaux en lutte » en 2020 qui a éclaté en 2022 :

« Au NPA, on est des professionnels de la défaite, on se présente à toutes les élections, on est battus et on recommence. Mais en 2020, portés par le mouvement social, on a été élus. Bon je vous préviens, c’est chiant, hein… On finit par discuter de budget comme n’importe quel droitard… pour s’apercevoir qu’il n’y a aucun mot de gauche dedans ! »

Pour autant, Philippe Poutou a plaidé pour une forme d’union avec les autres composantes de gauche :

« Il y a le danger de l’extrême droite tout de même, il faut être vigilant. C’est une menace qui va peser sur nous, les gauchistes, mais aussi sur toutes les personnes précaires, racisées, etc. Donc il faut être radical mais aussi garder le contact avec les autres forces de gauche. On n’a pas les mêmes choses à dire, pas de la même manière, mais il y a des enjeux beaucoup plus grands. Je rappelle que le ministre de l’Intérieur s’est attaqué à un jeu de société parce qu’il a un policier raciste comme personnage ! On peut en sourire mais ils en sont là ! »

Cem Yoldas n’est pas prêt à transiger, même avec LFI.Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc

Pas de cadeaux à LFI

Cem Yoldas a terminé la soirée avec un discours moins drôle mais plus axé sur les enjeux strasbourgeois et notamment la crise du logement, « devenue insoutenable pour de nombreuses familles ». Rappelant à Philippe Poutou qu’à la Jeune garde antifasciste, dont il vient, « il y a la culture de la gagne », Cem Yoldas n’entend pas faire de cadeaux à la liste soutenue par La France insoumise. Il avait déjà critiqué sur les réseaux sociaux la proposition de Florian Kobryn de rendre payant l’accès au marché de Noël. À la fin de son discours, il l’a accusé d’être prêt à conclure un accord de second tour avec Jeanne Barseghian :

« Florian Kobryn, c’est un deuxième bulletin Barseghian ! Les 120 pages du programme des Insoumis, elles seront mises à la poubelle dès le 22 mars. Avec nous, pas d’union au second tour sans autocritique de la maire sur son boycott de Médine, sur l’affaire Polesi ou encore sur son inaction face à la situation des enfants à la rue ! »

Cem Yoldas a détaillé ses positions pour que Strasbourg soit une « ville refuge » en terme de sécurité : transformer la police municipale en police de proximité « qui n’hésitera pas à jouer au football avec les jeunes plutôt que les arrêter ». Il a proposé que la Ville de Strasbourg se porte « partie civile à chaque affaire de violences policières. » Quant à l’international, Cem Yoldas a promu la fin du jumelage de Strasbourg avec la ville israélienne de Ramat Gan.


#Élections municipales 2026

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles
Partager
Plus d'options
Quitter la version mobile