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Après 48 heures de garde à vue, le meneur des « citoyens en colère » risque cinq ans de prison

Mike Messager, l’un des organisateurs des manifestations siglées « citoyens en colère », notamment contre la loi de « sécurité globale », a été arrêté vendredi soir, avant la manifestation de samedi.

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Après 48 heures de garde à vue, le meneur des « citoyens en colère » risque cinq ans de prison

Mike Messager se savait « surveillé par les policiers ». Mais pourquoi ? Organisateur depuis novembre d’une bonne partie des manifestations contre le projet de loi de « sécurité globale », il a été arrêté par la police nationale vendredi 19 février vers 19h, place du Temple-Neuf à Strasbourg alors qu’il accueillait des participants à la manifestation qu’il organisait le lendemain.

Cuisinier sans emploi de 26 ans, il a été accusé de provocation à la violence contre personnes dépositaires de l’autorité publique et de provocation à la violence contre les institutions européennes. Mike Messager a été placé en garde à vue pendant près de 48 heures. Il n’est ressorti de l’Hôtel de police que dimanche 21 février, vers 17 heures.

Mike Messager lors d’une manifestation contre la loi de « sécurité globale » Photo : doc remis

« Les motifs de l’arrestation, les policiers s’en foutaient »

Les policiers, agissant dans le cadre d’une enquête préliminaire, ne se sont pas étendus sur les griefs reprochés à Mike Messager mais il semble que ses publications sur les réseaux sociaux, sur fond d’incendies et de manifestants violents pourraient lui être reprochées. Le militant détaille :

« J’ai demandé aux policiers pourquoi ils m’arrêtaient, ils ne m’ont pas vraiment répondu. Ils sont restés silencieux sur les motifs mais je voyais bien qu’ils jubilaient. En fait, les motifs, ils s’en foutaient. L’objectif était de m’arrêter pour réduire la participation à la manifestation et ça a très bien fonctionné, puisque beaucoup de personnes n’ont pas défilé. »

Contactée, la police nationale a renvoyé vers la préfecture, qui a renvoyé vers le Parquet, qui a refusé de répondre à nos questions, dans un ballet des pouvoirs publics désormais bien rôdé. On ne saura donc pas quelle est l’institution à l’origine de la procédure contre Mike Messager, lequel est néanmoins renvoyé devant le tribunal correctionnel le 10 mai.

« On veut juste pouvoir vivre décemment »

Pour Mike Messager, cette interpellation vient souligner ce qu’il contribue à dénoncer semaine après semaine dans les manifestations auxquelles il participe ou qu’il organise :

« On voit bien comment s’active la répression, alors qu’on ne demande pas grand chose, juste de pouvoir vivre décemment. Si je me suis engagé dans ces protestations, c’est parce que je vois ma famille galérer pour nourrir les enfants à partir de la moitié du mois. On n’en peut plus de ces restrictions, on crève ! C’est ça qui me donne la hargne. »

Est-ce cette hargne qui a fini par faire peur aux autorités ? Parmi les rangs de ces manifestations, les groupes antifascistes et anarchistes ont été nombreux et remarqués. Leur présence et leur existence est connue pour hérisser les autorités, promptes à voir une menace existentielle sous chaque capuche noire. L’intensité est d’ailleurs montée d’un cran avec la découverte samedi d’un engin incendiaire à proximité du trajet de la manifestation selon les Dernières nouvelles d’Alsace.

Ciblé comme anarchiste, poursuivi comme récidiviste

Selon Mike Messager, les policiers seraient prêts à lui incomber la responsabilité de l’engin incendiaire. Il admet qu’il va devoir se mettre en retrait. Sous le coup d’une procédure qui peut lui coûter jusqu’à 5 ans de prison et 45 000€ d’amende, il avoue :

« J’ai déjà payé très cher une accusation à laquelle j’étais étranger, donc les injustices, j’ai déjà donné. Je n’ai pas le choix et j’ai aussi un peu peur, je vais devoir arrêter de mobiliser contre les lois liberticides du gouvernement. D’autres vont devoir prendre le relais. »

En 2018, Mike Messager a été accusé de participer à un « home jacking ». Incarcéré en détention provisoire, il a été relaxé en appel sur les faits d’extorsion mais condamné sur des violences afin de couvrir la durée de sa détention provisoire. Cette condamnation antérieure risque de lui faire payer cher son engagement militant d’aujourd’hui.


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