
Dans le cadre de l’extension du Palais de la musique et des congrès, des arbres centenaires ont été abattus lundi. Problème, une colonie de près de 500 chauve-souris nichait dans l’un d’entre eux. Les chiroptères, dérangés en pleine hibernation, ont été recueillis par la Ligue pour la protection des oiseaux, mais une vingtaine d’individus de cette espèce rare et protégée a péri.
Oups. Les tronçonneuses des services de la Ville n’ont pas fait dans le détail lundi quand il a fallu abattre sept arbres centenaires près du Palais de la musique et des congrès, des platanes qui ont connu l’annexion allemande. Malheureusement, ces arbres à troncs creux servent d’habitat pour une espèce rare et protégée de chauve-souris, la Nictalus Noctula, appelée Noctule commune.
Alertés par des cris stridents, trois lycéens ont découvert des chauve-souris paniquées dans les amas de troncs et de branchages laissés par les services de la Ville. Ils alertent alors la Ligue de protection des oiseaux (LPO) ainsi qu’Alsace Nature. Ces derniers mettent en place un sauvetage aussi rapide que possible mais le mal est fait : 26 mammifères ont péri, soit sous les roues des voitures, soit à cause du froid et une trentaine est blessées. Mais la surprise provient de la taille de la colonie : la LPO a terminé le comptage hier, résultat 488 chauve-souris ! Une présence exceptionnelle, du jamais vu en Alsace où les colonies dépassent rarement 50 à 60 individus.
Gardées au chaud pour l’hiver
Cathy Zell, de la Ligue pour la protection des oiseaux, précise l’intervention :
« On va garder la plupart des chauve-souris pour l’hiver. Une partie est en bonne santé et certaines pourront même être relâchées, car elles ont un poids qui leur permettra de résister aux rigueurs de l’hiver. Pour les autres, il faudra les nourrir manuellement car le processus d’hibernation a été interrompu et puise sur leurs réserves. Elles devraient pouvoir retrouver une vie sauvage au printemps. »
La Ligue va se rapprocher des services de la Ville, pour savoir si une partie du coût lié à l’accueil de ces chiroptères peut être pris en charge. L’association n’a pas encore chiffré le montant de cette opération, mais environ 400 chauve-souris à nourrir pendant deux mois va peser lourdement sur les finances.
Aurait-on pu éviter cette triste affaire ? Selon le Gepma (groupe d’étude et de protection des mammifères) et Alsace Nature, l’étude d’impact qui a accompagné l’enquête publique précédant le chantier de réaménagement du Palais de la musique et des congrès n’a pas été très précise sur cette question. Alsace Nature avait même alerté le commissaire enquêteur sur cette question dans un courrier du 26 juillet. L’association pour la défense de la rue du Tivoli avait également alerté les services de la Ville de la présence des chauve-souris, dans un courrier daté du 6 juillet.
Raté de communication
Mais soit les courriers se sont perdus, soit l’information n’a pas circulé dans les services de la Ville, puisque cette dernière a indiqué dans un communiqué que « l’étude approfondie [n’avait] pas révélé la présence de chauve-souris dans les arbres en question ». Le cabinet Oréade-Brèche ne pourra donc pas ajouter cette étude dans ses références car selon Bruno Ulrich, vice-président du Gepma :
« Repérer une colonie de chauve-souris dans un tronc d’arbre n’est certes pas aisé, il faut chercher une cavité, qui peut être cachée selon le branchage. Mais avec des écoutes d’ultra-sons, c’est à la portée de tout le monde. Sinon, il faut capturer un specimen, et regarder où il va mais cette techniques n’est accessible que par dérogation, vu qu’il s’agit d’une espèce protégée. »
L’étude d’impact indique que la présence de chauve-souris était possibles, due à la présence des vieux platanes mais n’en a recensé aucun cas. Pourtant, la présence de chauve-souris dans les environs était au moins attestée par les habitants du quartier. Fabienne Keller, conseillère municipale UMP et candidate à la mairie en 2014 a saisi l’occasion et a demandé dans un courrier à Roland Ries, maire de Strasbourg, de bien vouloir détailler les ratés de cette concertation.
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : voir l’étude d’impact de Oréade Brèche (PDF).
Voir le reportage de StrasTV
- L’étude d’impact environnemental menée par Oréade-Brèche portait sur l’ensemble du périmètre du projet dont les six arbres prévus à l’abattage ;
- Contrairement à ce qui a pu être écrit dans certains articles, la phase d’analyse du site a entre autres inclus une recherche d’indices de présence de différents taxons dont les chiroptères et les coléoptères protégés et une analyse minutieuse par observation directe de toutes les cavités des 6 arbres concernés par le projet d’aménagement ;
- La phase d’analyse du site n’a décelé aucun individu, ni aucun indice de présence de chiroptères ou de coléoptères protégés dans les six arbres analysés ;
- Les six arbres abattus préalablement analysés par Oréade-Brèche n’ont révélé aucune présence de chiroptères, ce qui a confirmé les observations faites avant les travaux d’abattage et la pertinence des conclusions formulées au regard de la potentialité pour ces arbres de constituer un gîte pour les chiroptères.
L’arbre dont l’abattage a révélé la présence d’une colonie de 488 noctules communes n’était pas inclus dans le projet d’aménagement et n’a donc naturellement fait l’objet d’aucune investigation de détail de la part de la société Oréade-Brèche.
Au regard de la nature des propos qui ont été tenus, la société Oréade-Brèche regrette la diffusion d’allégations mettant en doute le sérieux de l’entreprise, sans pour autant que leurs auteurs aient pris la précaution de vérifier l’ensemble des faits.
Au-delà de la polémique en cours, et face au constat généralement partagé, de réduction progressive des habitats naturels remarquables ou ordinaires importants pour la biodiversité en milieux urbain, péri-urbain et le long des réseaux routiers, la société Oréade-Brèche souligne qu’elle soutient et contribue aux initiatives en cours, visant à établir des protocoles normalisés d’expertise écologique dans le cadre de la mise en œuvre des projets d’aménagement du territoire.
en effet au vu de l'écologie même des chiroptères et de pas mal d'autres taxons également, cette période est l'une des moins favorable.. Malgré vos inventaires qui, je le pense, devaient être suffisants, aucun risque n'aurait été pris si vous aviez préconnisé une intervention à l'automne (octobre-novembre)
Mais dans ce cas personne ne se fait grassement payer pour faire mine de dénombrer les variétés de graminées sur une pelouse artificielle, et certifie que les travaux n'auront pas de conséquence environnementale.
On sait aussi que la belle loi de 1976 ne s'est pas appliquée tout de suite... ok
Cela étant, les agglos comme Strasbourg sont confrontées à un difficile équilibre : d'un côté, le Grenelle exige l'économie dans la consommation foncière. Eviter de manger les espaces ruraux et naturels ... De l'autre, les agglos se reconstruisent donc sur elles-mêmes : on densifie et forcément, on s'aperçoit que la biodiversité en ville, ca existe aussi. Et les sols pollués aussi d'ailleurs.
Qui arbitre entre les deux ? On ne sait pas arbitrer les choix environnementaux quand ils sont contradictoires.
En tout cas, en France on n'y arrive pas. Sinon, le hamster et l'ours des pyrénées auraient des journées un plus calmes ...
Des politiques contradictoires ?
Exemple : la pollution de l'air et des sols (passé industriel) invite à aller construire ailleurs qu'à Strasbourg ou à dévier les flux de transport en transit. Donc en "campagne". Mais, dites moi, il faut éviter de construire en milieux naturels et agricoles péri-urbains et une infra de transport (ex. GCO) ca crée aussi de vrais dommages à la nature. Donc il faut s'installer en ville. Mais il faut protéger la nature quand même en ville ... donc on va nulle part ?
Bon, ok, je caricature un peu. Mais on sait bien que chacun voyant midi à sa fenêtre, les uns entrent en conflit sur les espèces, les autres sur leur cadre de vie, d'autres encore sur leurs responsabilités de donner au public les équipements qu'il est en droit d'attendre, les autres encore sur leurs champs, les autres encore sur leur liberté d'entreprendre, et pour finir, on construit des tours un peu plus hautes si tant est que les riverains ne crient pas au sabotage de leur cadre de vie, comme au Tivoli ; Non, c'est pas çà ?
Et sur le ton du conflit multiple, la décision est paralysée et il y aura toujours des mécontents.
On arrive au constat que les exigences des politiques environnementales sont, prises ensemble, des injonctions paradoxales. Avouez ou faites le dire à un psychiâtre: le genre de chose qui rend fou, non ?
Ou alors la loi établit les critères de priorisation et comme çà, on ne sort plus le canon; Renvoyez alors la question au Parlement. Merci.
D'ailleurs, à leur décharge, c'est bien une politique de la Strasbourg et communauté que d'inciter à une place plus grande de la nature.
Je crois qu'il faut partager en amont avec associations, aménageurs publics et privés, non par pour tout empêcher, car le risque est de cristalliser par des conflits toute décision, mais pour trouver une meilleure solution qui ne sera jamais idéale, mais qui en tout cas assure un bon bilan pour la nature, voire une plus-value.
Les bureaux d'études doivent se débrouiller dans ce contexte et c'est inutile de leur jeter la pierre. Les vrais mauvais bureaux, doit plus y en avoir beaucoup en Alsace car le contexte réglementaire n'a fait que lever le niveau d'exigences en la matière.
On demande aux aménageurs de produire leurs propres études. Donc les bureaux d'études ont leur place et qu'on arrête de dire que parce qu'un bureau d'études est une entreprise, elle est forcément suspecte !
Doit on rappeler que l'Etat lui-même ne fait pas d'expertise en régie?
Donc ça suffit : Oreade n'est probablement pas en cause.
Cherchons à comprendre ce qui s'est passé et la manière de l'éviter avec un processus raisonnable.
Je vois deux enjeux :
- normer les méthodes à mettre en oeuvre pour les diagnostics, comme cela plus de discussion inutile ; par texte réglementaire ou par discussion/consensus sur les exigences de tout diagnostic, sorte de modus operandi concerté ;
- inviter ceux qui possèdent des données environnementales à mieux les faire connaître.
Il y a donc quelque chose de vraiment positif à construire. C'est un travail de fond, pas seulement de concertation projet par projet : parler la même langue en matière d'exigence de diagnostic.
Quelqu'un y croit ou tout le monde est preneur d'une guerre totale à chaque projet, qu'il soit mené par des élus de droite ou de gauche ???
Elle avait été signalée...les courriers auraient été perdus..
On n'accable pas Oréade en particulier il est clair que les cabinets d'études se valent et ne servent vraiment pas à grand chose. Pourtant elles se font grassement payer...pour un résultat nul. S'il n'y a pas de protocole on se demande pourquoi.
En forêt on fait ce qu'on peut mais les arbres dortoirs ne sont pas si nombreux et je connais des bûcherons qui épargnent un arbre marqué quand ils repèrent un indice d'occupation...pic ou autre.
Les abattages n'ont pas de couleur politique c'est vrai mais à Strasbourg c'est devenu une psychose;;;un bon arbre est un arbre abattu ou un arbre malingre.
Pour le reste j'adhère, les aides seront les bienvenues pour essayer de sauver les quelques rescapés mais je crains que malgré beaucoup de bonne volonté le mal est fait.
je pense donc que vous parler des bureaux d'études (masculin si je ne m'abuse) et ce stéréotype basé très probablement sur le salaire d'un BE de base est très sympathique mais il ne s'agit en aucun cas d'un BE environnement.
Ceci dit j'aimerais bien rouler en porsche, mais malgré mes nuits et le nombre de mes heures j'y suis pas encore.
Travailler l'environnement et l'écologie n'a jamais rapporté de sous. Maintenant c'est vrai qu'au vu des politiques actuelles et des indécis, on ne sert pas à grand chose : mais à qui la faute ?
Vous avez entendu la collectivité ? Jusque là, non. On entend tout le monde sauf elle.
La noctule est migratrice : qui est bien malin de l'avoir vue en vol en été ? Après deux pastis, peut être ... et encore, peut être même qu'elle chantait une ritournelle d'Europe de l'Est, non ?
Et puis on accable Oreade Breche. Qui peut parler de son travail ? Le GEPMA ne gagnerait il pas à organiser des échanges scientifiques pour construire des procotoles sur des méthodes éprouvées, avec les aménageurs et les bureaux d'études.
Là c'est plutôt de la polémique.
Les histoires d'abattage concernent toutes les collectivités, de droite, comme de gauche, y compris les petites sans étiquette au conseil municipal.
Alors soit on met en cause tous les bureaux d'études et toutes les collectivités, soit on se tait.
Quant aux abattages privés, aux coupes forestières, y compris en forêt domaniale, ça compte ou ça ne compte pas ? Qui vérifie quand on les fait ? Si une étude a été menée ?
On parle, on parle, on récupère.
D'un seul coup, tout le monde connait tout sur tout. Mais savez vous qu'il n'existe en France aucun protocole standard validé par les autorités environnementales pour diagnostiquer la présence des espèces protégées. Il en existe bien sur la qualité de l'eau, des bétons, sur les analyses de laboratoire pour animaux, végétaux, etc.
Cela étant, voilà que vient d'être découverte l'une des plus belles colonies de chauves-souris en France, d'une espèce plutôt pas très bien connue.
Gageons qu'on arrive à s'intéresser à elle, je suis sûr que les soigneurs d'icelle aurait bien besoin d'un coup de main. Des volontaires ?
On lui souhaite de survivre et de voir quelques personnes remonter leurs manches pour filer un coup de main aux soigneurs ?
Chiche !
J’ai assisté impuissant à l’abattage d’un Séquoia plus que centenaire au motif qu’il était manifestement vermoulu et dangereux pour les tiers en cas de tempête. Les photos réalisées sur place après l’abattage montraient un arbre parfaitement sain sur toute la hauteur de ses 21 mètres…(5 mm. de l’aubier avaient été investis sous l’écorce par les xylophages) . Opération financière pour l'entreprise chargée de l’expertise et/ou stupidité foncière des gestionnaires du site. Entreprise de séduction envers les phobiques de tout poil… ?
Selon HanszuT, il n’existe en France aucun protocole standard validé par les autorités environnementales pour diagnostiquer la présence des espèces protégées. En plus de la clairvoyance heureuse des forestiers-naturalistes, on serait en droit d’attendre des grandes associations nationales de protection une politique claire et concertée pour que les autorités environnementales se dotent au plus tôt de ce type de protocole et puissent se saisir des alertes qui leur parviendraient.
Et o limite les risques en diminuant la ramure.
Le problème n'est pas de maintenir un arbre creux au détriment de la sécurité. Creux, ces platanes n'étaient pas dépérissants et peu dangereux.
Mais le problème n'est pas si on devait ou non enlever ces arbres pour agrandir le PMC. En ce moment on enlève beaucoup de grands arbres dans la CUS.
Pour les arbres dont il est question ces jours ci, l'étude d'impact aurait pu être menée plus sérieusement, la destruction de cette colonie de chauves souris est triste. Il faudra attendre le printemps pour relâcher ces animaux et la plupart ne survivront pas à cet épisode.
Ceux qui avaient l'idée de les relâcher en plein hiver sont des inconscients, des incompétents.
Un peu moins de branlette chez ces gens qui agissent et qui restent courtois !
Je leur souhaite beaucoup de courage !
Elle est bien belle la page de la commune sur les arbres mais les chiffres qui comparent Nantes, Lyon, Paris etc... sont tout simplement ri-di-cules !
Pourquoi comparer avec des villes encore pire d'un point de vue qualité de vie ?
Pourquoi se targuer d'être bon élève parmi les cancres ?
Alors certes c'est probablement pas si simple de gérer les arbres, sans parler de détecter ce genre de chose. Mais ça fait mal de voir qu'on coupe pour agrandir une merde.
Au détriment de la faune déjà bien malmenée.
Je ne trouve pas qu'il y ait de quoi être satisfait, je vis ici et je trouve que cela se dégrade. Comme quoi, il reste encore à faire !
C'est bien de dénombrer des arbres, mais ça veut dire quoi ?
La volonté est là ? Alors tant mieux mais cette affaire n'est pas probante.
Et qui parle des quelques 400 (400 !!!!) chauve-souris qu'il faut maintenir et nourrir dans de bonnes conditions. Qui s'occupe de ça ?
Est ce que la ville de Strasbourg ou la CUS a de quoi s'assurer que cette colonie pourra se réimplanter ?
Ca, si c'était pour maintenir des cigognes ou des animaux sauvages en captivité, y'en aurait du pognon et des bras !!!
Moi j'attends de voir pour juger et pour le moment je trouve cela de plus en plus désolant.
Vous voulez rire j'espère ?
Un arbre creux présente des risques énormes vis à vis de la sécurité.
Je doute qu'une personne se retrouvant sous un platane qui aura malheureusement chu pensera au bien fondé du maintien des arbres en mauvais état !
Maintenant le plus sage serait de garder dans les meilleures conditions possibles les survivantes... et désormais éviter de détruire systématiquement les vieux arbres creux de Strasbourg; ceux qui bordent l'hôpital civil sont en sursis.
Il serait temps que les écologistes élus de Strasbourg montrent qu'ils ont une utilité.
Car dans ce cas, lors de votre passage aux urnes rappelez vous également qui a tenté de faire passer de force le GCO ....
J'espère que la commune va prendre en charge ses bourdes, la LPO a déjà bien assez de boulot comme ça !
Vous trouverez un certain nombre de renseignements sur les arbres ici, sur le site de la Ville.
http://www.strasbourg.eu/environnement-qualite-de-vie/biodiversite-en-ville/espaces-nature/arbres/patrimoine-arbore-strasbourg-cus/arbres-strasbourg-cus
Cependant, diagnostiquer chaque arbre à l'aide d'ultrasons est certes très efficace, au même titre que d'autres techniques, mais c'est surtout financièrement très important, et vu la quantité d'espaces verts ou boisés sur la CUS, ce n'est pas possible d'être minutieux à ce point. La sécurité des biens et des personnes doit être assurée et est la priorité première.
D'une autre part je m'amuse de voir madame Keller s'interroger sur la procédure de diagnostic de ces arbres et de s'inquiéter de ces chauves souris, et en parallèle faire l'éloge du GCO ...