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Rions un peu avec l’Ifop et son sondage sur la « renaissance de l’Alsace »

Quatre organismes ont commandé à l’Ifop un sondage sur l’avenir institutionnel de l’Alsace. Résultat : 83% des sondés sont favorables à une « renaissance de l’Alsace, » rien de moins.

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L'écomusée de l'Alsace éternelle ! (Photo Visual Hunt / cc)

Le club Perspectives alsaciennes, l’Initiative citoyenne alsacienne (ICA), Culture et bilinguisme ainsi qu’Alsace région d’Europe ont commandé à l’Ifop un sondage sur l’Alsace et sa place dans la Région Grand Est depuis la réforme territoriale. Et attention, roulement de tambours, selon ce sondage qui a interrogé 1 002 personnes par téléphone entre le 10 et le 12 février, « 83% des Alsaciens sont favorables à ce que l’Alsace renaisse et retrouve un statut de collectivité territoriale. »

Trumpisation du débat régional

Bingo ! Et ça ne gêne pas l’Ifop de poser la question de la « renaissance de l’Alsace » aux personnes sondées, comme si elle avait disparu sous nos pieds. Il faut dire que les mêmes personnes avaient été bien préparées par une question précédente, qui leur demandait « leur sentiment face à la disparition de la Région Alsace. » Alors comme ça l’Alsace disparaît et personne ne nous prévient ?

Magie ? Sciences occultes ? À cette question, les sondés avaient le choix entre « incompréhension » (34%), « colère » (29%), « indifférence » (25%) et même « satisfaction » (8% quand même). La réponse « euh attendez l’Alsace n’a pas disparu hein » n’a pas été proposée par l’Ifop…

Le sondage reprend « vous savez que l’Alsace a été intégrée dans la région Grand Est » et pose une question cruciale : est-ce une bonne ou une mauvaise chose pour l’Alsace ? Pour les sondés, c’est évidemment une « mauvaise chose » à 55%, tandis que 33% pensent que ça ne change rien et seuls 10% pensent qu’il s’agit d’une « bonne chose. » Une chose est sûre, on ne saura pas ce que recouvrent les vocables « bonne » ou « mauvaise chose… » mais on se doute qu’il faut se préparer à entendre « make Alsace great again. »

Terminés les départements alsaciens

Puis le sondage pose la question de l’existence d’une collectivité territoriale pour l’Alsace, 83% des sondés y sont favorables, une proportion qui grimpe jusqu’à 89% dans les communes rurales selon les ventilations de l’Ifop. Assez logiquement, les sondés pensent qu’il est nécessaire que l’Alsace sorte du Grand Est à 67%.

Le sondage va même plus loin, puisqu’il acte cette sortie pour demander ensuite ce qu’il devrait advenir des deux départements alsaciens. Pour 74% des sondés, les deux départements doivent fusionner dans la nouvelle collectivité, avec même des scores similaires pour les sondés du Haut-Rhin ou du Bas-Rhin.

Cette nouvelle collectivité alsacienne devrait en outre disposer du développement économique (pour 95% des sondés), de la formation professionnelle (92%), des transports (88%), de la coopération avec les régions voisines suisses et allemandes (87%), de l’enseignement (87%) et de l’audiovisuel régional (74%).

Puis les clubs de réflexion alsaciens envoient un autre message en posant assez directement la question : « Si vos attentes concernant la création d’une nouvelle collectivité “Alsace” ne sont pas prises en compte, cela influera-t-il votre vote lors des prochaines élections ? » Il y a quand même 41% pour répondre « non » et 56% préviennent que « oui » (tout à fait, 25%, plutôt, 31%). Est-ce que le message est bien reçu ?

Notons que sur 1 002 sondés, les enquêteurs de l’Ifop ont trouvé plus de 40 électeurs de Benoît Hamon (5,06% en Alsace en avril), mais pas de Nicolas Dupont-Aignan (6,77%).

Mais on n’a pas fini de rire avec ce sondage, qui ne craint pas de poser une autre question qui pourrait fâcher : « un référendum sur la sortie du Grand Est et l’organisation d’une nouvelle Région Alsace ? » En 2013, il avait déjà été question d’un référendum sur un conseil unique d’Alsace et les Alsaciens s’étaient assez peu mobilisé tandis que les Haut-Rhinois avaient assez nettement répondu « non ». Mais là, les sondés répondent « oui » à 82% ! Il faut dire qu’à l’époque, personne ne savait que le statu-quo précéderait un mariage à reculons avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne.


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