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La société Streeteo en place jusqu’en 2024, malgré les nombreuses plaintes d’usagers

Depuis janvier 2018, la société privée Streeteo gère le stationnement à Strasbourg. Amendes injustifiées, difficultés à joindre la société, à se faire rembourser… Les plaintes se multiplient depuis maintenant 4 ans, mais la municipalité n’a pas prévu de mettre fin à la délégation de service public. Le contrat se termine fin 2024.

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La société Streeteo en place jusqu’en 2024, malgré les nombreuses plaintes d’usagers

Difficultés pour remplir un RAPO (Recours Administratif Préalable Obligatoire), pour se faire rembourser, ou pour joindre Streeteo… De nombreux usagers continuent de critiquer les dysfonctionnements de la société en charge du stationnement à Strasbourg, et manifestent leur mécontentement régulièrement. Rue89 Strasbourg reçoit notamment de nombreuses plaintes à ce sujet. Les Strasbourgeois attendent une réponse concrète de la Ville. Pierre Ozenne, adjoint à la maire de Strasbourg en charge des voiries, espaces publics partagés, foire et marchés, répond à nos questions.

Pierre Ozenne, à droite, adjoint en charge des voiries, espaces publics, foires et marchés, s’occupe du dossier Streeteo. Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Rue89 Strasbourg : Pouvez-vous nous rappeler dans quel contexte a été mis en place la délégation de service public (DSP) ?

Pierre Ozenne : Depuis janvier 2018, le contrôle du stationnement en voirie à Strasbourg est confié à une société privée, Streeteo, filiale d’Indigo. Cela avait été mis en place sous l’ancienne municipalité, avec Anne-Pernelle Richardot, conseillère municipale (PS) du groupe « Faire ensemble Strasbourg », qui était en charge du dossier. Streeteo avait remporté le marché pour la DSP. Le contrat se termine fin 2024. 

La DSP a-t-elle permis à la Ville de Strasbourg d’économiser de l’argent ?

P. O. : Le nombre de contrôles réalisés dans les zones payantes a fortement augmenté. On ne peut pas parler en termes d’économies. Ce que je peux dire, c’est que les objectifs ont été atteints. Le paiement des forfaits de post-stationnement (FPS) rapportent à la municipalité – hors Covid – 1 million d’euros par mois, dont 165 000 euros payés par les résidents et le reste par les non résidents.

La municipalité reçoit-elle de nombreuses plaintes concernant Streeteo ?

P. O. : Le nombre de contrôles a augmenté. En 2018, avant la délégation de service public, 164 000 contraventions étaient dressées annuellement par les agents de Surveillance de la Voie Publique (ASVP). En 2019, le nombre de contrôles sur la voirie était de plus de 2,6 millions. Ce nombre a augmenté donc, proportionnellement, le nombre de doléances aussi. Mais les plaintes ne sont pas toujours justifiées. Il y a aussi des gens qui rechignent à payer une amende alors qu’ils étaient en tort. En revanche, quand les utilisateurs font des réclamations, je vous assure qu’ils obtiennent gain de cause. Avant la délégation de service public, sur les 164 000 contraventions dressées annuellement par les ASVP, environ 6 000 étaient contestées, soit un ratio d’environ 3,5%. En 2019, sur les 2,6 millions de contrôles sur la voirie, il y a eu environ 243 000 FPS dressés, dont 8 900 ont été contestés, soit sensiblement le même ratio (3,6%). On peut donc voir que même si le nombre de contrôles a augmenté, le ratio de contestation est plus ou moins le même. 

Comprenez-vous la colère des gens vis-à-vis de Streeteo ? 

P. O. : Je comprends très bien que lorsqu’on reçoit une amende, on ne saute pas de joie. Mais nous travaillons avec Streeteo pour faire des améliorations. Un exemple concret : certaines amendes étaient injustifiées à cause d’erreurs lors de la saisie de la plaque d’immatriculation sur l’horodateur. Par exemple, les gens rentraient la lettre O au lieu de zéro, ou alors inversaient des lettres dans leur plaque. Nous avons résolu ces problèmes avec Streeteo. Mais je peux comprendre que ce soit agaçant. 

Depuis 2018, les contrôles des véhicules en stationnement ont été confiés à Streeteo, une filiale de l’entreprise Indigo (photo Archives / Rue89 Strasbourg / cc).

Un coût de 11 millions d’euros en cas de rupture du contrat avec Streeteo

La municipalité compte-elle prolonger la délégation de service public ? 

P. O. : Il est trop tôt pour dire si nous allons prolonger le contrat de Streeteo ou adopter une nouvelle stratégie. Nous organisons une concertation à l’automne pour réfléchir à la place du stationnement dans l’espace public. En parallèle, la Ville est en train d’expérimenter le Plan piéton, voté le 21 mai dernier en conseil municipal. L’objectif est de permettre à tous les résidents de se déplacer à pied ou à vélo pour se rendre à leur travail, accéder aux commerces et aux loisirs. Il s’agira donc de réfléchir à nos modes de déplacement dans la ville et à la place de la voiture dans celle-ci.

Combien cela coûterait à la municipalité, si le contrat avec Streeteo était rompu ? 

P. O. : Il ne s’agit pas d’interrompre le contrat avant la fin, puisque cela coûterait onze millions d’euros aux contribuables, puis une perte chaque mois d’1 million d’euros pour la municipalité. Ces chiffres s’expliquent par le fait que c’est la société Streeteo qui a investi de l’argent pour installer les horodateurs et les logiciels de traitement. Il faudrait donc rembourser cette somme. La perte d’1 million d’euros par mois correspond aux recettes engrangées par la municipalité. De plus, il faudrait embaucher des employés pour s’occuper du stationnement, ce qui représenterait un coût supplémentaire.

Des lecteurs nous alertent sur les problèmes qu’ils rencontrent pour obtenir un remboursement, que leur répondez-vous ?

P. O. : Je reconnais que la municipalité n’a pas la main là-dessus. Je sais que la commission du contentieux du stationnement payant à Limoges est débordée, et que les délais de recours sont très longs. Nous ne pouvons malheureusement pas faire grand chose. 

D’autres se plaignent de la difficulté à joindre Streeteo, que comptez-vous faire ?

P. O. : Il existe une agence Indigo dans le souterrain du parking Kléber, où les personnes peuvent se rendre si elles ont des réclamations. Nous avons fait en sorte que la localisation soit plus visible, car l’agence n’était pas facile à trouver. Il faut savoir qu’il est possible de payer les amendes sur les horodateurs, même si il y a quelques problèmes techniques parfois, et qu’il y a une marge de progression, j’en conviens. Il y a encore des dysfonctionnements à régler avec le logiciel mais nous y travaillons avec Streeteo.


#Streeteo

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