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Strasbourg justifie les radiations des listes électorales et blâme de « mauvaises habitudes »

L’affaire des radiés des listes électorales à Strasbourg prend un tour politique, avec des prises de positions d’élus ou de candidats aux législatives. La question a aussi été soulevée lundi soir au conseil municipal. La municipalité se retranche derrière son devoir de tenir des listes à jour et blâme de « mauvaises habitudes » prises à Strasbourg.

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Au tribunal d'instance, la permanence a rapidement été débordée (doc remis / AH)

Ce dimanche lors du premier tour de l’élection présidentielle, plusieurs milliers de Strasbourgeois ont appris au bureau de vote qu’ils avaient été radiés des listes électorales. Se sentant privés de leur droit de citoyen, plusieurs ont saisi le tribunal d’instance. Ils sont aussi allés se plaindre auprès d’élus, comme le député de la première circonscription, Éric Elkouby (PS). Ce dernier a publié lundi un communiqué aux termes peu amènes pour la municipalité dont voici un extrait :

« Aucune radiation d’office ne peut intervenir si l’électeur concerné n’a pas été avisé de la mesure qui va être prise à son encontre. Il importe, en effet, d’offrir à ce dernier la possibilité de formuler d’éventuelles observations. L’article 23 du Code électoral vient confirmer cette disposition qui, en tout état de cause, n’a pas été mise en œuvre à Strasbourg pour des raisons que j’ignore. En effet, de nombreuses personnes résidant à Strasbourg, y payant leurs impôts, ayant déménagé il y a 15 ou 20 ans ont été radiées sans que les Services municipaux n’aient auparavant vérifié leur situation. »

En conseil municipal lundi soir, Elsa Schalck, candidate LR dans la même circonscription, a soulevé ce dossier lors d’une question d’actualité, évoquant également un défaut d’information des administrés par la Ville.

« Au citoyen d’informer de son changement d’adresse »

Si Éric Schultz, adjoint au maire en charge de la population, comprend la radicalité de la situation, il appelle les électeurs à assumer leur part de responsabilité :

« C’est au citoyen d’informer la mairie de son changement d’adresse, comme il le fait auprès de la Sécurité sociale ou pour sa carte grise. Aller voter depuis 10 ou parfois 15 ans dans le même bureau de vote après avoir déménagé est une mauvaise habitude et cela aurait dû être signalé aux élections précédentes. »

Depuis 2014, la mairie essaie de remettre les listes électorales à jour, ce qui n’avait pas été fait depuis une dizaine d’années, plus de 35 000 cartes d’électeurs revenaient avec la mention « n’habite pas à l’adresse indiquée, » un chiffre important sur une ville de 270 000 habitants. Ces révisions de listes sont censées avoir lieu tous les ans, la municipalité de Strasbourg paye donc une certaine incurie durant ces dernières années.

Au tribunal d'instance, la permanence a rapidement été débordée (doc remis / AH)
Au tribunal d’instance, la permanence a rapidement été débordée (doc remis / AH)

Une rapide campagne de communication

En 2016, les services de la mairie ont croisé leurs fichiers avec ceux de la Poste pour retrouver des changements d’adresses qui avaient pu être effectuées ces cinq dernières années, les services ont remis la main sur plus de 10 000 électeurs dont les cartes avaient été retournées. Cependant, toujours près de 18 000 personnes manquaient à l’appel. Après une nouvelle tentative d’envois postaux, il manquait toujours plus de 16 000 électeurs au 31 mars 2017, qui ont finalement été radiés.

En juin, la Ville a mis en ligne un outil, pour que chaque citoyen puisse vérifier s’il figurait bien sur les listes électorales ou s’il avait été radié. Cet outil s’est accompagné d’une rapide campagne de communication, bien trop légère et trop institutionnelle selon les critiques de l’opposition.

Car dimanche, entre 1 500 et 2 000 personnes ont eu la surprise d’apprendre, au moment de voter, qu’ils avaient été radiés des listes électorales. Environ 250 ont saisi dans la journée le tribunal d’instance pour demander un recours, dans l’espoir de voter au second tour de l’élection présidentielle puis aux législatives. Mais lundi soir, seulement cinq d’entre elles ont pu être réintégrées. En effet, le juge n’accepte la réinscription qu’en cas de faute avérée des services de la mairie. Dans le cas d’un changement d’adresse non signalé à l’administration, la faute incombe au citoyen et la radiation est validée. Ceux-là n’auront plus qu’à s’inscrire à leur nouvelle adresse afin de pouvoir voter en 2018.

Parmi les radiés, plusieurs d’entre eux envisagent une action collective. Ils ont créé une page sur Facebook et se sont donnés rendez-vous mardi matin devant le tribunal d’instance, rue du Fossé-des-Treize à Strasbourg.


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