
Manifestant aux côtés des professeurs, Yann a été interpellé jeudi 15 janvier. Poursuivi pour deux tags, il a passé près de 48 heures en garde à vue. Son domicile a été perquisitionné. Il est interdit de manifester jusqu’au 1er mars, date de son audience devant le tribunal correctionnel.
« Dans cette histoire, le mot le plus important c’est la disproportion. » Yann a 24 ans. Étudiant en première année de master de sociologie, il a manifesté aux côtés du personnel de l’Éducation Nationale dans l’après-midi du jeudi 13 janvier. En fin de manifestation, l’ancien surveillant dans un lycée strasbourgeois est interpellé suite à un contrôle d’identité.

Les policiers le soupçonnent d’avoir tagué « ACAB (All Cops Are Bastards, tous les flics sont des bâtards) » et « Mort à Blanquer (du nom du ministre de l’Éducation Nationale) pendant cette manifestation, ce qu’il nie. Il est menotté, emmené à l’hôtel de police et placé en garde à vue. Il ne sera libéré que 46 heures plus tard, après une perquisition à son domicile et un déferrement devant le Parquet, qui le poursuit pour « dégradation ou détérioration légère de bien destiné à l’utilité ou la décoration publique par inscription d’un signe ou d’un dessin », « menace de mort ou d’atteinte aux biens dangereuse à l’encontre d’une personne dépositaire de l’autorité publique » et « refus de se soumettre au prélèvement biologique. » En outre, l’étudiant est interdit de manifestation sur le territoire alsacien jusqu’au 1er mars, date de son audience devant le tribunal correctionnel.
« Ma présomption d’innocence était niée dès le départ »
Yann raconte cette histoire depuis son salon. Au deuxième étage d’une tour à quelques pas du parc Citadelle, l’étudiant strasbourgeois perd parfois le fil de ces deux journées éprouvantes. Tout commence dans une fourgonnette de police, qui fonce toutes sirènes hurlantes vers l’hôtel de police, « genre je suis un dangereux criminel », ironise le jeune militant qui se définit comme « communiste libertaire ». Puis il y a ces longues heures dans une cellule du sous-sol du commissariat. Suite à une première audition où Yann refuse de répondre aux questions des policiers, l’étudiant est réveillé à 3 heures du matin. Ses empreintes sont relevées et le jeune homme est photographié. Il refuse ensuite le prélèvement génétique : « pour moi ce prélèvement est autoritaire et injustifié pour une histoire de tags », explique-t-il.
La lumière blafarde du néon dans le couloir l’empêche de dormir du jeudi 13 au vendredi 14 janvier. Il fait froid. Dans la geôle, un plaid est souillé « de merde et de sang ». Et puis il y a le stress : « J’avais l’impression que ma présomption d’innocence était niée dès le départ. »
Garde à vue prolongée et perquisition
La matinée du vendredi 14 janvier commence avec un petit-déjeuner sommaire, « deux biscuits et un jus d’orange ». Par la suite, un officier de police judiciaire (OPJ) se rend dans la cellule de Yann pour lui indiquer que sa garde à vue est prolongée, signe qu’un magistrat du Parquet considère qu’il risque une condamnation supérieure ou égale à un an de prison. Le fonctionnaire de police lui laisse aussi entendre qu’il pourrait bien passer son week-end à la maison d’arrêt de l’Elsau, avant de passer en comparution immédiate au tribunal correctionnel de Strasbourg. « Ses intimidations ont fini par me faire peur, mais je n’ai pas craqué, » dit l’étudiant.
La garde à vue se poursuit avec une perquisition dans l’après-midi du vendredi 14 janvier. Après un énième repas fait de « boulgours secs et de ratatouille dégueulasse », Yann est à nouveau menotté, direction son domicile. Il croise ses voisins en arrivant avec cinq policiers. « Ils ont pris des photos de ma bibliothèque, de mes dessins qui sont pour certains engagés. Sur l’étagère, un policier a vu plusieurs ouvrages d’inspiration communiste et libertaire. Il a pris le livre “Face à la police, face à la justice : guide d’autodéfense juridique” en ricanant : “Ça va vous servir !”. »
« Ce type de dégradations devrait donner lieu à une contravention »
Lors d’une dernière audition au commissariat, Yann voit la carte mémoire de son téléphone fouillée par l’OPJ. Ce dernier fait défiler des photos de vacances, de famille, d’amis. Le policier écoute quelques chansons, notamment des Quatre Barbus, un groupe des années 60 qui a interprété des chansons anarchistes. Yann a gardé le silence.
Avocate de Yann, Me Sendegul Aras, s’étonne de l’évantail des poursuites à l’égard de son client :
« S’agissant de tags, j’ai défendu quelques manifestants, qui ont été cités ensuite devant le Tribunal par une simple convocation d’officier de police judiciaire (COPJ). Ce type de dégradations était sanctionné jadis par une contravention. Concernant le refus de prélèvement ADN, une condamnation me semblerait disproportionnée si l’on s’en réfère à l’arrêt de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) qui a estimé, le 22 juin 2017, que la France ne peut engager des poursuites si les faits reprochés s’inscrivent dans un contexte politique ou syndicale sauf à porter une atteinte disproportionnée à la vie privée du prévenu. »
Contacté, le Parquet n’a pas souhaité répondre à nos questions.
" Camarades / Descendez les flics/ Plus loin plus loin vers l' ouest où dorment/ les enfants riches et les putains de première classe".
Nous sommes ...en 1931 , il y a presque un siècle.
En plus Giacometti ne trouve " Misère de la poésie" de Breton
"ni dialectique, ni dirigée par une idée révolutionnaire".
Giacometti qui a dit : " Si je veux faire quelque chose, je veux le faire librement".
Giacometti, Aragon et Breton....en garde à vue...
Vos raisonnements sont toujours intéressants, même si je ne les partage pas toujours.
Pensez vous que Yann doit ne pas reconnaitre les faits même si il les a commis ?
Pensez vous comme la philosophe Barbara Stiegler (voir Thinkerview) qu'il faut saboter le systême clandestinement ?
Je pense que Yann ne doit surtout pas reconnaitre les faits s'il ne les a pas commis.
Par ailleurs , avec la vidéosurveillance généralisée ( à laquelle je suis opposé) , je m'étonne qu'il n'y ait pas encore de charge contre lui.
Sinon, je suis pour que la justice s'applique équitablement à tous, Sarkozy, Fillon et Balkany compris.
Je ne suis pas pour le sabotage clandestin mais pour la réforme publique à coeur ouvert et l'hospitalité et les soins aux plus fragiles que je pratique depuis 40 ans dans mon métier , modestement mais obstinément.
https://www.rue89strasbourg.com/la-justice-relaxe-yann-perquisitionne-et-garde-a-vue-pour-des-tags-228590
Bravo pour cet article qui donne la parole à Yann
Pour contextualiser , Francis Lemarque et Yves Montant ont été censurés en 51/52 pour " Quand un soldat" ( équivalent du ACAB actuel)
« Quand un soldat revient de guerre il a
Simplement eu d'la veine et puis voilà... »*
"La chanson est alors rapidement travaillée en répétitions par Montand et son orchestre pour être joué 48 heures plus tard sur la scène du Palais de la Mutualité. Mais son texte ne va pas faire l’unanimité, c’est le moins qu’on puisse dire… Le batteur Roger Paraboschi de l’orchestre d’Yves Montand à cette époque se souvient précisément d’un incident survenu à Lyon : « Après le spectacle, les musiciens sont partis discrètement par derrière. Montand m’a demandé de sortir avec lui par la grande porte. Devant le théâtre attendaient des groupes de paras avec leurs bérets rouges. Il n’y avait que deux ou trois flics. Montand est sorti comme un seigneur, il a traversé la foule menaçante. Personne n’a osé broncher.» .
Cependant, des réactions de plus en plus violentes s’amplifient au fil des tours de chants : elle suscite des bagarres lorsque Montand la chante sur scène. On perturbe ses tours de chant, on le menace de mort… La sanction tombe : l’enregistrement est alors interdit de diffusion à la radio d'État"
Ne faudrait-il pas mettre en garde à vue " JC Decaux" ou consorts quand il affiche
le corps de la femme sous toutes ses coutures? **
*https://www.youtube.com/watch?v=pVefoKJLOgg&ab_channel=ChansonFran%C3%A7aise
** https://www.lexpress.fr/styles/mode/pourquoi-les-femmes-ne-se-reconnaissent-pas-dans-les-campagnes-de-pub_1696131.html
Vous êtes sérieux?!......
C'est à cause de l'extrême gauche comme vous que les élections virent à droite malheureusement. Vous êtes le bourreau du vivre ensemble.
" Yann" n'a pas reconnu les faits et le slogan " Mort à ...." n'est pas à prendre au pied de la lettre.
Quand je dis " mort aux vaches" , je ne m'attends pas à des poursuites de la part de Julien Denormandie
ni du Commissaire européen à l'Agriculture Janusz Wojciechowski. Ni de la fondation Brigitte Bardot...
Et à propos de " ACAB" , le sens a bien évolué.*
L’acronyme a été réinterprété et détourné dans plusieurs domaines différents de son origine, signifiant par exemple «All Cats Are Beautiful» (tous les chats sont beaux) ; « All Capitalists Are Bastards » (« Tous les capitalistes sont des salauds ») chez les militants anticapitalistes ; « All Colors Are Beautiful » (« Toutes les couleurs sont belles ») dans le mouvement antiraciste ; ou encore « All Clitoris Are Beautiful » (« Tous les clitoris sont beaux ») au sein de la mouvance féministe.
*https://fr.wikipedia.org/wiki/ACAB
J'aime bien " tous les clitoris sont beaux" mais je risque de me faire poursuivre par les écoféministes ou par les barbus de Daesch ou de Mea Shéarim...
J'espère qu'il n'y en a pas trop dans la police....
Et pour finir, je tiens à dire que les policiers sont des travailleurs comme les autres et que j'attends de les voir défiler jeudi pour revendiquer la revalorisation salariale que je soutiens....comme Pasolini en son temps:
"Lorsque hier, […] vous vous êtes battus avec les policiers, moi je sympathisais avec les policiers. Car les policiers sont fils de pauvres. Ils viennent de sous-utopies, paysannes ou urbaines."
Alors "bourreau du vivre-ensemble" ?
Je ne sais pas.
Vous allez vite en besogne.
Ce n'est pas mon souhait car je m'inspire de Brecht qui a écrit que , in fine " L' Homme est bon , mais le Veau est meilleur".
Dans ma vie, si j'ai des désaccords avec quelqu'un, je l'évite après avoir essayé de négocier mais je ne vais jamais le mépriser...
A poursuivre....
J'espère que la prochaine fois que vous insulterez quelqu'un, vous irez vous dénoncer auprès de la police et que vous incisterez pour rester 48h dans une geole, histoire que vous soyez cohérent avec vos inepties.