Les trains de nuit Paris-Berlin et Paris-Vienne, qui passent par Strasbourg, risquent d’être supprimés en décembre 2025. L’État envisage la fin d’une subvention de plusieurs millions d’euros versée à la SNCF pour ce dispositif. L’association Oui au train de nuit a organisé un rassemblement vendredi 26 septembre à 18h à la Gare de l’Est de Paris pour inciter les opérateurs ferroviaires, l’État et l’Union européenne à réagir. « Il n’est pas acceptable que les deux seuls trains de nuit internationaux qui desservent la France à l’année disparaissent », dénonce-t-elle dans un communiqué. Une mobilisation simultanée a eu lieu à Berlin.
Lancées en décembre 2023 pour Berlin et en décembre 2021 pour Vienne, les deux lignes de nuit internationales sont pourtant fréquentées. L’association Oui au train de nuit compte près de 66 000 voyageurs transportés en 2024. Sur la même année, le Réseau action climat estime à plus d’un million le nombre d’usagers des trains de nuit en France.
Une offre encore trop restreinte
Avec seulement trois départs par semaine sur les lignes Paris-Berlin et Paris-Vienne, les opérateurs ferroviaires n’ont pas respecté leur promesse, dénonce Nicolas Forien, membre du collectif Oui au train de nuit :
« La SNCF, l’ÖBB autrichienne et la Deutsche Bahn allemande avaient promis que les trains de nuit seraient quotidiens à l’automne 2024 et ça n’a toujours pas été mis en place. À les croire, personne n’est responsable, ils se renvoient la balle. On veut que l’État leur mette un peu la pression en jouant sur les subventions pour que la desserte devienne quotidienne. »
En juillet 2020, Emmanuel Macron annonçait vouloir « relancer les trains de nuit » en créant une dizaine de lignes d’ici 2030. Désormais, au départ de Paris, il est possible de rejoindre Nice, Lourdes, Aurillac, Toulouse ou encore Tarbes de nuit. Dans un rapport publié en juin 2025, le Réseau action climat reconnaît que la « volonté politique a été au rendez-vous en 2020 » mais qu’elle doit désormais « changer d’échelle ». Notamment en renforçant les liaisons européennes et en s’affranchissant de Paris. Un constat que partage Nicolas Forien de l’association Oui au train de nuit :
« Les décideurs ont une vision trop parisienne des liaisons ferroviaires. Il n’y a plus aucune ligne transversale qui relierait Bordeaux à Nice par exemple. Actuellement en train de jour, ça prend 9 heures et avec des correspondances. Ça n’encourage pas à prendre le train. »
La concurrence déloyale de l’avion
Dans son communiqué, le collectif Oui au train de nuit accuse l’Union européenne de favoriser les déplacements par avion au détriment d’une solution « alternative plus vertueuse ». Selon le Réseau action climat, les vols internationaux sont exonérés de taxe sur le kerozène et profitent d’un taux de TVA à 0%. Résultat : les prix des billets d’avion défient toute concurrence. Nicolas Forien et son association dénoncent ces « niches fiscales » qui bénéficient à l’aérien :
« Ces exonérations fiscales s’apparentent à une sorte de subvention de l’Union européenne qui favorise massivement l’avion. Autrement dit, le mode de transport le plus polluant. Alors que le train de nuit reste l’alternative la plus écologique pour voyager en Europe. Mais tant qu’il existe des billets d’avion à 20€ pour des lignes européennes ou internationales, le train ne pourra pas rivaliser. »
Le collectif Oui au train de nuit a lancé une pétition à destination d’Emmanuel Macron et de Jean-Pierre Farandou, président de la SNCF pour « sauver les trains de nuit Paris-Berlin et Paris-Vienne ».
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