
L’élue strasbourgeoise et ancienne maire socialiste Catherine Trautmann plaide dans une tribune pour repenser les rames de tram actuelle et futures pour que les cyclistes retrouvent leur place aux cotés des piétons. Une mesure qui permettrait de renouer avec l’objectif initial des trams et répondre aux enjeux des déplacements de demain.
Le premier tram de Strasbourg inauguré en 1994 était conçu comme le moyen par excellence d’un transfert de la voiture particulière vers le transport public, le vélo, la marche à pied.
Pour réussir ce transfert modal, il était nécessaire d’organiser la complémentarité des modes et la compatibilité dans l’espace public de ces différents modes de transport. Cette phase est celle d’un nouveau partage de l’espace public au centre-ville pour éviter la circulation excessive, les bouchons et la pollution. Avancent alors simultanément le plan de circulation avec les boucles qui tangentent le cœur de ville, la réalisation de la première ligne de tram et le premier plan cyclable, le tout permis par l’extension du secteur piétonnier de Strasbourg.
Plus de conflits piétons/cyclistes jusque dans le tram
Cette nouvelle expérience de ville devait permettre à chaque habitant ou visiteur d’opérer librement son choix de mobilité. Le tram à plancher bas intégral était alors pensé comme une continuité de l’espace public qui en tant que tel devait être accessible à toutes et à tous : pour les personnes à mobilité réduite, les parents et les enfants avec poussette et… les vélos, afin de faciliter les jonctions sur les trajets de moyenne et longue distance et pour que les kilomètres à parcourir ne soient pas rédhibitoires sur le choix du vélo comme véhicule principal de trajet domicile/travail par exemple.
Le vélo dans le tram a été possible dans ce contexte à l’exception des heures de pointe et je continue à préconiser cette pratique. Le succès du tram, le développement de l’usage du vélo, les récentes extensions du secteur piétonnier et la mise en œuvre de mesures contraignantes en horaire et véhicules propres au centre-ville ont changé la donne. Plus d’usagers, plus de conflits piétons/cyclistes et véhicules de livraison dans le partage de l’espace public et ce jusque dans le tram.

Des médiateurs à bord
Une première remarque venant d’une voyageuse fréquente dans le tram. Une grande partie des problèmes proviennent du non-respect d’un code commun d’usage qui ne devrait pas relever de la responsabilité des conducteurs, mais bien des passagers.
Ceux-ci devraient être accompagnés régulièrement par des agents dédiés, afin d’éviter que piétons et cyclistes forcent le passage quand le tram est plein, pour inciter les passagers à libérer les sièges empêchant l’accès des vélos aux heures autorisées et pour éviter l’usage du tram par les livreurs à vélo.
Rechercher l’innovation dans les prochaines rames
Je suggère que pour faciliter la présence de vélos dans le tram on envisage des aménagements des rames existantes : mise en place de crochets, redressement des sièges gênants par exemple, et surtout recherche d’innovation pour une combinaison apaisée des usages dans les prochaines rames.
Je préconiserai également de recourir à la possibilité d’utiliser des bus équipés de porte-vélos sur des lignes à déterminer en concertation avec les usagers. Pourquoi ne pas recourir également aux applications mobiles pour savoir dans quelles rames de tram et quels bus il est possible de charger son vélo ?
Des solutions complémentaires
Qui dit usage organisé du vélo, dit aussi pôle d’échange train / tram / vélo. Je rêve d’un grand parking à vélo comme j’en ai visité aux Pays-Bas à l’arrière de la gare, destiné à des vélos simples ou des vélos-cargo.
Les cyclistes choisissent aussi le tram à pieds et pas seulement avec le vélo. Les deux solutions ne peuvent être que complémentaires. Surtout quand on envisage le développement du vélo électrique.
Pour moi la question du vélo dans le tram n’est pas une question anodine qui ne concernerait qu’une tolérance à des horaires déterminés, c’est une question qui réinterroge la manière d’organiser la transition automobile vers les modes actifs de mobilité et la résorption des conflits d’usage de l’espace public. Cette transition concerne les familles, les particuliers, les entreprises, les administrations, et bien sûr les jeunes qui dès à présent opèrent les choix de mobilité de demain.
C’est pour la réussite de cette transition que je suis favorable à la gratuité des transports publics pour les moins de 18 ans et les plus de 65 ans. Et je milite pour l’organisation d’assises des mobilités durables et du partage de l’espace public qui permettent d’envisager toutes les solutions, des plus grandes au plus petites, pour dessiner la nouvelle étape de la ville fluide et mobile.
Développons aussi la gratuité selon des exemples antérieurs:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gratuit%C3%A9_des_transports_en_commun#France
Gratuité pour tous les usagers astreints à la TVA
Sur la gratuité pour les plus de 65 ans, je reste perplexe. Si cela évite la voiture, c'est bien. Mais nombre de seniors ont bien plus de moyens que les plus jeunes. Il faut tendre vers la gratuité, en commençant par ceux qui ont le moins de moyens.
À Strasbourg, il faut savoir que les ménages à faibles moyens doivent faire un véritable parcours du combattant: obtenir le quotient familial auprès de la CAF, puis refaire calculer celui-ci en mairie en amenant moult documents justificatifs, ceci chaque année, pour avoir seulement droit... à une réduction.
Maintenant l'âge est tout sauf un critère social. Les retraités actuels n'ont jamais connu les crises économiques que les générations actives actuelles subissent!
Ou alors il faudrait le démontrer.
Je rappelle que les prétextes évoqués par la CTS à cette interdiction ont beaucoup varié dans le temps. Au printemps, c'était soit-disant les gestes barrières et la distanciation physique, récemment c'étaient des présumés conflits piétons-cyclistes, et maintenant ce seraient des incivilités?
Faut quand même rappeler que ça fait 30 ans que la cohabitation se fait sans que cela n'aie posé de problème majeurs.
La saturation du coeur de réseau a seulement un impact sur l'intervalle de temps entre deux arrivées de tram. hors des heures de pointe, il n'y a pas de problème majeur pour accueillir des vélos en queue de tram.
Sympa cette tribune de Madame Trautmann.
Mais elle ne répond pas à la demande des cyclistes, qui est le retour immédiat de l'accès aux trams hors heures de pointe, d'autant plus pressante que ceux-ci doivent actuellement surmonter des conditions de circulation difficile avec la neige, la pluie et le froid.
Alors peut-être découvre-t-on aujourd'hui qu'il y aurait parfois quelques petits conflits piétons-vélos? Il faudrait au moins en faire l'historique et démontrer qu'il y ait eu des remontées. Quoi qu'il en soit, ils restent mesurés et ne datent sûrement pas d'aujourd'hui.
Si certaines minorités d'usagers aient pu avoir un comportement gênant, pourquoi donc punir arbitrairement l'ensemble des usagers cyclistes et leur faire attendre un hypothétique retour à la situation initiale aux calendes grecques?
Ceci n'est juste pas acceptable!
Car je suis désolé, Madame Trautmann, vous êtes pourtant depuis la création du tram, dans les instances dirigeantes de la ville. Ne faites donc pas comme si vous arriviez soudain au conseil municipal.
La mission du politique est de prévoir et d'anticiper, pas de pénaliser sans prévenir, et surtout, sans concertation préalable, une part des usagers.
Par la présente, vous démontrez donc plus de votre défaillance (de vous et de vos confrères et consoeurs élus de la collectivité) que d'une véritable gestion attentive des besoins de l'ensemble des usagers.
Alors ok pour travailler ensemble sur la recherche de solutions à moyen et long terme. je serais très heureux d'y participer à vos côtés.
Mais en attendant, l'urgence n'est pas négociable:
Il faut que les usagers cyclistes puissent, immédiatement et sans délai, de nouveau accéder au service publique aux horaires précédents, service qu'ils payent tant via leurs impôts que via le ticket d'accès, qui lui, leur est payant.
En effet, à l'instar d'autres communes comme Paris, Lyon, l'Eurométropole n'a jamais souhaité prendre le virage du vélo partagé tel Vélhib, Vél'ov et tant d'autres exemples en Europe. Ainsi, à la sortie de chaque station, quelques vélos pour regagner son quartier à disposition et nul besoin de saturer les tramways de vélo !
Ce partage de vélo, à moindre coût si on l'utilise moins de 30mn, serait une grande réussite à Strasbourg avec son réseau cyclable inégalé. De plus, il éviterait de continuer à étendre le réseau de tramway dans des quartiers où il est insuffisamment fréquenté (ex au Wacken, à Lingolsheim... les rames sont vides ou presque !).
La problématique de la gare et donc des vélos dans les TER serait de fait aussi réglée ! A vous lire.
Seul point noir, celui des livreurs delivroo/ubereat qui rentrent à 15 dans les tram (et roulent à 200km/h au centre ville).
Le mix intelligent entre vélo et voiture n'est t'il pas envisageable... le fait de penser à la voiture fait t'il forcement passer du coté obscur, et assure d'être damné ?
L'extrémisme du vélo est t'il la bonne façon de pensé ?
Non.
Pour voir des "grands parkings à vélo" près des gares, pas besoin d'aller jusqu'aux Pays-Bas (même si là bas ils sont très impressionnants), à Offenburg c'est déjà pas mal (mieux qu'à Strasbourg?), et c'est "chez nous" puisque nous coopérons avec l'Ortenau Kreis au sein de l'Eurodistrict.
Le problème n'est pas seulement propre au tramway, mais également aux trains (régionaux, TER 200 et je ne parle même pas des TGV) où prendre son vélo avec soi relève du parcours du combattant, encore plus aux heures de pointe ou lors des grands départs...
Pour les trams, pas besoin de solutions alambiquées, une voiture dédiée en queue de rame avec une signalétique adaptée, le tout généralisé à l'ensemble des rames (avec pas ou très peu de sièges assis -uniquement des strapontins- mais des barres de maintien, on n'interdit pas aux "piétons" d'y monter, mais on signifie que cette voiture est destinée en priorité aux cyclistes) devrait suffire. En gros comme aujourd'hui, mais en poussant le concept jusqu'au bout, histoire que chacun comprenne où est sa place logique
Augmenter la fréquence des tramways pourrait aussi être une solution au problème (OK cela a un coût, mais je pense que cette dépense est préférable aux coûts qu'engendrerait la gratuité complète des transports, mesure qui revient régulièrement dans le débat). D'une manière générale, je trouve que la fréquence pourrait être améliorée, point indispensable si l'on veut limiter l'usage de la voiture.
Et tournons nous aussi vers nos partenaires pour avoir des idées, par exemple à Dresde (ville avec laquelle nous sommes jumelés depuis 25 ans), il existe des tramways cargo... La solution est sans doute difficile à transposer, mais est-elle pour autant à jeter?