« Les Palestiniens n’ont qu’un choix aujourd’hui : mourir ou s’affamer », déplore Rachida, membre du collectif Palestine 67. Avec ses collègues, ils organisent le samedi 16 août une « vélorution » (une manifestation à vélo) en soutien à la Palestine, afin de dénoncer les exactions de l’armée israélienne contre les civils et la famine organisée sur le territoire.
Selon le Programme alimentaire mondial des Nations unies, près d’un habitant sur trois dans la bande de Gaza passe régulièrement plusieurs jours sans pouvoir se nourrir. « En juillet, plus de 320 000 enfants, soit l’ensemble de la population âgée de moins de cinq ans, sont exposés à un risque de malnutrition aiguë », alerte l’ONU. Parmi eux, des milliers souffrent déjà d’une forme sévère, la plus dangereuse, pouvant entraîner la mort en l’absence de soins rapides et adaptés.
Pas d’occupation du pont de l’Europe
Le collectif Palestine 67 donne rendez-vous à 14h30 place Kléber pour les cyclistes et à 17h au Jardin des Deux-Rives pour les piétons. Tous doivent se rejoindre sur la passerelle Mimram entre Strasbourg et Kehl à 17h30, un lieu choisi pour sa portée symbolique par les organisateurs :
« En Allemagne, il existe une très forte répression contre les manifestations pour la Palestine. Les habitants n’ont pas la même liberté pour dénoncer le génocide en cours dans la bande de Gaza. L’Europe, elle aussi, a sa part de responsabilité, notamment par l’envoi d’armes et par son manque d’entrain à imposer des sanctions à Israël. »
L’appel initial avait choisi le pont de l’Europe pour cette démonstration mais l’occupation de cette voie n’a pas été autorisée par la préfecture du Bas-Rhin.
Le collectif espère être rejoint sur la passerelle par des manifestants allemands afin de former une chaîne humaine. « Nous ne voulons pas nous adresser uniquement aux convaincus. Cette manifestation doit rassembler et toucher un maximum de personnes », souligne Rachida. Avec les vélos, ils espèrent attirer davantage l’attention des curieux sur leur message.
« Une indifférence des responsables politiques »
Mobilisé une première fois en octobre 2023, le mouvement de soutien à la Palestine est présent dans les rues depuis près de deux ans. « Il y a une fatigue qui se fait sentir parmi les manifestants mais nous sommes surtout angoissés et en colère », confie Rachida, également membre du Collectif judéo-arabe et citoyen pour la Palestine. En l’espace de deux ans, le message reste en substance le même :
« Nous demandons la levée du blocus de Gaza pour permettre l’entrée de l’aide humanitaire, un cessez-le-feu et des sanctions contre le gouvernement israélien. »
Mais sur place, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui se maintient au pouvoir grâce à l’extrême droite, prévoit d’occuper totalement l’enclave palestinienne, provoquant des condamnations internationales et des doutes au sein même de l’armée israélienne. Selon les autorités sanitaires palestiniennes, l’armée israélienne a déjà fait plus de 60 000 morts, dont près d’un tiers sont des enfants de moins de 18 ans.
À Strasbourg, l’une des dernières manifestations pour la Palestine avait été interdite de passage dans le quartier du Contades et autour de la grande synagogue. Pour la préfecture, le parcours aurait été susceptible de provoquer « des troubles à l’ordre public entre la mouvance pro-palestinienne et des membres de la communauté juive ».
« Ce n’est pas normal que, dans la République française, il existe des lieux interdits aux manifestations, surtout lorsqu’il est question de dénoncer un génocide », dénonce Rachida. Une décision d’autant plus contestée que, dans ce quartier, se trouve un immeuble où résident également des militants pro-palestiniens visé plusieurs fois par des actes de vandalisme.
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