Un adolescent de 14 ans a été interpellé par les gendarmes, mercredi 24 septembre, après avoir agressé sa professeure de musique avec un couteau au collège Robert Schuman de Benfeld. Il était 8h, les cours venaient tout juste de débuter. À l’entrée de la salle de classe, cet élève de 3e a blessé au visage son enseignante âgée de 66 ans.
Lors d’une conférence de presse à 17h30 au tribunal judiciaire de Strasbourg, la procureure de la République Clarisse Taron a assuré que le pronostic vital de l’enseignante n’était pas engagé. Au contraire de celui du suspect. Lors de son interpellation, le jeune garçon « s’est porté des coups de couteau au cou et aurait à ce stade des lésions jugulaires et au niveau de la carotide ». Le mineur devrait rester sédaté pendant au moins 48h à l’hôpital de Strasbourg.
Un jeune fasciné par le nazisme
Pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) alors qu’il n’avait que quelques mois, l’adolescent a rapidement été placé en famille d’accueil où il a subi des violences. Ces dernières ont abouti à la condamnation de l’assistante familiale par la Cour d’appel de Colmar en 2024, selon la procureure de Strasbourg. Depuis, le jeune garçon vit en foyer. Clarisse Taron décrit un mineur « en situation de handicap », porteur d’une « maladie génétique héritée de sa mère ». Dans le cadre de son suivi par l’ASE, il aurait bénéficié d’un suivi psychologique et psychiatrique.
Selon le général de gendarmerie Gwendal Durand, il est encore trop tôt pour connaître les motivations du jeune suspect ou pour affirmer que sa professeure de musique était particulièrement visée. L’adolescent avait tout de même un « goût pour les armes et tout ce qui a trait à la Seconde Guerre mondiale, avec des références nettes au nazisme », déclare la procureure. Des dessins du symbole SS ou d’un homme levant le bras droit à la manière d’un salut hitlérien, retrouvés dans ses cahiers, avaient déjà inquiété le personnel du collège et fait l’objet de sanctions disciplinaires.
Trop peu de moyens pour la santé mentale
Cette agression s’inscrit dans une série d’attaques à l’arme blanche commises par des élèves à l’encontre du corps enseignant. En février 2025, Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation, avait annoncé la mise en place de fouilles surprises des sacs par les forces de l’ordre à l’entrée des établissements. Fin août, lors de son discours de rentrée, la ministre démissionnaire faisait le bilan : 6 200 fouilles réalisées et près de 400 armes blanches saisies. Au collège Robert Schuman de Benfeld, des contrôles avaient eu lieu en fin d’année scolaire et à la rentrée 2025 mais « rien n’avait été trouvé », résume le général de gendarmerie Gwendal Durand.
Selon les Dernières nouvelles d’Alsace, Élisabeth Borne, qui s’est rendue à Benfeld dans la matinée, a déclaré vouloir « agir sur la santé mentale, une priorité pour cette rentrée scolaire ». Une problématique récurrente qui ne semble pas se résoudre d’une année sur l’autre. En juin 2025, Mediapart faisait déjà le bilan des postes de psychologues scolaires, trop peu nombreux pour prendre en charge entre 1 400 et 1 800 élèves en besoin de suivi psychologique. Dans un communiqué du mercredi 24 septembre, les membres de la Fédération des conseils de parents d’élèves du Bas-Rhin le rappellent :
« Il n’y a pas assez d’adultes pour encadrer, écouter, détecter, suivre, orienter les élèves… Les délais de prise en charge sont déraisonnables. Nous sommes démunis. »
Deux enquêtes en cours
Clarisse Taron a annoncé l’ouverture de deux enquêtes. La première porte sur « les faits d’agression de la professeure », la seconde traite des conditions d’interpellation du mineur blessé. La procureur précise que « le parquet n’a pas d’inquiétude particulière sur le comportement des forces de gendarmerie » qui ont procédé à l’interpellation. En parallèle, « le parquet national antiterroriste évalue la situation compte tenu du profil du mineur ».
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