C’est un conseil sans surprise majeure. À l’ordre du jour de l’Eurométropole de Strasbourg, ce vendredi 19 décembre, figurent l’adoption du budget primitif 2026, plusieurs délibérations liées aux transports — du réseau express métropolitain aux bus de nuit — et des décisions d’aménagement urbain, notamment à l’Esplanade. Mobilités et finances concentrent l’essentiel des points à l’ordre du jour.
Du Reme au Serm, la poursuite du réseau express
L’un des principaux dossiers de la séance (point 3 de l’ordre du jour) sera la transformation du Réseau express métropolitain européen (Reme). Ce dispositif de transports autour de Strasbourg pensé comme un RER à l’échelle de l’Eurométropole et alentours, s’appellera Service express régional métropolitain (Serm).
Ce changement de nom, avant tout institutionnel, ne change rien pour les usagers mais vise à obtenir un label national pour obtenir des financements de l’État. Du moins « peut-être », nuance Alain Jund, vice-président en charge des mobilités à l’Eurométropole. Avant d’obtenir ces soutiens, dans un premier temps, l’Eurométropole et la Région Grand Est renouveleront leur cofinancement à parts égales.
Point important : cette transformation élargit le périmètre de l’ancien Reme et intègre de nouveaux acteurs. Le « Serm » concernera notamment les axes Strasbourg–Haguenau–Wissembourg, Strasbourg–Sélestat, Strasbourg–Sarreguemines, ainsi que la ligne de la Bruche, et les intercommunalités concernées, parmi lesquelles le Kochersberg, le pays de Sainte-Odile, la Mossig et la Basse-Zorn. L’objectif est le développement progressif de lignes de cars express destinées à relier plus efficacement les communes éloignées du rail aux pôles de transport de l’agglomération. « On veut aussi porter une attention à deux lignes orphelines, à Lauterbourg et Offenbourg », explique Alain Jund.
La délibération sera aussi l’occasion de faire un point sur le bilan du Reme. Lancé en décembre 2022, il a déjà permis « d’augmenter l’offre ferroviaire autour de Strasbourg, avec des trains toutes les trente minutes entre 5h et 22h sur les principales lignes périurbaines, une amplitude étendue jusqu’à 23h et des fréquences renforcées le week-end ». Et ce, malgré un « début chaotique » et une « rupture de confiance » pendant un temps, jusqu’au début de l’année 2024, selon Alain Jund. Aujourd’hui, il avance le chiffre de 22 % d’augmentation de fréquentation dans les gares de l’Eurométropole entre décembre 2022 et décembre 2025.
Un nouveau réseau de bus de nuit avec Kehl
Le conseil doit aussi acter une refonte complète du réseau de bus de nuit (point 32). À partir du 8 janvier 2026, le réseau Hibus, aujourd’hui organisé autour de trois lignes en étoile depuis la place du Corbeau, laissera place à trois lignes traversantes. Elles relieront la Robertsau au centre-ville, Hoenheim au campus d’Illkirch et Cronenbourg à Kehl Bahnhof, via le centre de Strasbourg. Il n’y avait jusqu’ici pas de bus de nuit entre Strasbourg et Kehl. Les bus circuleront toutes les heures, entre 00h30 et 5h30, les nuits de jeudi, vendredi et samedi.
La création de ce nouveau réseau représente un surcoût annuel estimé à 50 000 euros. Elle intègre également un volet sécurité, avec la présence de deux agents à bord du bus transfrontalier pour encadrer les déplacements nocturnes. Le rapport rappelle que la ligne de tram D a enregistré près de quatre millions de voyages en 2024.
Ligne 240 et tram F : une réorganisation du réseau en cours
Un des rapports concerne l’approbation d’une autre convention entre l’Eurométropole et la Région Grand Est pour le financement de la ligne de cars interurbains 240. Cette ligne s’inscrit dans la réorganisation du réseau de bus rendue nécessaire par l’extension de la ligne F du tramway vers Wolfisheim (point 31).
Dans le même temps, le conseil doit se prononcer sur la poursuite des acquisitions foncières nécessaires à l’extension ouest de cette même ligne (point 35). Le projet, déclaré d’utilité publique en juillet 2023, nécessite l’ajustement de certaines emprises. Des terrains situés à Strasbourg, Eckbolsheim et Wolfisheim sont concernés afin de sécuriser les emprises indispensables à la réalisation du prolongement du tram.
À l’Esplanade, un levier foncier pour redynamiser le quartier
Les élus doivent également se prononcer sur l’extension du périmètre de droit de préemption urbain renforcé à l’Esplanade, dans le cadre du projet de redynamisation du cœur de quartier (point 72). Ce dispositif permet à la collectivité de se substituer à un acheteur privé lors de la vente d’un bien immobilier ou d’un local commercial, afin d’en maîtriser la destination.
Le droit de préemption urbain renforcé élargit cette capacité d’intervention aux fonds de commerce et à certains droits au bail. À l’Esplanade, il est présenté comme un outil pour peser sur la nature des commerces, limiter la vacance et accompagner la requalification du secteur, en cohérence avec le projet urbain porté par la Ville et l’Eurométropole.
Vote du budget 2026
Comme pour la Ville de Strasbourg le 8 décembre, l’Eurométropole doit adopter son dernier budget primitif du mandat, celui de 2026 (points 1 et 2 de l’ordre du jour). Celui-ci s’équilibre à 875,4 millions d’euros en fonctionnement et à 454,3 millions d’euros en investissements. Les dépenses de fonctionnement atteignent 869,7 millions d’euros, avec un poids toujours très important des charges de personnel, qui s’élèvent à 387,5 millions d’euros, soit près de la moitié du total. Un élément assumé par la majorité, qui a expliqué lors d’une conférence de presse, jeudi 18 décembre, avoir augmenté de 16 % ses dépenses de personnel afin de recruter des agents au cours du mandat.
L’épargne brute est fixée à 77 millions d’euros. À titre de comparaison, elle s’élevait à 64 millions d’euros en 2019. Côté recettes, les impôts et taxes constituent la principale ressource, avec 284,9 millions d’euros, auxquels s’ajoutent 73,5 millions d’euros issus de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères et 128,1 millions d’euros de dotations et participations, dont la dotation globale de fonctionnement.
En investissements, les dépenses opérationnelles atteignent 271,1 millions d’euros. Elles seront en baisse par rapport à 2025, mais de nombreux projets doivent encore être financés, notamment les pistes cyclables, pour un total de 53 millions d’euros, la poursuite du financement du tram Ouest, à hauteur de 28 millions d’euros, ou encore des travaux d’amélioration de la signalisation, pour 25 millions d’euros.
Pour équilibrer le budget, l’Eurométropole prévoit de recourir à l’emprunt à hauteur de 151,6 millions d’euros. Ce budget s’inscrit dans une trajectoire financière marquée par une capacité de désendettement de neuf ans, le seuil maximal étant fixé à douze ans. La dette devrait ainsi passer de 776 millions d’euros à 880 millions d’euros en 2026.
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