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Des dessins collés contre l’arrêté anti-mendicité

Plusieurs affiches dessinées ont été placardées dans Strasbourg pour demander le retrait du texte polémique.

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L’arrêté anti-mendicité continue de diviser la ville. Ce mercredi 29 mai, une demi-douzaine d’artistes sont allés coller des affiches hostiles à la Krutenau, le quartier Gare ou le centre-ville de Strasbourg. Dans leurs dessins, qui fait suite à un appel sur internet (43 dessins par 35 personnes de « 3 à 70 ans »), ils dénoncent la volonté de faire de Strasbourg une « ville-vitrine artificielle et destinée aux touristes ». Cette action est l’idée d’un récent collectif « éphémère » qui ne souhaite pas prendre de nom. « C’est plus un espace proposé pour s’exprimer sur des causes qui nous touchent, sur des problématiques locales et concrètes », explique une membre du collectif (les participants préfèrent ne pas donner de nom, pour ne pas se mettre en avant), sachant que le collectif assure ensuite la logistique et le collage.

Certaines personnes, peu douées avec le dessin ont préféré envoyer un texte ou slogan. (photo Abdesslam Mirdass / Hans Lucas)

Et pour cause, seules 4 personnes en commun ont envoyé des dessins ou des textes entre la première et la deuxième action du même collectif. En février, un affichage similaire (« Aimons nous tout.e.s ») demandait que l’opération commerciale « Strasbourg Mon Amour » soit adressée à tous types de personnes. La programmation et la communication font la part belle aux quadragénaires hétérosexuels.

Une controverse qui dure

Pour revenir à l’arrêté signé par le maire Roland Ries (PS) le 25 avril, ses défenseurs répliquent de leur côté que ce texte limité à trois places ne vise que les comportements « agressifs », qui peuvent en fait déjà être sanctionnés par le droit français. La formulation de l’arrêté vise à sanctionner d’une amende de 38 euros « l’occupation de manière prolongée des voies publiques […] accompagnée ou non de sollicitations ».

Les membres du collectifs préfèrent ne pas apparaître pour ne pas se mettre en avant. (photo Abdesslam Mirdass / Hans Lucas)
(Photo Abdesslam Mirdass / Hans Lucas)
Les décideurs sont souvent interpellés. (Photo Abdesslam Mirdass / Hans Lucas)

Ce n’est pas la première action contre ce texte controversé. Une manifestation s’était tenue le 12 mai. Le sujet a aussi électrisé deux conseils municipaux successifs au sein de la majorité. Mardi 28 mai, trois tags (« Vitrines assassines », « À quand un arrêté anti-riches ? », « Contre l’arrêté anti-pauvre ») ont été imprimés sur la façade du commerce de Gwen Bauer, le président de l’association de commerçants Les Vitrines de Strasbourg qui réclamait ce texte (dès 2016) avec la Chambre de Commerce et de l’Industrie (CCI).

Roland Ries et son adjoint à la Sécurité Robert Herrmann (PS) ont rapidement apporté leur soutien au président des Vitrines. Roland Ries a néanmoins promis une « évaluation avant l’été » du dispositif. « C’est une sorte de test et on veut éviter que la mesure soit généralisée », explique une autre membre, choquée par le récent suicide d’un jeune afghan (l’appel à dessins avait été publié quelques jours plus tôt).

Interpeller le regard ou discuter

Après un « atelier colle », moins chère qu’à acheter en magasin, les duos se mettent en route, vers les espaces où le collage est accepté, à savoir les rares panneaux « expression libre », mais surtout les conteneurs à verre, les lampadaires ou les devantures abandonnées de magasins.

Le fameux atelier colle a nécessité plus d’une heure, mais celle-ci s’est avérée efficace lors du collage. (photo Abdesslam Mirdass / Hans Lucas)

Le collage est l’occasion d’interpeller le regard des passants. Les affiches sont de taille A4, d’autres sur un quart de page (format A6) avec un texte imprimé au verso, à distribuer tels des mini-tracts. Certaines personnes regardent d’un air curieux. Sur les quais des pêcheurs, la première personne à s’arrêter est Farouk. Après une discussion, il repart convaincu par l’argumentaire bien maîtrisé :

« Je n’étais pas du tout au courant de cet arrêté. Ce n’est pas parce qu’il y a des pauvres qu’il faut les exclure. Il est vrai qu’on en voyait beaucoup vers la place Kléber et le McDo et qu’ils ont été chassés. Je comprends un commerçant qui a investi et se retrouve face à des comportements violents, mais tout est question d’équilibre. La réponse est sociale. Il ne faut pas faire de quelques individus une généralité. »

Sa fille a ensuite collé quelques affiches et en a emporté une à la maison, avant de repartir.

La fille du premier passant a collé quelques affiches avant de repartir. Mirdass / Hans Lucas)
Discussions avec un passant (photo Abdesslam Mirdass / Hans Lucas)

Le texte co-signé

(Photo Abdesslam Mirdass / Hans Lucas)

#arrêté anti-mendicité

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