En photos : une journée avec 500 agriculteurs partis bloquer une autoroute 24 heures
À l’appel des syndicats d’exploitants agricoles FDSEA et Jeunes Agriculteurs, 500 personnes venues avec 400 tracteurs ont entamé un blocage de 24 heures de la M35 à Strasbourg. Ils dénoncent leurs faibles rémunérations et les normes qui les empêchent, selon eux, de rendre leurs exploitations rentables.
Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89 Strasbourg,
abonnez-vous.
Camille Balzinger et Thibault Vetter
Publié le ·
Imprimé le 5 décembre 2025 à 07h05 ·
Modifié le ·
3 minutes
Partager
La police nationale a accompagné le cortège en aidant à la circulation, et en stoppant les automobilistes.Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg
Ils comptent rester 24 heures, au moins. Plus de 500 agriculteurs, rassemblés par les syndicats FDSEA et les Jeunes Agriculteurs, bloquent une partie de la métropolitaine 35 derrière la gare de Strasbourg depuis le mercredi 24 janvier à 15h. Localement, ils dénoncent un accès de plus en plus restreint à l’eau pour irriguer leurs cultures, du fait des arrêtés préfectoraux pris pendant les périodes de sécheresse. Mais ils expriment aussi leur colère face à la concurrence « déloyale » de pays où les normes sociales et écologiques sont moins contraignantes. Les denrées alimentaires qui y sont produites sont ainsi vendues à des prix plus bas. En Alsace comme ailleurs en France, de nombreux exploitants agricoles se sentent incapables de faire face sur le marché mondial.
Rue89 Strasbourg a suivi leur premier jour de mobilisation en direct. Partis du Comptoir Agricole de Vendenheim à 14h, les manifestants de Brumath ont retrouvé leurs camarades du sud du département sur la M35 à Strasbourg peu avant 16h. Entamant l’acte 2 d’une mobilisation initiée en novembre 2023, les agriculteurs ont mis en place des tentes, des abris et des espaces de restauration sur la voie métropolitaine bloquée à la circulation. Retour, en photos, sur l’installation du blocage.
La FDSEA parvient régulièrement à organiser des manifestations spectaculaires pour s’afficher comme le principal défenseur des agriculteurs.
Sur place, les agriculteurs se retrouvent dans une ambiance bon enfant.
Célia Henches, étudiante en BTS stratégie d’une exploitation agricole : « C’est effrayant de vouloir faire un métier quand on ne sait pas ce qu’il y aura demain. Il faut qu’on puisse dégager un revenu. »
Sur l’autoroute, difficile de manquer le cortège. Jean, 36 ans, s’en amuse : « C’est sûr qu’à cinq kilomètre heure, faut pas être pressé ! »
14h15, petite pause à la sortie de Mundolsheim pour attendre les manifestants venus de Bischwiller. Un des agriculteurs retourne le panneau à l’aide d’une simple clé de 13.
Les militants se félicitent du nombre de personnes mobilisées en attendant leurs collègues du nord de l’Alsace. Eux bloqueront un sens de la M35, ceux venant du sud boucheront l’autre côté.
15h45, le cortège nord rencontre le cortège sud : le blocage commence. Annoncé lundi 22 janvier, les militants ont eu moins de 48h pour s’organiser.
Tout au long de la route, les passants s’arrêtent pour contempler le cortège.
Pour saluer leurs collègues, des drapeaux sont brandis et une fois encore, les klaxons retentissent.
Dès 16h30, l’installation du blocage s’organise. Une minute de silence sera observée en mémoire d’une agricultrice et de sa fille, décédées le 23 janvier sur un blocage, en Ariège.
Bérénice Schwab, apprentie près de Nancy : « Le fond du problème aujourd’hui, c’est les normes qui nous sont imposées : les restrictions d’eau, les normes sanitaires quand on fait de la transformation… »
La police nationale a accompagné le cortège en aidant à la circulation, et en stoppant les automobilistes.
Franck Sander, président de la FDSEA67 : « Vendredi, il y aura des annonces du Premier ministre. Soit il nous donne du concret et c’est bon. Soit il n’arrive pas à rassurer le monde agricole et on continuera à se battre, on ne cédera pas. »
Outre les normes trop nombreuses et un accès à l’eau insuffisant, les agriculteurs dénoncent l’augmentation de l’importation de denrées alimentaires en France.
Pour faciliter le passage entre les deux voies bloquées, les barrières de sécurités sont démontées. Les Jeunes Agriculteurs se sont passés le mot : ils veulent bloquer sans dégrader.
Pour passer la nuit, un stand de vin chaud est monté, aux côté d’un camion-bar et sous des tentes des sapeurs pompiers de Mussig.
À plusieurs endroits du blocage, des barbecues sont allumés. De la musique alsacienne est diffusée.
En fin de journée, 500 agriculteurs sont sur place et s’apprêtent à passer la nuit sur la route. Ils prévoient de poursuivre leur action jusqu’à jeudi 25 janvier, minuit.
Chargement des commentaires…