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À la manifestation contre la guerre en Ukraine, l’espoir d’un blocus économique européen

Plus de 3 000 personnes se sont rassemblées samedi 26 février à 15h place Kléber à Strasbourg pour manifester contre la guerre lancée en Ukraine par le chef d’État russe Vladimir Poutine. Des élus, des ressortissants ukrainiens et d’autres pays proches de la Russie appellent à un soutien diplomatique, militaire et matériel de l’Europe.

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Samedi 26 février place Kléber à Strasbourg, plus de 3 000 personnes se sont rassemblées à l’appel de l’association de la diaspora ukrainienne à Strasbourg, PromoUkraïna, pour dénoncer l’invasion russe de l’Ukraine. Des rassemblements similaires ont eu lieu dans plusieurs villes de France et d’Europe.

Borys Tarasyuk, ambassadeur et représentant permanent de l’Ukraine au Conseil de l’Europe, a pris la parole, en s’appuyant sur les haut-parleurs installés sur le balcon de l’Aubette. Il a remercié la Ville de Strasbourg pour avoir éclairé le centre administratif aux couleurs de l’Ukraine et rappelé que la veille, le Conseil de l’Europe avait exclut la Russie de tous ses droits de représentation au sein de l’assemblée européenne. Après avoir évoqué les victimes civiles de ce conflit, Borys Tarasyuk a averti Vladimir Poutine qu’il se retrouverait poursuivi par la Cour pénale internationale comme criminel de guerre.

À ses côtés, la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian a déclaré que la Ville de Strasbourg serait « aux côtés des Ukrainiens » et qu’elle « étudiera les possibilités d’accueil » des réfugiés ukrainiens. La maire a promis d’apporter une « aide matérielle et humanitaire aux zones touchées par le conflit ».

Des bombardements jour et nuit

Beaucoup d’ukrainiens parmi les manifestants ont toujours leur famille en Ukraine. C’est le cas de Sophia et Daniel. Originaires de Lviv, à l’ouest de l’Ukraine, les deux étudiants parlent de coupures d’internet incessantes qui empêchent de prendre des nouvelles :

« Notre frère a essayé de passer la frontière mais ils ne l’ont pas laissé passer parce qu’il a 30 ans (depuis le 24 février, les hommes ukrainiens de 18 à 60 ans ont l’interdiction de quitter le pays, NDLR). Ils entendent des bombardements tous les jours, même la nuit. On a très peur. »

Sophia, Daniel et leur père, originaires de Lviv en Ukraine, craignent pour leur famille restée là-bas. Photo : Rue89 Strasbourg / Danae Corte / cc

« Il faut que les sanctions de l’Europe soient très strictes »

Un peu plus loin, Alexandre reste bien proche de ses parents. Ils sont venus d’Ukraine il y a dix jours et ont échappé de justesse aux bombardements. L’ingénieur de 30 ans regrette une réponse timide de l’Europe face aux attaques :

« Il faut que les sanctions de l’Europe soient strictes. On a déjà demandé à ce qu’ils retirent la Russie du système monétaire Swift (un système international de transactions bancaires, NDLR.), mais l’Allemagne et d’autres pays européens font blocus. »

C’est aussi l’avis de Kateryna, 24 ans. Pour elle, ces manifestations sont un « appel à l’aide » adressé aux occidentaux :

« Le gouvernement russe peut supporter les sanctions, ce sont les gens ordinaires qui vont les subir. Ce qu’il faut, c’est une aide à l’armement de l’Europe ainsi qu’une aide humanitaire. Il faut aussi que les pays se préparent à accueillir les réfugiés. »

Devant le consulat de Russie, les manifestants proclament des slogans anti-Poutine. Photo : Danae Corte / Rue89 Strasbourg / cc

« Le peuple russe ce n’est pas le gouvernement »

Arrivés devant le Consulat de Russie, les manifestants proclament des slogans et accrochent des pancartes anti-Poutine. La veille, des croix gammées avaient été taguées sur la façade de ce bâtiment de la Neustadt par une personne voulant protester contre les attaques russes en Ukraine.

Anna est russe et souhaite modifier son prénom pour ne pas risquer de « stresser en allant voir ma famille » :

« Ici je suis en sécurité, en Russie ils arrêtent tous ceux qu’ils considèrent comme des opposants. S’ils cherchent des informations sur moi et qu’ils voient que j’ai participé à une manifestation, je peux me faire arrêter. Il y a déjà eu 1 700 manifestants arrêtés là-bas. S’ils vont dans la rue, ils font 30 jours en prison »

Elle regrette les liens qui sont faits entre le peuple russe et la propagande du gouvernement. C’est aussi l’avis de Lucia (prénom modifié), originaire du Kazakhstan, qui met en garde contre les fausses informations reprises des médias russes :

« J’ai vu passer un chiffre dans la presse locale qui dit que 70% des russes sont favorables à la guerre en Ukraine. Mais ces chiffres sont repris du gouvernement et des médias de propagande comme RT France ou Sputnik donc ils sont invérifiables. C’est Poutine qui veut la guerre, pas la Russie. »

La manifestation s’est dispersée vers 17h30.


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