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Marche blanche pour Sylvia Auchter : « On vit encore dans la peur »

Dimanche 17 novembre, plusieurs centaines de personnes ont participé à la marche blanche en hommage à Sylvia Auchter, victime du 131e féminicide en France depuis le début de l’année. Dans le cortège, plusieurs femmes ont témoigné de violences conjugales subies, et de l’inaction de la justice et des gendarmeries environnantes.

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« Moi aussi, mon mari me battait. » Patricia, 51 ans, est venue rendre hommage à Sylvia Auchter, victime du 131e féminicide en France depuis le début de l’année 2019. Mais Patricia veut aussi témoigner de son calvaire : « J’ai déposé plusieurs plaintes qui sont restées sans effet. Il me menaçait de mort et m’a même suivi jusqu’au travail. J’ai dû partir vivre 6 mois chez mes parents… » À Oberhoffen-sur-Moder, dans une marche blanche teintée de rose, la couleur préférée de Sylvia, la parole des victimes de violences conjugales s’est libérée.

« J’ai déposé plusieurs plaintes qui sont restées sans effet. » Il y a trois ans, Patricia, 51 ans, a aussi subi un calvaire, entre violences conjugales et inaction de la gendarmerie. (Photo Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc)

« J’espère qu’ils vont fouiller à la gendarmerie de Bischwiller »

« On est déjà passé à côté d’un féminicide chez nous. » Dans la rue où Sylvia Auchter est morte poignardée, Manon (le prénom a été modifié) raconte les violences conjugales subies par sa mère. Elle a déjà passé 4 heures à la gendarmerie de Bischwiller sans pouvoir porter plainte. « À 18 heures, un gendarme a fini par me dire qu’il allait fermer, raconte Julie, j’espère que les enquêteurs vont fouiller dans les dossiers de la gendarmerie de Bischwiller (l’inspection générale de la gendarmerie nationale a été saisie, ndlr). »

« On est déjà passé à côté d’un féminicide chez nous. », témoigne Manon, qui a tenu à garder l’anonymat, par sécurité.

Aujourd’hui, Julie ne vit plus avec son mari violent. Malgré le divorce, « on vit encore dans la peur. Il peut toujours nous retrouver », craint Manon, un dossard rose sur le dos. Ce témoignage fait réagir une jeune femme juste à côté. Cette mère célibataire de 24 ans a peur depuis que son ex-compagnon est sorti de prison : « Il continue de me menacer… »

« Il continue de me menacer… », dans le cortège, la parole se libère sur les violences faites aux femmes.

Manque de moyens dans la formation et l’accompagnement

Coprésidente de l’association Osez le féminisme 67, Barbara Rimlinger dénonce un manque de moyens « dans la formation des forces de l’ordre à l’accueil des victimes de violences conjugales. » La militante féministe demande aussi des financements supplémentaires pour l’hébergement et la protection des femmes battues.

« On ne veut plus compter nos morts. Ces féminicides ne sont pas une fatalité », clame Barbara Rimlinger, coprésidente de l’association Osez le féminisme 67.

Une vie pour les autres

Jacqueline, 58 ans, a tenu à venir soutenir la fille de Sylvia Auchter : « Stella a toujours été là pour nous lorsque ma fille a eu un cancer. » De même, Sylvia Auchter a travaillé toute sa vie pour les autres. Ces quinze dernières années, elle nettoyait les chambres et préparait les repas de personnes âgées ou handicapées à l’hôpital de Bischwiller.

Jacqueline a tenu à exprimer son soutien à la fille de Sylvia Auchter : « Stella a toujours été là pour nous lorsque ma fille a eu un cancer. »

« Il faudrait une révolution »

Sur le portail, devant la maison de Sylvia Auchter, une rose est attachée par un ruban : « Ne pas ouvrir. Pièces à conviction. » Mardi 12 novembre, le mari de Sylvia Auchter a été mis en examen pour meurtre sur conjoint. Il a été placé en détention provisoire. Le collectif Nous Toutes appelle à une mobilisation nationale à Paris samedi 23 novembre à 14h. Dans le cortège, une femme victime de violences conjugales conclut son témoignage : « Il faudrait une révolution là-dessus. »

Après avoir courageusement dénoncé l’abandon de sa mère par les pouvoirs publics, Stella Guitton est restée à l’écart des micros lors de la marche blanche.

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