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La préfecture lève les restrictions d’usage de l’eau potable à Saint-Louis

La préfecture du Haut-Rhin a levé les restrictions d’usage de l’eau dans l’agglomération de Saint-Louis. Elle estime que les concentrations en polluants éternels sont à nouveau inférieures aux limites réglementaires.

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En juillet 2025, l’agglomération de Saint-Louis a missionné l’entreprise Veolia pour traiter les zones de captage à Bartenheim et Hésingue.

Depuis avril 2025, dans l’agglomération de Saint-Louis, les « personnes fragiles » étaient interdites de consommer l’eau du robinet. Dans les supermarchés du territoire, situé au sud de l’Alsace, les enfants de moins de deux ans, les femmes enceintes ou en allaitement et les personnes immunodéprimées se rabattaient sur l’eau en bouteille. La préfecture du Haut-Rhin avait pris cette décision de restreindre l’usage de l’eau courante du fait d’une contamination excessive en polluants éternels (PFAS). Mais depuis le lundi 15 décembre, la consommation d’eau du robinet est à nouveau autorisée pour tous et toutes. Un communiqué conjoint de la préfecture du Haut-Rhin, de l’agglomération de Saint-Louis et de l’entreprise Véolia indique :

« À ce jour, la concentration totale du paramètre somme des 20 PFAS est inférieure à la limite réglementaire de 0,1 microgramme par litre dans l’eau distribuée aux 11 communes concernées par l’arrêté préfectoral du 25 avril dernier. »

Le passage par le rayon eau était devenu obligatoire pour les habitants de l’agglomération de Saint-Louis.Photo : Valentine Heitz / Rue89 Strasbourg / cc

Des unités mobiles de traitement

L’installation d’unités mobiles de traitement de l’eau a permis d’atteindre ces concentrations en PFAS inférieures aux seuils réglementaires. En juillet 2025, l’agglomération de Saint-Louis a missionné l’entreprise Veolia pour traiter les zones de captage à Bartenheim et Hésingue. Un mois plus tard, les campagnes de tests sur l’eau filtrée au moyen du charbon actif ont constaté que l’eau courante était à nouveau propre à la consommation dans les communes de Bartenheim, Hésingue, Kembs et Rosenau.

L’installation de six unités mobiles supplémentaires dans l’agglomération a permis d’aboutir à la levée globale des restrictions à Saint-Louis et dans les 11 communes de Saint-Louis Agglomération (Bartenheim, Blotzheim, Buschwiller, Hégenheim, Hésingue, Huningue, Kembs, Neuwiller, Rosenau, Saint-Louis et Village-Neuf).

Coûts totaux : 20 millions d’euros

La préfecture du Haut-Rhin, l’agglomération de Saint-Louis et l’entreprise Véolia estiment le coût des unités mobiles et stations de traitement à 20 millions d’euros au total. Ces frais seront notamment couverts par l’Etat via le fonds national d’aménagement des territoires (Fnad) et l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse qui prendra en charge deux millions d’euros. L’aéroport de Bâle-Mulhouse, dont l’utilisation de mousse anti-incendie a contribué à cette pollution aux PFAS, contribuera à 50% des coûts d’investissements, avec un plafond de 10 millions d’euros. La région Grand Est prendra aussi en charge 250 000 euros d’investissement. L’agglomération de Saint-Louis n’a pas encore précisé sa contribution à « l’équilibre financier de l’opération ». L’exploitation des stations de traitement coûtera 600 000 euros par an.

Le communiqué de la préfecture indique aussi que des investigations seront menées pour identifier la source de contamination et mettre en place « les mesures de maîtrise » :

« Elles incluent des campagnes de mesures sur les piézomètres existants, des prélèvements sur les bassins de stockage des eaux pluviales, l’analyse de l’historique d’usage de mousses anti-incendie sur la plateforme aéroportuaire et chez les industriels, ainsi que des actions complémentaires (piézomètres, carottages). »

Plainte et demande de suivi médical

Début août, 400 habitants de Saint-Louis avaient porté plainte pour « mise en danger délibérée de la vie d’autrui ». Les plaignants avaient rappelé les conséquences potentielles de cette exposition aux PFAS (comme par exemple les risques de cancer ou de stérilité). Ils dénonçaient la lenteur de communication concernant la présence de ces polluants éternels.

Dans une lettre ouverte à l’Agence Régionale de Santé Grand Est (ARS), le président de l’Association Des Riverains de l’Aéroport Bâle-Mulhouse (ADRA) Bruno Wollenschneider demande un « suivi médical de Saint-Louis » et la mise en place d’une étude épidémiologique sur l’impact des PFAS dans la santé. L’ARS n’a pour le moment pas répondu à sa lettre du 8 décembre.


#PFAS

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