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À la gare, 40 propriétaires rétifs au permis de louer

À partir du 1ᵉʳ mai 2026, les propriétaires du quartier Gare devront demander un permis à la Ville avant de louer leurs biens. Lors d’une réunion publique mardi 25 novembre, ils ont largement exprimé leurs inquiétudes face à ce dispositif.

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La réunion publique sur la mise en place du permis de louer dans le quartier Gare.

Rendez-vous était donné mardi 25 novembre à la médiathèque Olympe de Gouges pour la présentation du permis de louer aux habitants du quartier Gare. Dix minutes avant le début de la réunion publique, la salle est déjà comble. Une quarantaine de propriétaires et une dizaine de locataires attendent les élus de pied ferme. « Marie-Dominique Dreyssé va avoir cinq minutes de retard, je vous propose qu’on l’attende pour commencer. » La réponse fuse dans l’assistance, « non, on commence maintenant », suivie d’une série d’approbations à voix haute. Aurélien Bonnarel, élu en charge de l’expérimentation du permis de louer, se lance dans son exposé. L’ambiance est électrique.

Réponse en 30 jours

À partir du 1ᵉʳ mai 2026, dans le quartier Gare, les propriétaires privés de logement construits avant 2006 devront solliciter un permis de louer auprès de la Ville de Strasbourg. La demande devra être réalisée à la mise en location du bien ou à l’occasion d’un changement de locataire. Différents diagnostics (bilan énergétique, plomb, amiante, gaz, électricité) devront accompagner la demande en ligne. Sur la fois de ces déclarations, dans un délai de 30 jours, les services municipaux pourront autoriser la mise en location pour deux ans ou réaliser une visite du logement. En cas de problème d’insalubrité constaté, la location pourra être autorisée avec obligation de réaliser des travaux ou tout simplement interdite.

Aurélien Bonnarel, élu en charge de la mise en place du permis de louer.

« Nous voulons agir en prévention, avant que des locataires ne s’installent dans le logement et nous signalent les problèmes d’insalubrité », explique Aurélien Bonnarel. Le quartier Gare compte 5 149 logements concernés par le dispositif selon une étude réalisée par la municipalité. 10% d’entre eux poseraient des problèmes de dignité. L’expérimentation du permis de louer durera trois ans.

Une démarche supplémentaire pour les propriétaires

Arrive le temps d’échange avec le public, de nombreuses mains se lèvent. Un propriétaire prend la parole : « Quels moyens sont mis en place pour les contrôles ? Comment va-t-on procéder s’il y a trente jours de délai pour avoir votre réponse ? En un mois, les clients, ils vont partir. » Pascale Rouillard-Neau, cheffe du service hygiène et santé environnementale, prend la parole pour répondre :

« Le service hygiène connait les immeubles qui posent problème. Si votre immeuble est défavorablement connu de nos services, nous procéderons à un contrôle, sinon on validera les demandes. »

Son adjoint, Simon Le Goavec complète : « Il ne faut pas rester bloqué sur le délai de trente jours, c’est un maximum. » Pascale Rouillard-Neau reprend, « croyez-moi, on va aller très vite ».

Un logement insalubre quartier Gare.Photo : TV / Rue89 Strasbourg

« Pourquoi ne pas vous concentrer sur les logements indignes plutôt que d’embêter 90% des gens, c’est une injustice », tempête un homme qui se présente comme propriétaire dans le quartier. Dominique, lui aussi propriétaire, détaille son sentiment à l’exposé du permis de louer :

« C’est une couche administrative supplémentaire, on fait un papier pour avoir un papier et ainsi de suite. Tout cela est purement administratif. »

La cheffe du service hygiène rappelle que les diagnostics demandés dans la procédure sont obligatoires. Un homme lui répond sans attendre son tour de parole : « C’est quand-même du travail en plus. » Aurélien Bonnarel, rappelle l’enjeu du dispositif :

« Je l’admets, c’est une contrainte, mais vous participez à faire reculer le logement indigne. »

Informer et rassurer

Marielle Sturm, propriétaire, a découvert l’existence de permis de louer par les affiches annonçant la réunion publique. Si elle concède que la démarche lui parait bonne, elle s’inquiète de ne pas être autorisée à louer ses appartements classés F par le diagnostic de performance énergétique. « S’ils se basent sur le DPE, j’ai peur de ne pas pouvoir louer. Mes logements ne sont pas indignes, je vis dans l’un d’eux. » Une autre personne interroge la pertinence des pièces demandées par la ville :

« C’est un non-sens de se baser sur ces diagnostics obligatoires, vous ne verrez pas les punaises, les moisissures ou les rats. »

Pour le service hygiène, c’est le contraire. L’utilisation de ces diagnostics permettra de diriger efficacement les contrôles.

Une cinquantaine de personnes ont assisté à la réunion publique sur la mise en place du permis de louer dans le quartier Gare.

Annie Stoeckel est l’une des rares locataires qui assistent à la réunion. Elle trouve la mesure positive. « Je ne comprends pas l’inquiétude des propriétaires, ça ne peut qu’améliorer leurs biens et rassurer leurs locataires. » Aurélien Bonnarel, lui, s’estime satisfait des échanges de la soirée : « C’est notre rôle d’élus d’écouter les craintes et les interrogations des habitants et d’essayer d’y apporter des réponses. C’est pour cela que l’on rentre dans une phase d’information qui durera six mois. » Il tempère les inquiétudes exprimées par les personnes présentes : « On sait que 90% des propriétaires auront les autorisations. » Au cours de la soirée, il a, à plusieurs reprises, rappelé la cible de la mesure : les marchands de sommeil.


#insalubrité

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