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Echec du référendum : à Strasbourg, tout le monde est content

Cherchez l’erreur. Hier, dimanche 7 avril, le référendum sur la fusion des trois collectivités alsaciennes a capoté. La droite et les écolos étaient pour. La gauche était majoritairement contre. Mais à Strasbourg, qui a voté en faveur du Conseil unique à 70,95%, tout le monde trouvait des motifs de satisfaction. Le PS, parce le non l’emportait régionalement, l’UMP, l’UDI et EELV, parce que le oui s’imposait localement.

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DImanche 7 avril au matin, dans un bureau de vote de Strasbourg (Photo PF / Rue89 Strasbourg)

DImanche 7 avril au matin, dans un bureau de vote de Strasbourg (Photo PF / Rue89 Strasbourg)
Dimanche 7 avril au matin, dans un bureau de vote de Strasbourg (Photo PF / Rue89 Strasbourg)

A Strasbourg, dire que le référendum pour ou contre la fusion des conseils généraux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin et de la région Alsace n’a pas passionné les foules est un euphémisme. Seuls 27,22% des électeurs se sont déplacés. Ils ont voté « oui » à 70,95% (soit 18,73% des inscrits), « non » à 29,04% (7,66% des inscrits).

Deux camps se côtoyaient hier au rez-de-chaussée de la Maison de région à Strasbourg, commentant les résultats, reportant les responsabilités de l’échec du référendum sur le dos des uns ou les autres, de préférence (mais pas systématiquement) dans le camp adverse.

Pour l’UMP, « le PS n’a pas été entendu »

Dans la foule, papillonnent de nombreux élus et militants politiques, alsaciens et strasbourgeois. Parmi eux, l’on croise les trois prétendants de droite à la tête de liste aux municipales de 2014 dans la capitale alsacienne. Jean-Emmanuel Robert et Fabienne Keller (UMP), François Loos (UDI) et leurs équipes, ont fait campagne pour le « oui ». Si elle regrette le plantage alsacien du référendum, l’ex-maire de Strasbourg et sénatrice du Bas-Rhin Fabienne Keller est satisfaite des résultats strasbourgeois. Pour elle, ils sont le signe « de la faible influence du PS, qui a fait campagne pour le « non », sur la population ». Elle ajoute :

« Malgré une campagne d’affichage importante, malgré le fait que Roland Ries a annoncé qu’il voterait blanc, le « oui » l’emporte massivement à Strasbourg ! Si l’abstention est importante, dans les mêmes niveaux que pour des cantonales, elle s’explique en partie par une vraie perte de confiance et un discrédit des politiques après l’affaire Cahuzac. »

Un argument également brandi par Philippe Richert, président du conseil régional UMP et artisan du projet de fusion. Cette abstention n’a – bien sûr – rien à voir avec la complexité de la réforme proposée, la méconnaissance ou le désintérêt des Alsaciens pour leur fonctionnement institutionnel, l’incapacité des promoteurs du projet à désamorcer les craintes ou à fédérer les forces vives…

Le conseiller municipal de Strasbourg et conseiller régional UMP Pascal Mangin est quant à lui très sévère à l’égard du maire socialiste de la capitale alsacienne :

« Je trouve le comportement du sénateur-maire très en-deçà de l’enjeu. Le fait qu’il n’ait pas pris clairement position interpelle sur sa capacité à prendre des décisions. Je note aussi que les Strasbourgeois ont largement adhéré [ndlr : 18% des inscrits…] à la proposition d’évolution institutionnelle. Si ce n’est pas directement une mise en cause de l’équipe municipale, force est de constater que le PS, qui a appelé à voter non, n’a pas été entendu. »

Les écolos estiment avoir convaincu

Toujours pour le camp du « oui », les écologistes strasbourgeois voient aussi le verre à moitié plein. Outre Alain Jund, adjoint au maire EELV en charge de l’urbanisme, pour qui les résultats strasbourgeois sont « le seul motif de satisfaction » du référendum, Marie-Dominique Dreyssé, autre adjointe EELV en charge des questions sociales et conseillère générale du canton Gare, veut croire que « peut-être, les écolos ont convaincu ». Elle regrette néanmoins :

« Le temps de campagne a été largement insuffisant, le sujet était extrêmement compliqué et des arguments ont circulé, notamment dans les milieux syndicaux, sur un détricotage du droit national. Et puis la position du PS en Alsace, comme le symbolise celle de Roland Ries qui s’est un peu réfugié derrière cette problématique du siège, a été le flottement. »

Le PS du Bas-Rhin fier de ses positions « courageuses »

S’ils « ne crient pas victoire », les socialistes du Bas-Rhin trouvent tout de même matière à se féliciter. Paul Meyer, conseiller municipal PS de Strasbourg, rappelle :

« Moins d’un Strasbourgeois sur quatre a voté « oui ». On ne sabre pas le champagne pour autant, même s’il fallait du courage pour faire cette campagne du « non » alors que les sondages donnaient le « oui » largement gagnant. Dans la perspective des municipales, ce n’était pas évident… »

Pernelle Richardot, adjointe au maire PS de Strasbourg et conseillère régionale, qui a porté la voix du « non » dans de nombreux débats ces dernières semaines, analyse quant à elle :

« A Strasbourg, la gauche est allée voter à reculons, voire ne s’est pas du tout mobilisée. Ceux qui voudraient extrapoler demain [et faire de ce résultat un désaveu de l’exécutif en place] se trompent. Il s’agit d’une sur-mobilisation de l’électorat UDI et UMP et pas l’inverse. »

Le Parti de gauche avait « raison depuis le début »

Jean-Claude Val, co-secrétaire du Parti de gauche du Bas-Rhin, présent hier soir à la Maison de la région lui aussi, résumait les résultats en une phrase : « Nous avions raison depuis le début, on ne marche pas impunément sur le peuple ».

De façon générale, les partisans du « oui » estimaient hier que l’Alsace en prend, avec ce refus de la fusion, « pour 20 ans d’immobilisme ». Quand ceux du « non » revendiquaient la reprise de discussions sur « l’évolution nécessaire de nos institutions locales dans le cadre des débats sur l’acte III de la décentralisation » (Philippe Bies, député PS du Bas-Rhin).

Aller plus loin

Sur Rue89 Strasbourg : le Haut-Rhin refuse la fusion alsacienne


#Conseil unique d'Alsace

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