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L’Alsace en pointe sur l’impression 3D

Fabriquer des petits objets à l’aide « d’imprimantes » devient tendance. En Alsace, plusieurs entreprises se sont positionnées sur ce créneau porteur pour l’industrie, puisqu’il permet de réaliser rapidement des prototypes à partir de projets conçus sur ordinateur. A Strasbourg, AV Lab et Audeve 3D proposent de louer ces machines tandis qu’à Mulhouse, CAD Indus a installé la première imprimante 3D « bi-matière » de France.

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L’Alsace en pointe sur l’impression 3D

Jérôme Aubert, devant son four à 250 000€ (Photo PF / Rue89 Strasbourg)
Jérôme Aubert, devant son four à 250 000€ (Photo PF / Rue89 Strasbourg)

L‘impression 3D permet de créer des pièces ex-nihilo, sans usinage ni main d’œuvre, directement à partir de plans conçus sur ordinateur. On insère une clé USB dans une espèce de gros four et hop, une pièce en sort quelques heures après. C’est assez magique. Pour The Economist, c’est même la prochaine révolution industrielle.

Le procédé a permis de sauver un bébé de deux mois, en lui créant rapidement une prothèse. C’est beau. Mais l’impression 3D a aussi permis de produire des armes directement chez soi… C’est mal. Et entre les deux, il y a des entreprises comme Audeve 3D à Strasbourg ou CAD Indus à Mulhouse, qui louent les services de leurs imprimantes 3D aux entreprises. Car ces machines coûtent tout de même entre 200 et 500 000€, selon leur précision et les matières utilisées. Pour le grand public, des imprimantes 3D moins précises et plus petites existent à des tarifs entre 1 000 et 3 000€, comme le Replicator de Makerbot.

Vidéo de promotion d’Audeve 3D

L’âge des pionniers

Jérôme Aubert, le dirigeant d’Audeve 3D, détaille sa vision sur l’avenir de l’impression 3D :

« Depuis octobre 2012, c’est la ruée vers l’or et il y aura des morts. Mais je pense qu’il y a un marché dans les prototypes industriels et les maquettes pour les promoteurs immobiliers. Dans le premier cas, on peut proposer aux industriels de réaliser en quelques heures des pièces en résine polymérisée, sans qu’ils aient besoin de construire des moules ou d’usiner des pièces. Et dans le second cas, on peut produire une maison ou un appartement, en couleur, en poudre de céramique pour le client d’un promoteur. »

Mais l’impression 3D coûte encore cher : entre 200€ et 500€ pour des petites pièces simples et le modèle économique n’est pas stabilisé. Les matériaux employés sont souvent vendus exclusivement par le fabricant de l’imprimante, qui se ménage ainsi de bonnes marges sur un marché captif. Pour certains, ce développement calqué sur celui des imprimantes jet d’encre est un frein. Mais surtout, les temps liés aux traitements des fichiers 3D peuvent varier énormément, comme l’a douloureusement compris Christophe Poirier, qui a dû déposer le bilan de sa société Volume-Z créée en 2010 :

« Les fichiers envoyés aux machines doivent quand même être de bonne qualité, « étanches » comme on dit. C’était rarement le cas pour les fichiers en provenance de designers. Parfois, on me donnait juste une photo. J’ai dû prendre beaucoup de temps pour retraiter les fichiers envoyés. Les factures gonflaient et les clients ne comprenaient pas. »

Plus inquiétant, des acteurs importants se positionnent déjà, comme Sclupteo qui livre par la Poste des objets dont on leur a envoyé les plans par Internet.

Première imprimante bi-matière de France à Mulhouse

A Mulhouse cependant, la société CAD Indus a misé une bonne partie de son développement sur l’impression 3D industrielle. La société a été l’une des premières à se doter d’une imprimante 3D en 2008 et elle vient d’acquérir la première machine « bi-matière » de France. Elle permet de produire en une passe des assemblages composés de pièces dures et d’autres souples. Gérant de CAD Indus, Thierry Schneider explique son choix :

« Si un client veut produire le prototype d’une roue, cette machine peut produire à la fois la jante et le pneu ! C’est un investissement lourd d’environ 240 000€ mais essentiel de mon point de vue. Nous sommes un bureau d’études. Fournir à nos clients une réalisation physique de leurs plans est un atout considérable. »

Vidéo : impression d’une jante

Démos au fab lab rue des Frères

Egalement à Strasbourg, les architectes et designers d’AV Exciter ont mis en place un « fab lab » (AV Lab) rue des Frères, où ils accompagnent les personnes qui auraient besoin d’une impression 3D sans vraiment savoir comment la créer. Ils disposent de petites machines qu’ils louent autour de 5€ de l’heure aux membres du fab lab, et réalisent parfois des démonstrations au grand public.

Plusieurs types d’imprimantes existent, en fonction des matières et des techniques utilisées mais toutes comprennent les mêmes formats de fichiers (STL), ce qui fluidifie la circulation de l’information et est peut-être la clé du succès de ce secteur. Certaines matières sont biocompatibles, autrement dit, elles peuvent être intégrées au corps humain. D’autres sont certifiées pour être utilisées dans l’aéronautique… Il est même possible de produire des pièces évidées, en utilisant une matière qui se dissout dans l’eau ensuite.

Une pièce de 10 cm sur 10 moyennement complexe est imprimée en à peine six heures. C’est la précision du trait qui détermine la durée. Ainsi une pièce produite en 14 mn avec un fil de 0,254 mm de diamètre prendra 1h30 pour être réalisée avec un fil de 0,12 mm. Mais ce ne sont que les débuts…


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