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Transports : Eschenlauer augmente la facture des écoles strasbourgeoises

L’attributaire du marché du transport des écoliers de Strasbourg a changé en 2015. Résultat : hausse des tarifs pour tout le monde ! 

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Un car Mercedes de la flotte Eschenlauer (Photo BusnPlanes / FlickR / cc)

Un car Mercedes de la flotte Eschenlauer (Photo BusnPlanes / FlickR / cc)
Un car Mercedes de la flotte Eschenlauer (Photo BusnPlanes / FlickR / cc)

C’est l’une des innombrables délibérations votées chaque mois lors du conseil municipal au point 1, sous le nom de « passation de marchés publics ». Considérées comme techniques et relevant des affaires courantes, ces décisions sont rarement examinées en détail et retenues pour les débats. Celle du 26 janvier 2015 concernait, entre autres, l’attribution des transports pour les sorties scolaires et périscolaire. Neuf marchés « sans montant minimal ni maximal », car ils dépendent des commandes passées par les écoles. Mais derrière cette attribution, c’est une facture plus salée que reçoivent les établissements.

De 3 à 16% d’augmentation en moyenne

Alors que le transporteur Kunegel, qui devient Transdev grand Est, assurait les sorties des élèves des écoles strasbourgeoises auparavant, Eschenlauer, du groupe Striebig, a remporté cinq lots dont celui des sorties pédagogiques à horaires variables. L’ennui, c’est que cette décision est applicable immédiatement. Et ce, même pour les projets déjà prévus et budgetés lors de la rentrée de septembre. L’adjointe au maire (divers gauche et élue sur la liste PS) en charge de l’Éducation, Françoise Buffet, regrette le manque d’intérêt des transporteurs :

« Les prix étaient anormalement bas avant, donc il y a eu un certain rééquilibrage. Cela se traduit par une hausse des prix en moyenne de 3% pour les déplacements dans Strasbourg et de 16% lorsqu’il s’agit d’un déplacement dans le reste du Bas-Rhin. Lors de l’appel d’offre, nous avons constaté peu d’intérêt de la part des transporteurs, qui estiment que c’est un marché peu intéressant financièrement. Il y a eu peu de candidats et des offres peu attractives. »

Dans les critères d’attribution, le prix  des prestations comptait pour 50% de la décision, suivis par valeur technique (35 %), le développement durable, c’est-à-dire les les performances environnementales (10 %) et l’insertion sociale des publics en difficulté (5%).

Dans certaines écoles, de 110 à 192€

À cette augmentation du prix, il faut ajouter la baisse, 3,5%, de la dotation transports aux écoles attribuées par la Ville de Strasbourg, qui a choisi de répartir ses sources d’économie dans tous les domaines pour faire face à la baisse des dotations de l’État. Les services de la Ville minimisent en affirmant qu’il s’agit de 0,10 centimes de moins par élèves. Cette dotation est identique pour les écoles publiques et privées.

Mais certaines écoles, à la réputation de bonnes payeuses, avaient des tarifs plus avantageux avec Kunegel, qui pensait conserver le marché. Or, pour utiliser la dotation de la Ville, les écoles sont obligées de passer par Eschenlauer et d’allonger la différence. Là où des trajets étaient budgetés à 110€, le devis est désormais de 192€ pour un simple aller-retour, sans immobilisation du car. Eschenlauer a décliné tout commentaire en renvoyant vers la Ville de Strasbourg pour toute précision.

À l’Académie de Strasbourg, une responsable pédagogique s’inquiète :

« Les budgets sont déjà très contraints. Les écoles les plus favorisées pourront continuer à organiser des sorties grâce aux contributions demandées aux parents, tandis que dans d’autres ce sera impossible. »

Donner plus de libertés aux écoles

Pour les élèves les plus défavorisés, le département du Bas-Rhin prend en charge leurs déplacements, mais cela relève de l’exception. Pour Françoise Buffet, la situation pousse à repenser l’organisation des transports et de l’école :

« Nous voulons donner plus de choix aux enseignants dans la gestion de leur enveloppe transports. Il faut arrêter que les déplacements soient pas systématiquement en car pour les écoles qui peuvent se rendre à pieds lorsque la piscine est proche. Ainsi, les écoles pourront utiliser leur dotation pour d’autres activités. Pour cela, il faut un nouveau statut juridique sur lequel nous travaillons. »

En septembre, ce sont les déplacements vers la patinoire, jadis pris en charge par Strasbourg, qui sont devenus payants. Les marchés publics des transports scolaires et périscolaires est passé pour un an, reconductible trois fois pour un année.


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