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Émerveillement total pour le hip hop métissé de Blockstop, en concert samedi

Blockstop revient avec un nouvel album. Pétris d’un hip hop assaisonné à la black music, les Strasbourgeois publient leur premier format long qui sera dévoilé sur la scène de l’espace Django Reinhardt le samedi 16 avril.

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Blockstop

Voilà peut-être la déclinaison musicale d’un kaléidoscope pris dans son acception étymologique. D’origine grecque, ce mot à tiroirs signifie littéralement «  regarder de belles images  ». Plus concrètement, ce tube inventé et breveté au XIXè siècle permet, grâce à un ingénieux jeu de miroirs, de réfléchir à l’infini le prisme de la lumière alors décomposée en de multiples couleurs. L’émerveillement est total et les combinaisons innombrables.

Un disque-mosaïque à l’identité métissée

Telle est la sensation émanant de Wake up in the Water, premier album long format de Blockstop à paraître le 15 avril (après deux EP’s publiés en 2010 et 2012, extraits à écouter sur Soundcloud et Bandcamp). En onze compositions ultra-rythmées et toutes aussi savoureuses les unes que les autres, ce disque-mosaïque ne se limite pas à une unique teinte.

Le septette, articulé autour de Mr. E, alias Eli Finberg, au chant et à l’écriture et Nicolas Schmidt à la batterie et aux compositions – avec Fabrice Toussaint au trombone, Jean-Yves Bender au saxophone, Alexandre Tissot aux claviers, Sébastien Kohler aux guitares et Denis Maire à la basse –, propose une balade en onze étapes  : une voie/voix principale (le hip hop) puis une foultitude de chemins de traverse à la tonalité jazzy ensuite mâtinée de soul, funk, blues-rock, électro, dancepop, swing manouche, reggae-dub, notes chaloupées ou discoïdes, synthés rétro-futuristes…

En somme, une identité métissée en phase avec l’époque ainsi qu’un propos qui va de pair. Illustration avec ce premier single, Dirty Hands, combiné à un premier clip tourné il y a quelques semaines à Strasbourg  :

Dirty Hands pointe le côté obscur des délinquants en col blanc qui exploitent et pressent les gueules noires d’aujourd’hui, mus par l’unique objectif du profit. Blockstop y dénonce les excès du capitalisme à outrance, fustigeant plus globalement les inégalités de notre monde.

Blockstop
le groupe strasbourgeois Blockstop (photo Bartosch Salmanski)

Le rap, la poésie et l’engagement

On retrouve cette fibre sociale engagée dans d’autres textes de Mr. E : For the Good of the Land par exemple, Whodunnit ? (qui s’attache à mettre en exergue certains médias manipulateurs et sans scrupule) ou encore Voiceless, titre porte-étendard des préoccupations de tous les sans-voix :

Porté par le flow puissant et les textes finement ciselés et toujours percutants de Mr. E, Blockstop trouve le juste milieu entre la création artistique poétique et l’engagement verbal sensé, profond et réfléchi. Et ce n’est pas un hasard si l’auteur des textes, MC new-yorkais ancré à Strasbourg depuis plus d’une décennie, impliqué dans divers projets artistiques (Art District, Caterva, Freez, Big Nowhere, Lingua Franca, Isma Hill ainsi que des ateliers d’écriture), voit en Casey et Oxmo Puccino des maîtres du rap hexagonal.

Biberonné au rap américain East Coast des années 80 et 90, il cite aussi Public Enemy, Mos Def, Notorious BIG, Pharcyde ainsi que The Roots (pour la diversité musicale et le constant renouvellement artistique). Le disque Wake up in the Water se pose d’une certaine manière en hommage à tout cela, avec son titre à entrées multiples symbolisant tant l’éveil et la prise de conscience que la survie sociale en gardant la tête hors de l’eau, sans cesse porté par une houle salvatrice qui préserve du naufrage total.


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