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Radicalisation : 80 dossiers « chauds » dans le Bas-Rhin

Les services de l’État dans le Bas-Rhin ont empêché une quinzaine de départs vers les territoires occupés par l’État islamique depuis le printemps 2014. Ils traitent environ 300 signalements pour « radicalisation », dont environ 80 préoccupants. Une quinzaine de Bas-Rhinois sont portés disparus en Syrie.

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Une scène à Paris (Photo Sevan Pehlivanian / FlickR / cc)

Mardi matin, le préfet du Bas-Rhin Stéphane Fratacci a dressé un rapide état des lieux sur les actions des services de l’État face à la « radicalisation ». D’abord sur le terme, il s’agit de déterminer si un individu change ses habitudes, ses choix alimentaires, son discours et ses fréquentations… Cette phase de « détection » repose sur la corrélation d’un ensemble de « signaux faibles », via une mise en réseau de tout une série d’acteurs, d’institutions et d’associations de terrain.

Cette mission est assurée par une « cellule de détection », qui veille 7 jours sur 7 à la préfecture du Bas-Rhin. Depuis sa création au printemps 2014, cette cellule a enregistré 740 appels de signalement (au numéro 0 800 00 56 96 ou sur www.stop-djihadisme.gouv.fr) mais ces profils sont loin d’être tous des terroristes en puissance. Bien souvent, des proches comptent sur la police pour les débarrasser d’un conjoint en instance de divorce par exemple, ou pour faire avancer plus vite un dossier de garde d’enfant.

Une scène à Paris (Photo Sevan Pehlivanian / FlickR / cc)
Une scène à Paris (Photo Sevan Pehlivanian / FlickR / cc)

30% de signalements à mettre à la poubelle

Ces dossiers constituent quand même 30% des signalements effectués, qu’il faut pourtant vérifier. De cette masse, il reste environ 450 signalements pour radicalisation jugés réels par l’administration. Et parmi eux, les services de l’État dans le Bas-Rhin ont identifiés environ 80 dossiers « chauds », particulièrement suivis mais qui ne peuvent pas être transférés à la filière judiciaire pour l’instant, tout simplement parce que ces personnes n’ont rien fait de répréhensible.

Les services de l’État ont donc largement fait appel à la voie administrative pour traiter une partie de ces signalements : « 85 perquisitions depuis juillet 2016 dans l’Est de la France, dont 3 ou 4 dans le Bas-Rhin » et actuellement, six personnes du département sont assignées à résidence.

15 à 20 départs, une douzaine de morts

Depuis la mise en place de cette cellule, la préfecture estime que 15 et 20 Bas-Rhinois ont rejoint les territoires occupés par l’Etat islamique. Parmi ceux-ci, dix à douze sont portés disparus, ou annoncés comme ayant trouvé la mort en Syrie. Mais, indique le préfet, « il ne nous est pas possible de confirmer des décès intervenus dans les zones en guerre ».

Grâce aux détections, aux signalements et au réseau mis en place par l’État, la préfecture est parvenu à empêcher le départ d’une douzaine de personnes, la plupart mineurs, grâce à des mesures d’interdiction de sortie du territoire ou des appels aux policiers des pays traversés, Allemagne, Autriche voire Turquie. Pour Stéphane Fratacci, il est crucial d’agir vite dès qu’un départ est détecté :

« Ça se joue à quelques heures… Dès que l’absence d’une personne est repérée, il ne faut pas perdre de temps pour qu’on puisse alerter nos correspondants en Europe et en Turquie. On a ainsi pu rattraper un jeune in extremis alors qu’il était déjà en Hongrie. »

Toujours selon la préfecture, les personnes qui composent les dossiers de radicalisation sont en majorité des hommes (75%), de 18 à 35 ans pour les deux-tiers. Les mineurs représentent moins de 10% des dossiers traités. Chargé de la coordination pour la préfecture du Bas-Rhin, Jean-Claude Herrgott remarque que les personnes concernées ont le plus souvent « une culture religieuse très faible » et qu’ils sont souvent en recherche d’eux-mêmes.


#Jean-Claude Herrgott

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