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Strasbourg mise sur la biomasse, énergie renouvelable, pour ses réseaux de chaleur

Le nouveau réseau de chaleur du quartier Wacken à Strasbourg est inauguré ce lundi. Les autres réseaux de la ville passent progressivement aux énergies renouvelables aussi, avec un gain espéré pour le consommateur.

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Strasbourg mise sur la biomasse, énergie renouvelable, pour ses réseaux de chaleur

Les entreprises Réseaux de chaleur urbains d’Alsace (RCUA), filiale de Réseau GDS, et EBM inaugurent ce lundi le réseau de chaleur Eco2Wacken à Strasbourg. Grâce à un système de tuyaux de 6,5 km, il doit alimenter en chauffage et eau chaude une quinzaine de sites entre la Maison du bâtiment et la piscine du Wacken. Avec 87% de son énergie tirée de la combustion de bois et de rafles de maïs et 13% tiré du gaz naturel, ce réseau est le plus vert d’Alsace.

Eco2Wacken est le délégataire de l’Eurométropole de Strasbourg, dont il va chauffer six sites pendant 23 ans. À côté, il propose des contrats commerciaux avec un engagement minimum de 15 ans. Ce nouveau réseau a mobilisé un investissement de 12 millions d’euros.

Fini les cheminées au fioul

Cet équipement va permettre de fermer les cheminées au fioul des bâtiments de France Télévision, de l’Armée, rue Kablé et de l’internat du lycée Kléber. Eco2Wacken desservira aussi le Rhénus jusqu’alors chauffé au gaz, les bâtiments du Crédit Mutuel, l’hôtel Mercure, la piscine du Wacken, le centre européen de la jeunesse, le Tennis club, le gymnase Ménora, le centre de réadaptation fonctionnel Clémenceau, le Palais de la Musique et des Congrès en complément de ses pompes à chaleur, et le Parlement européen pour son eau chaude sanitaire.

Il alimentera aussi le nouveau quartier d’affaire du Wacken et le futur théâtre Maillon. Le groupement commercial est aussi en négociation pour raccorder l’hôtel Hilton, et les futurs logements de la clinique Adassa et de la Maison du bâtiment. À terme, il devrait alimenter près de 600 logements.

Bois et rafles de maïs

La centrale biomasse d’Eco2Wacken, située rue Kablé entre l’arrière du lycée Kléber et le futur Parc des Expositions, est constituée d’une chaudière à bois, d’une chaudière à raves de maïs et deux chaudières au gaz naturel en cas de besoin. Une troisième chaudière au gaz a été installée en secours à la piscine du Wacken.

La centrale d'Eco2Wacken fonctionne déjà au ralenti depuis juin 2016. (Photo : Claire Gandanger / Rue89 Strasbourg / cc)
La centrale d’Eco2Wacken fonctionne déjà au ralenti depuis juin 2016. Le bâtiment a été conçu par l’architecte Alain Braesch. (Photo : Claire Gandanger / Rue89 Strasbourg / cc)

Concrètement ce système de chauffage va fonctionner grâce à un ballon d’eau chaude de 100 m3 situé à la centrale et à 150 m3 d’eau en circuit fermé dans les 6,5 km de tuyauterie du réseau.

Ce sont les Suisses d’EBM qui ont conçu la centrale, après une première expérience similaire à Saint-Louis, dans le Haut-Rhin. Les combustibles biomasses, 1 000 tonnes prévues par an, proviennent des forêts alsaciennes dans un rayon de 90 km autour de Strasbourg. Le bois fournira 70% de ce combustible, les rafles de maïs, 30%.

Le four à bois de la chaufferie du Wacken monte à une température de 850° C. Eco2Wacken espère commercialiser les cendres de ses combustibles biomasse pour en tant qu'engrais. (Photo : Claire Gandanger / Rue89 Strasbourg / cc)
Le four à bois de la chaufferie du Wacken monte à une température de 850° C. Eco2Wacken espère commercialiser les cendres de ses combustibles biomasse pour en tant qu’engrais. (Photo : Claire Gandanger / Rue89 Strasbourg / cc)

Un réseau extensible

Hervé Lamorlette, directeur général de RCUA, assure que le réseau du Wacken sera extensible :

« Grâce à une colonne vertébrale de deux tuyaux de gros diamètre partant de la centrale biomasse vers la place d’Haguenau et la piscine du Wacken, le réseau actuel est conçu pour pouvoir s’étendre dans l’avenir et se raccorder éventuellement à une future source de géothermie. »

Une centrale biomasse en novembre pour l’Esplanade et l’Elsau

Fin novembre, c’est le réseau de chaleur de l’Esplanade qui va se mettre au vert à son tour. En service depuis les années 1960, il dessert 15 500 équivalents logements grâce à ses 25 km de tuyauterie. Parmi ses bénéficiaires : la cité administrative, l’Université, le centre commercial de l’Esplanade, et depuis peu l’île Malraux et le nouveau quartier Danube.

En 2001, le réseau de l’Esplanade avait abandonné le charbon pour le gaz naturel, avec une centrale qui produisait « en cogénération » à la fois de la chaleur et de l’électricité. La nouvelle centrale biomasse d’Electricité de Strasbourg, située au Port autonome de strasbourg, va désormais alimenter le réseau à 70%. Elle représente un investissement de 42 millions euros pour le groupe d’électricité.

Vers une autonomie énergétique de l’Eurométropole

L’Eurométropole conduit une politique globale de transition énergétique sur ses réseaux de chaleur. Elle poursuit plusieurs objectifs, comme l’explique son service de communication :

« En plus de la dimension financière, il s’agit pour l’Eurométropole de Strasbourg de participer à l’effort commun de réduction des gaz à effet de serre et de lutte contre les pollutions et les changements climatiques. Enfin nous souhaitons aller vers une plus grande autonomie énergétique notamment vis-à-vis des pays importateurs de pétrole et de gaz, en assurant la transition vers des énergies plus propres, plus vertes, produites localement et favorisant les emplois locaux et l’innovation technologique. »

Le réseau Sud de Sénerval en suspens

Dans ce cadre, l’’Eurométropole voulait mettre l’accent sur un troisième réseau de chaleur vert : celui des quartiers Sud de la Ville, alimenté à partir d’octobre 2013 par l’activité d’incinération des ordures ménagères de l’usine Sénerval. Ces 12 km de réseau construits en 2013 devaient desservir 17 000 logements à la Meinau, au Neuhof, à Neudorf et à l’Elsau et éviter ainsi le rejet de 18 000 tonnes de CO2 par an dans l’atmosphère. Mais l’arrêt de l’usine Sénerval suite à la découverte d’amiante sur le site a mis cette avancée en suspens.

En attendant que l’usine du Rohrschollen soit à nouveau utilisable, normalement d’ici 3 ans, les sites desservis doivent se rabattre sur leurs modes de chauffage traditionnels. Les installations de chauffage antérieures avaient été maintenues pour pallier un tel problème.

Une DSP de transition à Hautepierre en attendant Fonroche

Il reste encore à l’Eurométropole à optimiser les réseaux de chaleur de Hautepierre et de l’Elsau. Pour l’heure, ces deux réseaux sont alimentés par des centrales à gaz. Ils ont abandonné définitivement le fioul lourd pour ne recourir qu’à du fioul domestique en appoint en périodes de grand froid, et en secours en cas de défaillance des chaufferies au gaz.

Le réseau de l’Elsau a été raccordé à celui de Sénerval en janvier 2014, pour recevoir une partie de ses besoins de l’usine. Son interconnexion avec le réseau de l’Esplanade lui permettra à partir de novembre de combler 27 % de ses besoins grâce à la centrale biomasse d’Electricité de Strasbourg. A terme, l’objectif est de porter cet apport à 50%. En activité depuis la fin des années 1960, le réseau de l’Elsau dessert aujourd’hui 14 000 équivalents logements dont la maison d’arrêt depuis septembre 2014. Il est exploité depuis 1998 par une filiale d’Electricité de Strasbourg.

Le réseau de Hautepierre, ouvert en même en temps que le quartier en 1971, dessert quant à lui 17 500 équivalents logements jusqu’au quartier des Poteries. En 2016, Dalkia a perdu son exploitation seule en délégation de service public, qu’elle avait depuis 45 ans, au profit d’un groupement entre elle, Réseau GDS, RCUA et Electricité de Strasbourg pour une « DSP de transition » de cinq ans. Le réseau de Hautepierre doit à terme abandonner le gaz pour être alimenté par le projet de géothermie profonde d’Eckbolsheim porté par Fonroche.


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