Notre reporter sur place indique que la manifestation « sauvage » est terminée. Il a pu constater l’interpellation de deux manifestants.
Contacté, le commissaire Laurent Braulio confirme le placement en garde à vue de cinq personnes. La plupart ont été interpellées pour avoir masqué leur visage, d’autres pour avoir eu en main une barre de fer. Une personne a aussi été arrêtée pour détention de stupéfiant.
La manifestation « sauvage » semble se terminer. Un groupe d’une dizaine de manifestants est arrêté pour un contrôle d’identité par la police.
Aperçu de la manifestation « sauvage » en cours dans le quartier Krutenau à proximité du campus universitaire.
Place du Maréchal de Lattre de Tassigny, la manifestation se disperse dans le calme. Les syndicalistes remballent drapeaux, enceintes et retirent leurs chasubles.
À quelques centaines de mètres, à côté de la cité administrative Gaujot, les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser le cortège qui a continué de manifester.
Une partie du cortège continue de déambuler en prenant la rue de Palerme. Ils arrivent devant la cité universitaire Paul Appel.
Place de la bourse, un important dispositif policier empêche la manifestation de continuer en direction de la place de l’Étoile.
La tête de cortège est arrivée place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, destination de la manifestation déclarée auprès de la préfecture.
« Il y a un monde fou. C’est un succès. Les salariés et les jeunes sont au rendez-vous. C’est ce qu’on attendait », réagit Laurent Feitsthauer, secrétaire général de l’Union départementale CGT. Le syndicat estime que la participation du jour se situe entre 15 et 20 000 personnes. Sur place, notre journaliste Thibault Vetter a estimé que le cortège comptait environ 11 800 participants. Aux alentours de 16h, la préfecture du Bas-Rhin donnait une estimation « non-consolidée » de 5 000 manifestants.
Dans le cortège, Mathilde Cybulski nous rapporte une manifestation haute en couleurs, pleine de pancartes aussi chiadées que percutantes.
Denis, 45 ans, a commencé à travailler à 15 ans sur les chantiers. Il est désormais salarié chez le constructeur CAF, anciennement Alstom Reichhofen. Le technicien de maintenance a commencé le travail à la chaîne en 2001 :
« Je me suis syndiqué à la CGT pour ça : la France qui se lève tôt, qui a mal au dos, qui paye ses impôts. Moi je me lève à 3h45, je fais 37 heures par semaine. Ça fatigue vraiment. Quand je rentre chez moi, je ne fais plus rien. J’ai pas la chance de pouvoir amener mes enfants à l’école. On nous demande toujours de faire des efforts. Je trouve ça très difficile. Il y a des privilégiés en France : il faut prendre l’argent là où il est. On est prêts à se mobiliser fortement pour ça maintenant, et pour revaloriser le monde ouvrier en général, dans la formation, les rémunérations, la protection des employés dans les usines… »
Deux orthophonistes, salariées en centre médicaux sociaux (CMS), manifestent pour des augmentations de salaire :
« Aujourd’hui, nos salaires sont complètement déconnectés de notre niveau de compétences. On a fait quatre ou cinq années d’études et on est payés comme des personnes titulaires d’une licence. C’est tellement dévalorisant que la plupart des orthophonistes ne travaillent plus dans les centres médicaux. Ils préfèrent travailler en libéral. Conséquence : les CMS manquent de personnels et de moyens. »
Étudiants et étudiantes forment un important cortège au sein de la manifestation.
« La lutte, la lutte, jusqu’à la victoire ! » Un important cortège s’élance au départ de la place de la République.
Chantha, salariée de la crèche du fossé des treize à Strasbourg :
« C’est un travail difficile. On porte des enfants. On les change. On doit être vigilants en permanence. Je gagne 1 400 euros par mois pour 35 heures. On est déjà fatigués et le gouvernement veut qu’on travaille encore plus. On a besoin de l’inverse… Là on travaille juste pour vivre. Si les ministres travaillaient comme nous, ils comprendraient qu’il faut une augmentation des salaires. »
Électricien chez Lohr industrie et syndiqué au sein de la CGT, Sahin revendique avant tout la démission d’Emmanuel Macron :
« Je veux qu’on retrouve une vraie démocratie en France. Suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, le président aurait dû donner le pouvoir au Nouveau front populaire. On aurait pu avoir des mesures pour améliorer nos conditions de travail et regagner des acquis sociaux. On exige l’abrogation de la réforme de retraites. Dans la métallurgie, des collègue autour de moi sont bousillés. Ils n’arrivent même pas à la retraite, ils meurent. Depuis le début de ma carrière, j’en connais une dizaine qui sont morts avant de partir en retraite dans mon entreprise. »
En tête de cortège, neuf syndicalistes – un représentant de chaque syndicat – portent la banderole : « Les sacrifices pour le monde du travail : ça suffit ! »
Marvin, employé de la brasserie Meteor, délégué syndical Force Ouvrière :
« On est sur un secteur en souffrance et en mutation, avec très peu de syndicalisme. À Strasbourg, on a une multiplication des restaurants d’investissement. Chez nous, on a entre 70 et 80 employés, avec un objectif de rentabilité avant tout. Je suis serveur. Je travaille sous pression, avec des horaires difficiles et en étant payé au SMIC. Dans le cadre de cette mobilisation sociale, on aimerait aussi demander des mesures nationales pour notre secteur, notamment sur les revenus. »
La place de la République se remplit peu à peu. Le cortège étudiant vient d’arriver au point de départ de la manifestation.
Il n’y a plus d’actions sur la voie publique à notre connaissance. Ce compte-rendu en direct reprendra à 13h30, pour donner la parole aux personnes présentes dans le cortège intersyndical strasbourgeois.
Une trentaine d’étudiants se sont rassemblé devant l’institut Le Bel sur le campus central de l’Université de Strasbourg pour un « atelier pancartes ».
Parmi les messages qui seront présentés dans le cortège : « Du fric pour les facs et les lycées, pas pour les patrons ni l’armée ».
Les étudiants doivent se rassembler dès 13h devant la présidence de l’Université de Strasbourg pour protester contre « la pression exercée sur les étudiants militants antifascistes ». Plusieurs étudiants font face à des procédures internes suite à des violences qui se sont déroulées sur le campus lors de la précédente année scolaire.
Un petit groupe de Bloquons tout a mis en scène un faux déménagement, avec comme objectif de bloquer la circulation automobile au niveau de la place de la Porte-Blanche, dans le quartier de la Gare de Strasbourg. L’action a duré une vingtaine de minutes avant que des dizaines de policiers n’interviennent.
Les participants ont été contrôlés mais pas interpellés. Un policier leur a cependant notifié que s’ils recommençaient, ils seraient gardés à vue pour « entrave à la circulation ».
Parmi les manifestants, l’une d’entre eux témoigne :
« L’objectif, c’était de faire une petite action détente, rassembler des gens qui voulaient faire quelque chose de tranquille, avec humour et légèreté. Des automobilistes râlaient et d’autres rigolaient avec nous, on a eu de belles réactions, des personnes qui nous aidaient, disaient qu’on avait oublié des choses et qu’on devait repasser… Les policiers étaient plus nombreux que nous, c’était impressionnant. On s’était dit que si la police arrivait, on partirait à la première sommation mais ils nous ont tout de suite tous et toutes contrôlées. C’est un peu l’angoisse. »
Après un rendez-vous à l’Agence régionale de santé, les pharmaciens mobilisés se rendent au siège de la Caisse primaire d’assurance maladie, rue de Lausanne, puis à la préfecture du Bas-Rhin, où ils doivent être reçus.
Environ 120 pharmaciens et pharmaciennes sont réunies devant la cité administrative Gaujot à l’Esplanade pour protester contre un arrêté du gouvernement pris le 4 août réduisant les remises sur les médicaments génériques. Ils portent des gilets jaunes « Pharmacie en danger, santé menacée ». Le rassemblement est calme, surveillé par une dizaine de policiers postés de l’autre côté de la voie.
Claude Windstein est pharmacien et maire de La Petite-Pierre :
« La loi autorisait 40% de remise sur les médicaments génériques, ce qui faisait une part de notre rémunération. Le gouvernement a pris la décision de la baisser progressivement pour arriver à 20% au 1er juillet 2027. La conséquence sera la fermeture des petites pharmacies, surtout celles en milieu rural. Il y aura des licenciements partout. »
Interrogé sur la participation des pharmaciens au mouvement intersyndical d’aujourd’hui, Claude Windstein précise :
« La manifestation est prévue depuis juillet. Les kinés, orthophonistes et orthoptistes vont bientôt arriver pour nous soutenir. On s’est rassemblé ici ce matin parce qu’on a besoin d’une visibilité à part, pour que les gens identifient bien nos revendications. Mais nous partageons le sentiment de ras-le-bol qui amène à la manifestation de cet après-midi. »
La préfecture du Bas-Rhin a pris un nouvel arrêté pour autoriser l’utilisation de deux drones au dessus du centre-ville de Strasbourg cet après-midi.
Cet arrêté n’a pas été contesté devant le tribunal administratif de Strasbourg. Un arrêté similaire pour la journée du 10 septembre avait été attaqué mais autorisé par le juge des référés le même jour.
Il n’y a plus d’action en cours sur la voie publique selon nos informations.
Quelques manifestants de Bloquons tout se sont rendus sur le pont de l’Europe au port du Rhin. Mais ils ont là aussi été accueillis par un important dispositif policier. Le blocage de la circulation a été empêché, alors que les personnes présentes sont contrôlées.
Selon des témoignages, trois lycéens auraient été interpellés par les policiers devant le lycée Kléber et emmenés à l’hôtel de police.
Après vérification auprès de la police nationale, ces lycéens ont été remis en liberté après une vérification d’identité, parce qu’ils n’avaient pas leurs papiers sur eux au moment du contrôle.
Alexis, lycéen à Kléber, détaille :
« On est arrivé vers 6h30 devant le lycée pour choper des barrières et ce qu’il faut pour bloquer. Cinq minutes après, il y avait déjà une fourgonnette de police qui nous guettait. Au fur et a mesure, on était une vingtaine de personnes à proximité du lycée, sur le parking de France 3. Une voiture de police banalisée est arrivée devant nous. Les flics ont contrôlé et vidé les sacs. Trois autres voitures sont arrivées. Ils nous on dit “On se retrouve cet aprem !”. Après les gardes à vue de la semaine dernière, ils continuent d’essayer de nous faire peur. Mais on est révolté, c’est pas avec la répression, en gazant, que ça va nous décourager. »
Luana, une lycéenne, poursuit :
« Moi, ils m’ont pris ma bombe de peinture et mon marqueur en me demandant de venir les chercher à l’hôtel de police. Ils ont pris ma carte d’identité en photo et m’ont dit que ça suffirait pour récupérer les affaires. Que n’importe qui pouvait les récupérer en donnant mon nom, qu’il faudrait d’autres preuves d’identité. J’ai refusé de donner plus. »
Des policiers ont été déployés en faction devant des lycées de Strasbourg, avec le même objectif de prévenir d’éventuels blocages.
Une manifestante voulait participer à l’action place de Haguenau. Elle témoigne :
« La semaine dernière (le 10 septembre, NDLR) c’était déjà bien tendu. On a fini par attendre des copains au commissariat pendant 24 heures. Ce matin, je suis arrivée place de Haguenau avec une trentaine de personnes. Les flics couraient déjà partout. J’ai la flemme de me faire courser et finir en garde à vue. J’ai renoncé, j’ai été ultra surprise par le dispositif mis en place. Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait des blindés. C’est l’escalade : ils ne respectent pas la démocratie par leurs choix, donc on veut se mobiliser, faire des actions et ils sortent des blindés… La semaine dernière, on a juste bloqué la circulation pendant quelques minutes et déplacé des barrières… C’était déjà trop : ils veulent juste qu’on se taise. »
La gendarmerie a déployé ses véhicules blindés place de Haguenau. Ce déploiement de force fait renoncer quelques dizaines de manifestants épars, qui n’auront jamais réussi à se rassembler.
La police nationale a déployé un nombre important d’agents autour de la place de Haguenau pour prévenir tout risque de blocage de la M35 ou d’autres axes routiers. Des opérations de recherche d’éventuels manifestants sont menées.
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