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Marchés publics : d’où sont les entreprises attributaires en 2014

Nouvelle plongée dans les marchés publics de la Communauté urbaine en 2014, avec cette fois-ci le détail de la localisation des entreprises qui ont remporté les appels d’offre. En bref, où est allé l’argent ?

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Les 63 millions d’euros de marchés publics attribués en 2014 se sont répartis sur 843 contrats. Ces derniers ont été remportés pour leur très large majorité par des entreprises bas-rhinoises.

La carte ci-dessus permet de situer ces entreprises par groupement de communes, et de connaître les détails des contrats qui y ont été attribués (les colonnes du tableau peuvent également être triées en cliquant sur leur titre).

Les entreprises hors Alsace sont surtout des spécialistes

Près de 28 millions d’euros attribués concernent des entreprises localisées dans la CUS, devenue Eurométropole en janvier. Mais du côté des gros marchés publics, certaines entreprises non-alsaciennes ne sont pas en reste. C’est le cas par exemple de la firme ardéchoise Faun Environnement, qui a fourni six châssis de poids lourds pour un total de plus d’un million d’euros. On peut également citer Sanichauf, entreprise de Sarrebourg, qui a été payée près d’un million et demi d’euros, suite à un contrat pour le réaménagement de la piscine de Schiltigheim.

Les contrats moindres décrochés par des entreprises situées dans d’autres régions concernent pour la plupart l’acquisition d’équipements spécifiques.  C’est le cas d’une entreprise de la Drôme qui a fourni 60 isoloirs pour les élections, avec un contrat de plus de 17 000 euros, ou d’une firme vendéenne qui a été payée 55 000 euros pour la pose de neuf couvertures de fosses. Quelques dépenses culturelles sont également présentes, comme avec la Compagnie Catherine Delattres, originaire de Rouen, qui a été payée 40 000 euros pour deux spectacles interprétés en 2014.

80 000 euros pour la promotion du Forum de la démocratie

Pour les contrats intermédiaires hors d’Alsace, on trouve des spectacles d’ampleur, comme celui remporté par une entreprise du Tarn pour mettre en valeur la Cathédrale durant l’été (près de 200 000 euros), mais également de menues dépenses de communication. Du côté de Paris, le plus gros contrats concerne la valorisation de l’image de la CUS lors des Internationaux de tennis (plus de 155 000 euros), assurée par une agence spécialisée dans le marketing sportif. Une opération publicitaire dans le journal Le Monde pour promouvoir le Forum de la démocratie a quant à elle coûté plus de 80 000 euros.

Dans la région, les sommes et le nombre de contrats remportés s’amenuisent assez logiquement lorsqu’on s’éloigne de Strasbourg. En réalité, on observe un phénomène de régulation selon les montants des marchés. Bruno Koebler, chef du service des achats et de la commande publique à l’Eurométropole, en explique les rouages :

« Les entreprises éloignées ne répondront jamais à des petits marchés, parce que le coût de transport leur reviendrait beaucoup trop cher. Du coup, ces marchés courants, à faible montant et à très forte concurrence, ont tendance à être remportés par des entreprises locales. »

L’allotissement comme moyen d’aider les petites entreprises

Chantal Cutajar, adjointe au maire de Strasbourg chargée des marchés publics, insiste quant à elle sur le découpage des marchés en lots :

« On ne peut pas favoriser des entreprises locales, c’est un délit pénal particulièrement grave. En revanche, on peut faciliter l’accès des petites entreprises à la commande publique grâce à l’allotissement. En cloisonnant un vaste marché en plusieurs prestations, des firmes qui n’auraient jamais pu y accéder avant peuvent maintenant se présenter. »

Et l’observation des contrats remportés par des entreprises situées dans l’Eurométropole permet d’observer une assiette de montants très large : certains lots se chiffrent à un peu plus de 10 000 euros, quand d’autres sont plus proches des 200 000 euros.

Autre avantage de l’allotissement, celui de réduire les coûts et d’obtenir des délais d’exécution les plus optimaux possibles. Chantal Cutajar développe cette idée :

« Si un marché public regroupe des prestations trop larges, l’entreprise attributaire va avoir tendance à sous-traiter, ce qui risque de faire augmenter les coûts mais également les délais d’exécution. Nous effectuons un important travail pour bien cloisonner les différents périmètres d’intervention et mieux connaître le secteur concurrentiel. »

Les marchés les plus élevés remportés par des entreprises locales concernent pour la plupart des travaux. Le plus gros marché de 2014 revient à SPIE Est, qui a effectué pour près de 2,8 millions d’euros de travaux de mise aux normes du tunnel de l’Étoile. L’entreprise Juki Génie climatique à Still s’est aussi distinguée, en remportant en six contrats plus d’un million d’euros, notamment pour l’aménagement des entrepôts Seegmuller.

La distance et le coût carbone : un critère d’importance

Plus à l’est, c’est Eurovia Alsace, filiale de Vinci basée à Molsheim, qui a obtenu un peu plus de 2 millions d’euros, notamment suite au réaménagement de la rue du Maréchal Lefebvre. On trouve également l’antenne strasbourgeoise du groupe d’ingénierie Artelia, qui a gagné un peu plus de 100 000 euros en cinq contrats, ou l’entreprise Jantzi, qui a décroché un contrat de près de 360 000 euros pour la rénovation du Palais des fêtes.

Les travaux publics sont d’ailleurs un domaine de marchés où le « coût carbone » a une importance croissante pour l’évaluation d’une candidature. Certaines entreprises du coin peuvent se distinguer, même si côté Eurométropole on insiste bien sur le fait que la distance n’est pas le seul critère retenu, et que le type de transport est pris en grande considération. Autres points revendiqués par la collectivité : le traitement au cas par cas des différents marchés, et la transparence de ses critères d’évaluation, que ce soit le prix, les délais ou l’impact environnemental.

Aller plus loin

Sur Rue89 Strasbourg : Marchés publics (1/3) : ce que la CUS a dépensé en 2014


#Chantal Cutajar

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