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Législative partielle : le PS peut encore gagner une élection

La législative partielle de Strasbourg a livré son verdict à l’issue d’un premier tour marqué par l’abstention. Seulement 22,28% des Strasbourgeois appelés à voter se sont déplacés dimanche 22 mai. Éric Elkouby (PS) vire largement en tête (30,48%) et doit éviter un scénario catastrophe pour devancer Jean-Emmanuel Robert (LR), distancé de 11 points, dimanche 29 mai.

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Législative partielle : le PS peut encore gagner une élection

Les législatives partielles mobilisent rarement et celle de Strasbourg n’a pas dérogé à la règle. À ce jeu, Éric Elkouby (Parti socialiste), ancien attaché parlementaire et suppléant d’Armand Jung a su mobiliser ses soutiens et rassembler plus de 30% des votants (4 288 voix) face à 13 opposants. Un score plutôt favorable par rapport aux projections qu’avaient imaginées le PS.

Éric Elkouby « Je suis un homme libre »

Face à lui au second tour, Jean-Emmanuel Robert (Les Républicains), qui incarne une ligne droitière de son parti, a souffert de la division de la droite et du centre. Si on additionne ses 19%, aux voix de Laurent Py (UDI – 7,64%) et de Guillaume d’Andlau (sans étiquette mais au profil centriste – 5,97%) on arrive au total de la liste de centre-droit conduite par Philippe Richert (LR-UDI-Modem) aux régionales (32% en décembre).

Les résultats de la circonscription

Pour espérer créer une surprise, le conseiller municipal d'opposition devra mobiliser des abstentionnistes. Même dans l'hypothèse d'un report total des suffrages FN-UDI-Unser Land et de Guillaume d'Andlau, les 50% ne sont pas atteints. L'écart de 1 615 voix correspond à 2,5% du corps électoral.

On peut donc imaginer que Jean-Emmanuel Robert sera offensif entre les deux tours, tandis que son concurrent essayera d'éviter les faux-pas. Sur son compte Facebook, le candidat de droite a publié qu'il allait "consacrer cette dernière semaine de campagne à mobiliser, à rassembler, à essayer de convaincre encore et toujours."

Les résultats par bureaux de vote

Côté parti socialiste, on se réjouit à l'unisson de ce résultat encourageant, rare par les temps actuels (à la législative partielle dans les Alpes-Maritimes, le PS est arrivé quatrième avec 6,5% des voix). Pour le seul député PS du Bas-Rhin en fonction Philippe Bies, "ce résultat montre qu'il n'y a pas d'alternative à gauche, contrairement à ce qu'on essaye de nous faire croire depuis des mois."

Le maire de Strasbourg, Roland Ries, s'est aussi félicité du score, qu'il voit comme un satisfecit de la politique municipale.

Pour le maire Roland Ries, un satisfecit municipal

Anne-Pernelle Richardot (PS) appelle au rassemblement de la gauche

Même son de cloche pour la première secrétaire départementale, Anne-Pernelle Richardot qui a aussi souligné le faible score "de la gauche donneuse de leçons et qui fait moins de 5%".

Les écolos gardent leurs distances

Mais les appels du pied n'ont pas été entendus. Les écologistes, alliés au PS au sein de la municipalité Strasbourgeoise, ne soutiennent aucun candidat au second tour. En réponse, Éric Elkouby a affirmé être prêt à discuter de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim ou des parcs naturels urbains, dossier qu'il porte en tant qu'adjoint au maire.

Le candidat d'Europe Écologie Les Verts (EELV), Simon Baumert rappelle qu'il s'agit avant tout d'une élection nationale :

"Sur les grands dossiers, le libéralisme, le GCO, le 49-3, le nucléaire, il n'y a pas de différence entre les deux partis encore en lice. Cela va peut-être créer des tensions et des pressions au niveau local, mais il faut réfléchir à pourquoi on décide cela. Un partenaire, ça se respecte."

Le même cas de figure s'était produit lors de l'élection partielle de Loire-Atlantique en avril, ce qui n'avait pas empêché le candidat socialiste d'être élu au second tour.

FN et écologistes, seules formations à progresser... en pourcentage

Les écologistes, qui remportent deux bureaux de vote dans le quartier-gare, sont la seule formation à progresser avec le Front national par rapport au premier tour de l'élection de 2012. EELV passe de 6,60% à 9,26%, et le Front national  de 9,4% à 10,4%.

Andrea Didelot (FN) se satisfait de ce score, quoique bien inférieur à celui de Florian Philippot en décembre (16%) :

"Ce sont des scrutins différents et il y avait une possibilité de gagner en décembre, là où c'était plus difficile cette fois-ci. On s'attendait à une progression dans un contexte où le PS et Les Républicains s'écroulent. En passant les 10%, on montre qu'on est la troisième force alternative avec laquelle il faudra composer il faudra dans le contexte municipal pour s'opposer à la politique socialiste, vu que la droite ne le fait pas. Quant au soutien à un candidat, j'aurais pu me poser la question, mais aux départementales en 2015, Jean-Emmanuel Robert avait appelé à voter Éric Elkouby (plus précisément, il n'avait pas donné de consigne de vote, mais indiqué à titre personnel qu'il voterait pour lui face au FN, déjà Andréa Didelot, ndlr). C'est bonnet-blanc et blanc-bonnet."

Pour le politologue Philippe Breton, cette élection marque l'érosion des partis de gouvernement. Toujours par rapport à 2012, le PS chute de 42% à 30% des voix, L'UMP (devenue Les Républicains) de 28% à 19%.

Pour Philippe Breton, "une érosion des partis de gouvernement"

L'universitaire avait pronostiqué avec un collègue une victoire de la droite début mai, en se basant sur les résultats des autres élections partielles. Au vu des résultats, il estime que le candidat de droite "n'a pas su rallier son électorat", aussi bien que ses homologues ailleurs en France.

Autre observation, celle que Laurent Py et Guillaume d'Andlau ont tous les deux incarné une figure du renouveau au centre et ont sûrement divisés des voix d'électeurs très proches. Un constat que partage Laurent Py :

"Si on additionne nos voix on est à 13%, ce qui fait un rapport de 1/3 des voix de la droite et du centre. Notre score est honorable, même s'il n'est pas à la hauteur de l'engagement sur le terrain. On ne peut se satisfaire d'une telle participation, il faut amplifier les efforts qu'on a commencé avec des jeunes. Quant à la question d'un soutien pour un candidat, nous avons un bureau politique lundi à 17h qui tranchera la question."

Jean-Emmanuel Robert (LR) doit remonter 1615 voix dimanche 29 mai pour l'emporter, sous peine de voir ses ambitions politiques freinées par son camp à l'avenir (photo JFG / Rue89 Strasbourg)
Jean-Emmanuel Robert (LR) doit remonter 1615 voix dimanche 29 mai pour l'emporter, sous peine de voir ses ambitions politiques freinées par son camp à l'avenir (photo JFG / Rue89 Strasbourg)

Parmi les plus petites formations, Daniel Gerber tiré au sort par le collectif "Ma Voix", dont c'était la première élection, se classe septième (4,25%). Il devance des formations plus classiques comme le parti communiste (3,83%), les régionalistes d'Unser Land (3,82%), ou le jeune parti islamo-turc Égalité et Justice, au score anecdotique (2,99%), mais très bien placé dans quelques bureaux de Hautepierre (Murat Yozgat remporte celui l'école Karine avec 24% des voix).

Moins de 10% des électeurs ont voté pour les deux premiers

Ces scores deviennent très relatifs lorsqu'ils sont rapportés au nombre d'électeurs. Les deux finalistes totalisent 6,66%% et 4,15% des inscrits, soit moins de 10% ou de 7 000 voix à eux deux. Dans ces conditions, difficile d'apprécier la légitimité du député qui sera élu pour 378 jours dimanche 29 mai. Un constat qui "interpelle" toutes les formations. Pour quelles suites ?


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