La Loi Handicap de 2005, qui doit notamment permettre « l’égalité des droits et des chances des personnes handicapées », est encore largement inappliquée. C’est le constat de l’association APF France Handicap, qui organise une caravane militante devant déboucher jeudi 15 mai en une grande manifestation à Paris pour une « République inclusive ».
Lors de l’étape strasbourgeoise lundi 12 mai, Christian Meistermann, représentant de l’association APF France Handicap pour le Grand Est, a cependant reconnu de « réelles avancées ». Parmi elles, la création des maisons départementales pour les personnes en situation de handicap, qui doivent faciliter l’accès aux droits même si elles sont mises en cause pour leurs délais de traitement et leurs nombreux obstacles administratifs. Autre avancée de taille selon M. Meistermann, par ailleurs adjoint au maire de Colmar : la reconnaissance du handicap psychique. Seules 3% des personnes handicapées utilisent un fauteuil roulant, 80% des handicaps individuels en France sont invisibles selon l’association.
« Les établissements les moins mis aux normes sont les plus nécessaires au quotidien »
Catherine Bonigen, APF France Handicap Haut-Rhin
Mais pour Catherine Bonigen, représentante d’APF France Handicap 68, ces mesures ne suffisent pas car l’accessibilité pour tous et toutes n’est pas acquise. La Loi Handicap visait la mise en accessibilité aux personnes à mobilité réduite de tous les établissements recevant du public (ERP). En 2025, l’objectif n’est rempli qu’à moitié. Catherine Bonigen fustige « les municipalités et grandes enseignes récalcitrantes ». Elle regrette que « les établissements les moins mis aux normes sont les plus nécessaires au quotidien : commerces d’alimentation, pharmacies… »

L’Alsace meilleure que d’autres régions
Catherine Bonigen assure toutefois « qu’en Alsace, on est un peu moins mauvais qu’ailleurs ». La représentante pour le Haut-Rhin cite notamment les 84% d’écoles accessibles à Colmar. Vice-présidente en charge des solidarités à l’Eurométropole de Strasbourg, Marie-Dominique Dreyssé note que 51% des 442 ERP de la Ville de Strasbourg sont jugés accessibles par l’association en 2024, contre 12% en 2005. Quant à l’Université de Strasbourg, elle accompagne désormais 1 100 étudiants en situation de handicap via sa Mission Handicap contre 140 en 2009.
« On va être optimiste, 50% d’ERP accessibles en France, c’est pas mal », positive Christian Meistermann. « Reste à combler le fossé plus rapidement pour les 50% restants, parce que sinon moi je ne serai plus là », plaisante le représentant régional sexagénaire. Selon lui, la mise en application de la loi traîne à cause de la « frilosité » des interlocuteurs, qui bloquent sur le coût des mesures de mise en accessibilité et ce, malgré les aides de l’État, via le fonds territorial d’accessibilité.
Grands espoirs dans la sensibilisation du public
L’ensemble des intervenantes et intervenants de la conférence s’est accordé sur l’énorme besoin de formation des personnels des entreprises et des agents administratifs. Il y a encore des efforts de sensibilisation de la population à faire même si la notoriété des Jeux Paralymiques a permis de rendre plus visible le handicap. Catherine Bonigen en est convaincue : « La clé, c’est l’inclusion à l’école. » Elle ne s’est pas étendue sur les moyens financiers que demandent cette inclusion, largement manquants.
D’une manière générale, les délégués d’APF France Handicap ne demandent pas de nouvelles mesures, pas de nouvelle loi mais juste l’application effective de celle de 2005.



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