Le P-DG du groupe Carrefour, Alexandre Bompard, avait annoncé en janvier un plan de « transformation » qui précisait que l’entreprise allait se séparer de 273 magasins. Au mois de février, le quotidien Midi Libre révélait la liste confidentielle de 273 enseignes menacées de fermeture dans toute la France. Seules les boutiques Carrefour City et Carrefour Contact (commerces de proximité en zone urbaine et rurale) sont concernées. Entre temps, un point de vente avait déjà été repris.
Un seul point de vente en Alsace
La liste définitive a été communiqué ce lundi 4 juin lors du comité central d’entreprise de Carrefour et ne contient que très peu de changements. Aucune boutique n’a été ajouté à la liste et moins de magasins ont trouvé repreneur par rapport à ce qui était espéré. Résultat : sur 272 menacés de fermeture, 29 vont être repris ce qui concerne 195 salariés. Le plan de licenciement quant à lui s’adressera à plus de 2 000 salariés sur tout le territoire français. La direction espérait une cinquantaine de reprises.
Près de 59 supermarchés vont être fermés dans la région « Rhin-Rhône », mais l’Alsace qui en fait partie est épargnée. Seul le Carrefour Contact de La Broque situé dans la vallée de Schirmeck fermera ses portes le 30 juin ou le 13 juillet, après un important déstockage.
En Alsace, des anciennes Coop devenues Carrefour
Alors pourquoi les boutiques alsaciennes de l’enseigne ne semblent-elles pas souffrir autant économiquement que les autres ? Un des éléments de réponse pourrait être lié aux rachats des anciennes Coop Alsace en 2014. Près de 129 supermarchés de proximité ont été concernés.
Or, le plan de licenciement économique et les fermetures concernent uniquement les magasins Carrefour dits « de proximité » c’est-à-dire les Carrefour City et Contact, ex-Dia. Ces dernières années, le groupe a en effet opéré en l’espace de peu de temps une vente et un rachat des mêmes enseignes. En 2011, les boutiques ED détenues par Carrefour sont cédées à la marque de premiers prix Dia avant d’être rachetées seulement trois ans plus tard, en 2014. La gamme de produits en rayon a évolué en fonction, en passant d’une offre discount aux prix très bas, à des produits différents, aux prix plus élevés.
Les ex-Coop, une clientèle haut de gamme
Les supermarchés de l’entreprise Coop fondée et installée à Strasbourg depuis 1902, affichaient, à l’inverse du groupe Dia, des prix plutôt élevés. Le rachat par Carrefour aurait même davantage mené à une baisse des prix et la clientèle s’est donc mieux adaptée au changement d’enseigne.
L’unique enseigne bas-rhinoise (ex-Dia) quant à elle, n’échappera pas à la fermeture car aucun repreneur n’a été mentionné pour l’entreprise. Les salariés devraient commencer à recevoir leurs lettres de licenciement vers la fin du mois d’août. Ils seront « dispensés d’activité », une fois le magasin fermé.
La responsable du magasin a indiqué en fin d’après-midi qu’elle n’avait toujours pas été informée en interne de la décision définitive du comité central d’entreprise concernant la fermeture de son établissement.
Une stratégie commerciale ratée
Selon Sofiane Zayani, représentant syndical FO du secteur Rhin-Rhône, cette opération financière dépourvue de stratégie commerciale a causé la perte des 243 supermarchés :
« Je travaille dans le groupe depuis longtemps et on a basculé de droite à gauche ces dernières années. Ils ne connaissaient pas le terrain, les boutiques ont perdu leur identité. On a pourtant alerté la direction pendant des années mais on ne nous a pas écouté. Le modèle économique ne convenait pas car on se retrouve avec des magasins qui ne répondent pas à la demande avec des prix qui on augmenté significativement et des produits auxquels les clients étaient habitués qui disparaissent. »
Des négociations ont été menées au cours des derniers mois et ont abouti à la signature de deux accords le 25 avril dernier par les syndicats FO, CGC-CFE et CFTC dans le cadre d’un PSE (Plan de Sauvegarde d’Emploi). Le premier stipule que la direction devra proposer à chaque salarié trois offres d’emploi (deux internes au groupe et une externe) le plus proche possible de son domicile. Le second concerne les départs volontaires a également été rallié par la CFDT. Il comprend l’accompagnement d’un salarié dans le cadre d’un projet personnel, des indemnités de 3 à 30 mois de salaire et des indemnités complémentaires avec un plancher minimum de 12 000 euros.
La direction a accepté une majorité des revendications des syndicats et les montants des indemnités qui ont été assurés sont au-dessus des dispositions légales.
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