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Budget 2026, hébergement d’urgence : les principaux points votés lundi 8 décembre

Le dernier conseil municipal de l’année, lundi 8 décembre 2025, a été dense. Point le plus important : le budget de la Ville de Strasbourg pour 2026, adopté malgré des échanges qui avaient des allures de débats entre candidats aux élections municipales.

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Budget 2026, hébergement d’urgence : les principaux points votés lundi 8 décembre
Le dernier Conseil municipal de la Ville de Strasbourg s’est tenu lundi 8 décembre.

Un conseil municipal un peu particulier, lundi 8 décembre 2025. Il s’agissait du dernier vote budgétaire du mandat de Jeanne Barseghian avant les élections municipales en mars 2026. L’ordre du jour a débouché sur l’adoption du budget 2026. Une motion a aussi été votée à l’unanimité pour le relogement de 30 personnes au foyer Jean-Jaurès.

Opposition contre le budget

À Strasbourg, le débat budgétaire a pris des allures de répétition générale avant les élections municipales. Dès l’ouverture, la majorité a resserré les rangs avec de nombreuses interventions d’adjoints pour défendre un budget que Jeanne Barseghian, la maire écologiste, présente comme un « cap assumé » malgré les « turbulences ». Elle revendique des investissements massifs dans les écoles, la petite enfance et la rénovation des équipements, au prix de travaux parfois impopulaires : « Personne n’aime les travaux, mais quand on aime sa ville on en prend soin. »

À ses côtés, Syamak Agha Babaei, premier adjoint aux finances a attaqué frontalement l’opposition, en dénonçant « la coalition de ceux qui veulent que rien ne bouge » et en rappelant la philosophie du budget de 2026 : « C’est un budget solide pour fabriquer une ville robuste (…) une ville qui regarde l’avenir sans détourner les yeux : réchauffement climatique, montée du fascisme. »

Face à cette défense, les oppositions, notamment celles candidates aux municipales entrent en campagne. Jean-Philippe Vetter (Les Républicains) a livré un réquisitoire alarmiste, accusant la majorité d’avoir fait exploser la dette : « Tous les voyants basculent au rouge. (…). Plus de 100 000 euros de plus de dette par jour depuis 2020. Jamais une majorité n’a autant endetté la Ville en si peu de temps. » Pierre Jakubowicz (Horizons) a dénoncé un mandat « qui n’aura jamais trouvé son cap », évoquant « une flamme de la Ville éteinte » et « un dépôt de bilan » politique. Dans l’opposition également, la socialiste Caroline Barrière a accusé la majorité d’être « les fossoyeurs des finances », tandis que Catherine Trautmann (PS) a reproché l’absence de planification sur la transition climatique et l’habitat.

Après plus de trois heures d’échanges, le débat sur le budget 2026 est finalement resté très mince. Difficile dans cette atmosphère largement électorale de mesurer ce qui pose réellement problème sur le plan financier, tant les prises de parole ont glissé vers des déclarations de campagne. La maire a fustigé des prises de parole « démesurées et caricaturales », rappelant que l’opposition avait voté « 75 % des délibérations depuis cinq ans ». Tous les groupes d’opposition ont voté contre ce budget estimant « faire mieux » s’ils gagnaient l’accès à l’hôtel de ville en mars 2026. Le budget a été adopté par 46 voix contre les 18 des groupes d’opposition.

Possible réquisition de l’hôtel Mercure

Annoncée le 5 décembre, une délibération d’urgence prévoit de débloquer 65 000 euros pour accueillir 30 personnes au foyer Jean-Jaurès, confié à l’association Les Petites roues. La Ville précise que l’hébergement sera réservé à des familles dont les enfants sont scolarisés à Strasbourg, en priorité les plus vulnérables. La mesure a été votée à l’unanimité, sans éviter les critiques. Rebecca Breitman (Modem, centre-droit) et Jean-Philippe Vetter (LR, droite) ont rappelé qu’une mesure d’urgence ne peut se substituer à une politique publique solide sur l’hébergement des personnes à la rue. « On a le sentiment d’être constamment en train d’éteindre des incendies », tance Jean-Philippe Vetter.

Pour la majorité, l’action insuffisante de l’État y est pour beaucoup. Jeanne Barseghian détaille :

« L’État a supprimé des places d’hébergement. Et même si on en a créée, il y a un effet de vases communicants. Il faut réformer au niveau national. Vous n’imaginez pas le nombre de courriers que j’ai envoyés au préfet pour qu’on ait un comité avec l’État. Je demandais qu’on puisse anticiper ensemble les besoins, pour qu’avec la CeA, la Ville, la préfecture et les associations de solidarité, on se mette autour d’une même table. »

Ce comité s’est tenu pour la première fois « il y a quelques jours », en présence du nouveau préfet, une « petite avancée » selon la maire, mais qui laisse l’urgence prévaloir. Elle a également proposé la réquisition de l’hôtel Mercure, actuellement vacant, à l’ancien préfet Jacques Witkowski :

« Il est indispensable que l’État réquisitionne un bâtiment. Il faut intervenir avant que les températures retombent. Cette gestion au thermomètre est indigne, absurde. »

En effet, des places d’hébergement en hôtel ne sont financées que lorsque le plan grand froid est déclenché par le préfet, en cas de températures très basses pendant plusieurs nuits de suite, mettant en danger les personnes sans-abri.

Tension autour des animaux liminaires

Vers 16h45, la maire presse d’accélérer le rythme, le conseil n’en étant qu’au point 15 sur les quelques 80 prévus. Les élus doivent voter des subventions pour des projets de sensibilisation des habitant·es des logements sociaux aux animaux liminaires (rats, punaises de lit…). Le débat va finalement durer près d’une heure et provoquer une suspension de séance d’une minute.

Rebecca Breitman (Modem) s’est emportée, en dénonçant le manque d’action de la majorité et raille l’idée qu’il ne faudrait plus qualifier ces animaux de « nuisibles ». Selon elle, Strasbourg ne prend pas le problème des rats au sérieux. Anne-Pernelle Richardot, élue d’opposition du Parti socialiste renchérit : « Rien n’a été fait à la hauteur du problème. »

Au tour de Benjamin Soulet, adjoint de la majorité, de défendre les campagnes de dératisation de la majorité, soulignant la collecte des déchets et l’enterrement des points de collecte comme mesures concrètes. Et de juger ce sujet constamment instrumentalisé. La tension monte, et Jeanne Barseghian accuse Rebecca Breitman de tenir des propos diffamatoires. Ce point aura finalement suscité plus de véhémence que le vote du budget…. Mais aura été voté à l’unanimité.

Le photovoltaïque au vote

Le conseil municipal a mis au vote un autre dossier clé de la séance qui n’a pourtant suscité aucun débat : le contrat de concession confié à la nouvelle Société publique locale (SPL) Strasbourg Énergies Renouvelables Eurométropolitaines (Sere), chargée de produire de l’électricité photovoltaïque. Pour Joris Castiglione (Parti Communiste), « il faut accélérer l’énergie bas carbone », en privilégiant un mix énergétique équilibré. Selon lui, c’est le cas avec ce projet. Syamak Agha Babaei, premier adjoint, a soutenu l’« un des éléments qui nous permettra dans la durée de diminuer notre facture énergétique ».

Le contrat, d’une durée de 30 ans à compter du 1er janvier 2026, prévoit un programme d’investissement initial de 10 millions d’euros, financé par la SPL. Les premiers sites identifiés concernent des toitures d’écoles, des bâtiments sportifs, des dépôts techniques et des parkings équipés d’ombrières, avec la possibilité de développer des installations sur des friches et des zones d’activités, voire de développer des projets d’autoconsommation collective.

50 000 euros pour un centre de santé

Côté santé, la Ville de Strasbourg a adopté une délibération visant à « renforcer l’accès aux soins de premier recours dans les quartiers populaires » en soutenant le Centre de santé communautaire de Cronenbourg. Ce projet, porté par l’association L’Île Aux Santés, proposera des soins primaires accessibles sans dépassement d’honoraires, des actions de prévention et de promotion de la santé, ainsi que des espaces d’accueil pour les femmes et enfants victimes de violences. Situé au 11 rue Augustin-Fresnel, dans un quartier considéré comme « désert médical », le centre va bénéficier d’une première subvention de 50 000 euros pour son projet immobilier, sur un investissement total estimé à près de 500 000 euros.

Lourd silence dans l’hémicycle

À 21h, trois élus d’opposition – Anne-Pernelle Richardot (PS), Rebecca Breitman (Modem) et Nicolas Matt (ex-Renaissance désormais allié de Jean-Philippe Vetter (LR) en vue des municipales de 2026) – ont interrogé l’exécutif sur le rapport Égaé. Dévoilé par Rue89 Strasbourg le 22 novembre, ce document retrace plusieurs mois d’alertes minimisées autour d’Hervé Polesi, ancien adjoint à la maire en charge de la coordination des élus de quartier. Rebecca Breitman interroge la méthodologie de l’enquête, qui n’a fait appel qu’à 16 entretiens.

Ce rapport révèle aussi des propos discriminatoire – à caractère raciste, sexiste, grossophobe ou visant la religion – tenus par des élu·es ou agents de la collectivité. « Qui les a tenus ? », demande l’opposition. Nicolas Matt insiste à de nombreuses reprises. La maire, Jeanne Barseghian, répond qu’elle l’ignore : « J’aimerais le savoir aussi. Si quelqu’un a quelque chose sur la conscience… Je vous écoute », lance-t-elle, provoquant un long silence dans l’hémicycle. Elle rappelle que toutes les alertes visant des élu·es seront désormais traitées de manière spécifique.

Deux motions votées

La majorité a présenté une motion de soutien au Plant Based Treaty, un appel international qui encourage les collectivités à favoriser une alimentation plus végétale, à protéger les écosystèmes et à soutenir des modèles agricoles plus durables. Elle a été adoptée à la majorité. Tout comme une motion pour renforcer la présence humaine dans les gares et rouvrir des guichets à Strasbourg et dans le Grand Est.

En parallèle, Pierre Jakubowicz (Horizons), a demandé au conseil de voter une résolution pour approfondir l’étude d’un rapport publié le 1ᵉʳ décembre 2025 par le Comité science, santé et société (C4S). Ce document alerte sur les difficultés croissantes rencontrées par les soignants, les services d’urgence et les patients dans l’Eurométropole, notamment autour des établissements du centre-ville, en lien avec les évolutions du stationnement, des sens de circulation, les travaux ou encore les restrictions de la zone à faibles émissions. Sa proposition a été rejetée.


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