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A la permanence du député, logement, emploi et l’espoir de passe-droits

Quand ils vont voir leur député, les citoyens ne parlent pas de politique. Ce qu’ils attendent d’un élu, c’est un logement, un emploi ou une aide face une administration tatillonne ou silencieuse. Avec l’idée bien ancrée que leur interlocuteur peut contourner les règles.

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Le bureau du député, lieu du dernier recours pour des personnes souvent sans réponse d'une administration (Photo PF)

Le bureau du député, lieu du dernier recours pour des personnes souvent sans réponse d'une administration (Photo PF)
Le bureau du député, lieu du dernier recours pour des personnes souvent sans réponse d’une administration (Photo PF / Rue89 Strasbourg)

Dans un appartement réaménagé de l’avenue Jean-Jaurès à Neudorf, le député Philippe Bies reçoit en ce lundi après-midi estival. A 14h30, déjà deux personnes attendent dans une entrée sobrement décorée : une photo officielle de l’Assemblée nationale, une reproduction du décret de 1792 abolissant la royauté et la déclaration des Droits de l’Homme pour faire bonne mesure. Ici, c’est la République pour ceux qui en douteraient.

Mais pour ceux qui rendent visite ce jour-là au député socialiste de la deuxième circonscription du Bas-Rhin, la République est bien lointaine. Ainsi Badia cherche un emploi et se désespère. Son père Jaouad l’a emmené rencontrer Philippe Bies :

« On est du Port-du-Rhin, on le connaît bien, il vient aux réunions du quartier. On a voté pour lui, c’est notre député. Ma fille cherche un emploi de secrétaire administrative ou d’agent d’accueil. Mais il y a toujours des obstacles, toujours. On a envoyé des courriers, répondu à des annonces, et toujours rien depuis des mois. Peut-être que M. Bies pourra faire quelque chose… »

Badia et Jaouad n’en doutent pas, le député trouvera un emploi pour la jeune femme. Comment ? Ils ne répondent pas et préfèrent penser que l’élu implanté à Strasbourg depuis 2004 saura puiser dans son réseau la solution que Pôle Emploi semble incapable de leur fournir. Philippe Bies est habitué à ces demandes. Pour cet ancien adjoint au maire et conseiller général du canton de Neudorf-Meinau, recevoir les citoyens lors de permanences ne date pas d’hier :

« Les gens semblent penser qu’on a une baguette magique. Mais on ne peut guère agir sur les besoins d’emploi. Souvent, ces personnes ont besoin d’un peu d’aide dans leur recherche, que leur dossier soit transmis à la bonne personne. On est un peu gare de triage, assistant social… Parfois, ça débloque la situation, parfois non. Mais depuis que je suis élu, je n’ai jamais proposé qui que ce soit au service des ressources humaines de la CUS, ce serait d’ailleurs très mal interprété. »

L’élu aux pouvoirs inconnus

Très mal interprété, ça dépend par qui. Sans le dire clairement, les personnes qui ont sollicité l’aide du député ce jour-là ne verraient aucun problème à ce qu’il s’arrange avec la loi et les règlements pour répondre à leurs demandes. Ainsi, une mère de famille doit déposer ses deux enfants dans deux écoles différentes. Elle a demandé une dérogation à la Ville pour l’un d’entre eux, qui lui a été refusée. M. le député peut-il faire quelque chose ? Il transmettra à la commission de recours.

Barthel, lui, cherche un logement social moins cher que celui qu’il occupe actuellement, tout en restant dans le même quartier. Tous ses courriers auprès d’Habitation Moderne sont restés lettre morte. Philippe Bies, président d’Habitation Moderne, ne pourrait-il pas intervenir ? Ce dernier répond :

« Je commence toujours par rappeler que je ne peux que transmettre un dossier à la commission d’attribution. Ce n’est pas moi qui prend les décisions, je ne suis même pas membre de cette commission. J’essaie juste de faire en sorte que le traitement des dossiers soit un peu plus « humain », qu’il ne s’agisse pas que d’une succession de critères. Certains foyers vivent des situations de détresse qui exigent une réponse rapide. Or c’est vrai que les réponses des commissions d’attribution des logements sociaux peuvent prendre du temps. »

Sur la petite dizaine de rendez-vous programmés ce jour-là, une bonne moitié des personnes vient pour des problèmes de logement social, en dernier recours face à un silence incompréhensible de l’administration des offices HLM. Ancien adjoint au maire en charge du logement, toujours président de CUS Habitat et d’Habitation Moderne, le député Bies semble être l’élu maître des clés. Ce sont même les assistants sociaux ou les associations d’habitants qui renvoient parfois vers lui, après l’échec de toutes les autres formes de sollicitations.

Entre 3 et 6 rendez-vous hebdomadaires

Les citoyens appellent la permanence de Philippe Bies et exposent leur problème. Sa secrétaire, Catherine Lagutere, lui organise entre trois et six rendez-vous de ce type par semaine. Selon les cas, les actions qui suivent sont gérées par le député lui-même, ou par ses collaborateurs Renaud Fausser et Jean-Baptiste Mathieu. Pour les personnes reçues, l’entretien est surtout une assurance que leur dossier sera au moins traité : une lettre du député, dans une demande de papiers, ça retient forcément l’attention.

Et pour l’élu, ces permanences sont un bon moyen de rester à l’écoute :

« Lorsque les gens viennent se plaindre de problèmes dans leur logement, ça me permet d’être informé sur l’état réel du parc d’Habitation Moderne et de CUS Habitat. Et il arrive que nous soyons alertés sur des situations particulières, relevant du droit local ou des dispositions frontalières par exemple, ce qui me permet de proposer des amendements en conséquence à l’Assemblée. »

A l’issue de leurs rendez-vous, d’une durée rarement supérieure au quart d’heure, les personnes rencontrées se sont souvent déclarées satisfaites de l’écoute qui leur a été donnée, bien que réservées sur l’issue de leur affaire.


#Philippe Bies

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