

L’ancien Simply Market, route de Bischwiller à Schiltigheim, lieu où doit être implanté la médiathèque nord (Photo Collectif Hic et Nunc)
Ces projets en rade – 4. Depuis 2003, l’Eurométropole de Strasbourg souhaite structurer son réseau de médiathèques autour de quatre pôles. Trois d’entre eux ont vu le jour : André Malraux au centre, celle de Lingolsheim à l’ouest et celle d’Illkirch-Graffenstaden au sud. Mais toujours pas de médiathèque nord à Schiltigheim. Prévue de longue date, la construction ne cesse d’être retardée. Les raisons : des désaccords sur le lieu, le coût, et des rivalités politiques qui ont sévèrement plombé le dossier.
“Hic et nunc”, du latin pour « ici et maintenant », c’est le nom qu’a choisi le collectif citoyen nouvellement créé pour réclamer l’implantation rapide d’une médiathèque sur le site de l’ancien Simply Market, à Schiltigheim. Par une pétition adressée à Robert Hermann, président de l’Eurométropole, le collectif espère la réalisation de ce projet initié en… 2003.
Le collectif souhaite rassembler les associations locales et les citoyens concernés par le projet. Il a également prévu la mise en place d’une médiathèque spontanée, chaque samedi matin, en proposant aux habitants concernés de venir échanger ou donner des livres ou CDs, à l’endroit où pourrait être construite la médiathèque. Denis Maurer, ancien conseiller municipal à Schiltigheim et membre de Schilick Ecologie, soutient cette action :
« Cette médiathèque concerne tout le secteur nord de l’agglomération, soit près de 100 000 habitants sur une dizaine de communes. Aujourd’hui, les bibliothèques ne veulent pas investir dans de nouveaux ouvrages car elles attendent l’ouverture de cette médiathèque. Les usagers, les lecteurs se retrouvent en manque d’équipements. »
Un vieux dossier entaché de rivalités politiques
Denis Maurer réclame une « équité entre les habitants » sur le territoire de l’Eurométropole, rappelant que si le projet de médiathèque nord n’a pas abouti, la grande médiathèque André Malraux au centre, celles de Lingolsheim à l’ouest et celle d’Illkirch-Graffenstaden au sud ont bien été mises en place.
Malgré son implication dans le dossier en tant qu’ancien conseiller municipal de 2008 à 2014, Denis Maurer dit ne « pas vouloir rentrer dans le débat politique » et assure que le collectif ne « prend pas en compte les trajectoires personnelles de chacun ». Un discours qualifié de « démagogique » par Jean-Marie Kutner, actuel maire (UDI) de Schiltigheim :
« Denis Maurer était conseiller communautaire au sein de l’ancienne majorité, il a voté tous les documents qui ont enterré le dossier. Et maintenant qu’il a une démarche d’opposant politique, il veut faire table rase du passé ? Ce n’est pas sérieux. »
Des désaccords qui ont tué le projet dans l’oeuf
L’un des points de crispation entre les différents acteurs du projet, c’est le choix du site. Le projet actuel doit se faire sur la friche Adelshoffen, route de Bischwiller à Schiltigheim, à la place de l’ancien Simply Market. Un débat interne a eu lieu au sein de l’ancienne majorité sur cette question, explique Denis Maurer :
« L’ancien maire, Raphaël Nisand, a voulu changer l’endroit prévu pour la construction de cette médiathèque. Ce n’était pas le souhait de Schilick Écologie mais le choix du maire l’a emporté dans la majorité. Le projet doit maintenant se faire à la place de l’ancien Simply Market. L’inconvénient, c’est qu’il a fallu attendre le déménagement du magasin pour pouvoir avancer. »
Raphaël Nisand affirme que le choix initial du site posait problème :
« Il était vaguement prévu en 2008 d’installer la médiathèque au niveau de la villa Weber (au sein de la friche Adelshoffen), mais l’endroit ne correspondait pas. Il n’y avait pas assez de place pour une médiathèque, alors que le Simply Market était beaucoup plus spacieux. Cela différait uniquement la construction d’un an ou deux. »
« Pas avant 2019 » selon le maire de Schiltigheim
Jean-Marie Kutner, opposé à ce choix du site, soutient que l’inauguration était prête pour 2010, si le lieu d’implantation n’avait pas changé. Aujourd’hui, il affirme que le projet ne se fera pas avant 2019 :
« Nous n’avons pas abandonné le projet, mais il faut encore procéder à l’achat du terrain, engager des travaux de voirie… On a perdu beaucoup de temps. »
Souad El Maysour, adjointe au maire de Strasbourg et ancienne vice-présidente de l’Eurométropole en charge de la lecture publique, défend ce projet de construction voté avec l’ensemble des villes du bassin nord :
« Il faut garder ce site et le défendre car c’est le plus pertinent que nous avons : il est au centre de Schiltigheim, il y a des bus et des trams, c’est le plus accessible. Au lieu de polémiquer, on devrait penser à trouver une solution pour la ville de Schiltigheim au niveau de la lecture publique. »
Souad El Maysour regrette un « moment de flottement » dû au changement de municipalité : « si on avait pu acquérir le site il y a 3 ou 4 ans, le projet serait déjà mis en route. On n’avait pas évalué que le déménagement du Simply Market prendrait autant de temps ».
Le quartier Adelshoffen dans l’attente
La construction de la médiathèque devrait s’inscrire dans l’aménagement global de la friche d’Adelshoffen, un « éco-quartier » qui devrait regrouper sur un même site des logements, des locaux professionnels, un supermarché, une galerie commerciale et donc, la médiathèque intercommunale. Problème : en l’absence de date fixe pour la construction de la médiathèque, les travaux ne peuvent avancer.
Le réaménagement de la route de Bischwiller doit déjà coûter 2,3 millions d’euros, d’après le site de l’Eurométropole. Mais pour la médiathèque seule, difficile d’obtenir un chiffre exact. Pour Raphaël Nisand, il ne s’agirait pas d’un investissement majeur pour la communauté urbaine de Strasbourg :
« Une douzaine de millions d’euros ont été prévus pour la médiathèque, auxquels s’ajoutent 500 000 euros pour la démolition de l’ancien Simply Market. L’engagement a d’ailleurs été pris avec la Ville de Schiltigheim pour que la médiathèque voit le jour ».
Mais Jean-Marie Kutner estime que le projet aurait pu être financé plus facilement s’il avait vu le jour avant : « Aujourd’hui, les collectivités n’ont plus d’argent » affirme t-il. Souad El Maysour affirme pourtant que la construction sera menée à bien :
« Il faut se confronter à la situation financière actuelle, il y a eu des restrictions budgétaires très lourdes, mais cela ne doit pas remettre en cause le projet ou l’amoindrir. »
Jean-Marie Kutner doit rencontrer Robert Hermann début septembre pour discuter d’une étude pouvant relancer le projet : le coût n’a pas encore été communiqué. Comme tous les projets majeurs de l’Eurométropole en cette période de disette, il devra subir l’arbitrage du plan pluriannuel d’investissements, dès la rentrée.
si la ville a déjà dépensé de l'argent pour se projet pourquoi le maire actuel veut qu'il soit revu à la baisse ?? puisque financé par l'eurométrople et déjà adopté dans le cadre communautaire mais différé du fait du déménagement retardé de l'occupant. Nous sommes une société multiculturelle qui a un besoin urgent de permettre à notre jeunesse de pouvoir se retrouver dans un lieu ou ils pourront échanger en liberté et loin des dogmes qui pourrissent notre société actuelle. Combien de temps allons nous encore laisser le champs libre aux prêcheurs de haines et de violence au lieu de permettre les échanges multiculturels sur les thèmes qui font la richesse des différentes communautés. Messieurs les élus un peu d'humilité et n'oubliez pas que vous êtes la pour servir la communauté et par pour la prendre en otage par soif du pouvoir et pour satisfaire vos ambitions personnelles. Chaque euros investi dans des projets gratifiants de ce type seront autant d'euros que nous n'auront pas besoin d'investir dans la télésurveillance et la répression des délinquants.
Ils éclairent les raisons de l'absence d'équipement structurant au Nord de l'agglomération et pourquoi notre territoire local jusque régional s'effondre face aux métropoles et grandes villes françaises, notre intercommunalité n'est pas à la hauteur, ses élus non plus.
Je vous rappelle que nous avons un problème de développement à l'Est, si vous le doublez de problèmes "comportementaux" au Nord c'est la moitié du territoire qui est bloqué dans son évolution.
Sortez donc un peu le nez de vos embrouilles, si ça peut vous aider faîtes vous analyser quelques statistiques comparées, et travaillez au service de tous en n'imaginant pas que ce qui touche Schiltigheim, ... n'impacte pas Strasbourg (l'inverse est vrai aussi) et toute la métropole, qui devrait être le moteur dynamique de l'Alsace qu'elle n'arrive visiblement plus à être depuis 2000 !
De dire qu’il n’y a plus d’argent est irresponsable, il y a de l’argent (nous payons toujours les impôts et les taxes !!!). S’il y a probablement moins d’argent il faut que les maires doivent être plus offensifs pour défendre leurs projets.
Avant de se lancer dans de nouveaux projets couteux, comme le verger en pleine ville (certes un projet passionnant) il serait plus urgent de réaliser le projet médiathèque financé (voté en 2003) à la fois en investissement et en fonctionnement par l’Eurométropole !
A ma connaissance personne n’a jamais voté l’enterrement de la médiathèque nord, mais si la ville refuse d’acquérir le site maintenant, cela équivaudrait à un enterrement !
Quant au risque de mettre en difficulté le projet médiathèque en changeant fondamentalement le projet initial sur Adelshoffen, je l’ai toujours dit et écrit dès 2007, c’était une de mes critiques du projet Adelshoffen de Mme Munchenbach lors des municipales de 2008. Mais peu de personnes dans la majorité et dans l’opposition de l’époque ont su évaluer ce risque !
Il est encore temps de rattraper le temps perdu et de sauver la médiathèque !
Ecrire par ailleurs que j’ai tout voté sur Adelshoffen est évidement faut !
Un rappel utile mais un peu désespéré...
La médiathèque Nord, à Schiltigheim, une urgence culturelle.
Président de la Communauté Urbaine de Strasbourg et maire délégué de Strasbourg en charge, notamment, de la culture de 2001 à 2008, j’ai décidé d’accorder une importance primordiale à la lecture publique. Permettre au plus grand nombre de fréquenter les livres, de se confronter à la littérature et aux nouveaux médias me semblait une nécessité d’autant plus importante qu’en 2001 notre agglomération accusait du retard en cette matière par rapport à d’autres villes.
En accord avec les maires et les élus de la CUS j’ai mis en œuvre un plan ambitieux : une médiathèque centrale à la presqu’ile Malraux, trois médiathèques réparties aux points cardinaux de l’agglomération.
C’est ainsi qu’il y eut la médiathèque sud située à Illkirch-Graffenstaden, une pour l’ouest à Lingolsheim, et le projet nord à Schiltigheim. Ces équipements culturels étaient destinés non pas aux seules villes d’implantation mais à des bassins de vie, le centre et toutes le communes concernées, de l’ouest, du sud, du nord.
Une ambitieuse politique en faveur du livre
Ces équipements étaient accompagnés et dynamisés par une politique non moins ambitieuse, matérialisée par le pass-bibliothèque mutualisant les possibilités et les offres d’une médiathèque à l’autre, y compris les bibliothèques communales.
Des initiatives littéraires accompagnaient les médiathèques, tels le Parlement des philosophes, le prix Goncourt de la nouvelle installé à Strasbourg, les Conversations à Strasbourg qui a débouché sur Bibliothèque Idéale. Des grands écrivains rencontrèrent ainsi un nombreux public, à titre d’exemple, Le Clézio, Ricoeur, D’Ormesson, Fumaroli et tant d’autres.
Bref à l’appui d’une cohérente politique d’équipements et d’animation culturels
notre ambition était de faire de l’agglomération strasbourgeoise une capitale des lettres et de la littérature dans la ligne de Gutenberg. Le succès a été fulgurant et le nombre de lecteurs nouveaux inscrits dans nos médiathèques, titulaires du pass bibliothèque, s’est accru de manière spectaculaire.
Des retards préjudiciables
La médiathèque nord restait à réaliser. Deux villes avaient postulées pour son implantation et se sont mises en concurrence, Schiltigheim et Bischheim. De nombreuses réunions eurent lieu pour les départager et le député de cette circonscription qui était aussi mon vice président, décida de prendre les choses en main afin de trouver une solution. Au bout d’une année de négociations il me fit part de l’impossibilité de trouver un accord amiable. La balle était dans mon camp, j’ai été contraint de prendre mes responsabilités, de décider et de proposer au conseil de CUS l’une des deux villes pour accueillir la médiathèque nord. Je rappelle que le maire de Bischheim, André Kleinmosser, était de ma famille politique, le maire de Schiltigheim était proche du PS.
Inspiré par la volonté de servir au mieux les populations du nord, j’ai arbitré en faveur du lieu qui me semblait le plus central, à l’accès le plus commode. J’ai proposé Schiltigheim, la friche Adelshoffen, route de Bischwiller.
Au cours d’une réunion de travail dans mon bureau Alfred Muller accompagné par son directeur général nous a soumis un plan d’implantation que nous avons validé.
Le dossier était bouclé, la décision était prise, la médiathèque allait pouvoir sortir de terre. Il suffisait de démarrer les travaux.
Le retard accumulé dans cette opération nous conduisit aux élections municipales et Schiltigheim se dota d’un nouveau maire, Raphaël Nisand. Celui ci remit en cause le projet de son prédécesseur et modifia le lieu d’implantation de la médiathèque.
À l’issue de son mandat rien ne fut réalisé.
En clair la médiathèque Nord a pris quelques dix années de retard. Je n’irais pas jusqu’à nourrir des regrets en songeant que si j’avais choisi Bischheim la médiathèque nord fonctionnerait aujourd’hui. On ne refait pas l’histoire.
Ne plus tergiverser
Si j’en crois les informations relatées par les DNA du 17/12/2014, un nouveau changement de lieu pourrait affecter ce projet.
Je tiens à rappeler que la médiathèque nord ne devait pas être un équipement destiné à la seule ville de Schiltigheim mais bien à toutes les communes du nord de la CUS. Sa situation devait être centrale et facile d’accès.
Cumuler retard sur retard a été et reste préjudiciable au regard des besoins culturels.
La CUS, je n’en doute pas, veut poursuivre la facilitation de l’accès à la lecture publique pour le plus grand nombre et c’est cette seule préoccupation qui doit la guider.
Certes on évoque le budget à ce sujet ce qui me permet de rappeler un précepte qui m’a toujours guidé : La culture, en l’espèce la médiathèque, a un cout mais l’absence de culture coute bien plus cher.
Initiateur de cette politique je veux faire confiance au président de la CUS et au maire de Schiltigheim pour la mettre en œuvre rapidement.
M. Nisand a été Vice-Président de M. Bigot à la CUS, M. Kutner son opposant est à présent Vice-Président de M. Herrmann à l'Eurométropole. Ni l'un, ni l'autre ne savent sur quel pied danser et agitent leurs calculette...
Quelles petitesses pour un projet déterminant en matière d'accès à la culture, à l'éducation ... pour Schiltigheim et le nord de l'agglomération.
Avons-nous vraiment les élus que nous méritons ?
Ils sont lamentables. Quand assistera t' on à un renouvellement total de cette classe politique?
Les Schilikois(es) et autres citoyens doivent se mobiliser comme le fait le Collectif Entrée Sud Ouest de Schilick et le collectif "Médiathèque Nord: Hic et Nunc! " pour faire en sorte que nous soyons écoutés et entendus. Ce samedi 29 août, de 10h à 14h
à l'entrée sud de la friche Simply (Carrefour église St-Famille), l'opération "Ma Méga-Médiathèque" est ouverte à toutes et tous. Soyons solidaires, unis et constructifs. Pas besoin de politique ni de représentants de la majorité et ou de l'opposition.
Nous assisterons à un renouvellement total de cette classe politique quand "nous", le "peuple" prendrons le pouvoir sans aucune arrière pensée revancharde ou autre. Y croire, c'est déjà gagner à moitié !