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Dans l’académie de Strasbourg, la difficile subsistance des classes bilingues

Les écoles maternelles Saint-Jean et Saint-Thomas de Strasbourg pourraient bien voir leurs classes surchargées à la rentrée prochaine suite à de potentielles fermetures de classes bilingues dans chacun des établissements. Pour le FSU-SNUIpp, il est hors de question d’ouvrir de nouvelles classes bilingues tant que celles déjà existantes n’auront pas les ressources nécessaires.

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Dans l’académie de Strasbourg, la difficile subsistance des classes bilingues
L’école Saint-Thomas au centre-ville de Strasbourg perd des effectifs inscrits dans la filière bilingue.

À l’école Saint-Thomas de Strasbourg, la mobilisation des parents d’élèves a débuté mardi 18 et jeudi 20 mars avec une distribution de « tracts informatifs » et la signature d’une pétition afin d’informer sur les conséquences d’une fermeture de classe en septembre 2025.

L’école maternelle compte en 2024 / 2025 trois classes bilingues et deux classes monolingues pour 130 enfants. En 2025 / 2026, le projet de l’Académie prévoit de supprimer une classe bilingue, ce qui porterait le nombre d’enfants par classe à 33. « Un enfer pour les enseignants et les élèves », selon Noémie Robin, l’une des parents d’élèves délégués.

L’Académie parie sur une baisse du nombre d’enfants bilingues, seulement 21 en 2024 / 2025 mais Noémie Robin soupçonne le rectorat de « refuser les dérogations depuis l’année dernière afin de justifier la fermeture d’une classe. »

Même son de cloche dans le quartier voisin. L’école Saint-Jean derrière les Halles pourrait également ouvrir en septembre 2025 avec une classe bilingue en moins, une menace qui pesait déjà sur l’école au printemps 2024. Gil Gross, représentant des parents d’élèves, indique qu’en supprimant une classe bilingue, le nombre d’élèves moyen par classe passerait de 22 élèves à 26.

Le soutien à la filière bilingue a disparu

Selon Agathe Konieczka, membre du SNUIpp, le syndicat majoritaire chez les instituteurs et affilié à la FSU, rappelle :

« Il y a une quinzaine d’années, il y avait une volonté de formation des enseignants de classes bilingues, il y avait des moyens pour ces classes, mais tout ça a disparu à cause des coupes budgétaires. »

Dans ces conditions, le syndicat milite désormais contre de nouvelles classes bilingues, tant que celles existantes n’auront pas assez de ressources. Agathe Konieczka pointe notamment que les professeurs en langue allemande sont systématiquement remplacés par des enseignants en français. En outre, la syndicaliste estime que ces classes créent des inégalités :

« Il y a moins d’inclusion d’élèves en situation de handicap, avec des difficultés scolaires ou d’enfants qui arrivent de l’étranger dans les classes bilingues. Il y a donc une concentration des élèves en difficulté dans les classes monolingues. Nous ne sommes pas contre le bilingue, mais on ne peut pas créer des filières élitistes dans nos écoles publiques. »

Des postes supprimés en bilingue

Selon le compte rendu du Comité social d’administration spécial départemental (une instance qui traite de questions liées notamment à la gestion des effectifs et des emplois), du Haut-Rhin du 6 février dressé par la SNUIpp : 3,5 postes d’enseignants bilingues sont censés disparaître en septembre. Dans le compte rendu de la même réunion du côté du Bas-Rhin qui s’est tenue le 4 février, il apparaît que dix classes bilingues fermeront leurs portes tandis que cinq ouvriront.

L’association Eltern Alsace, qui milite pour l’enseignement bilingue, déplore que l’Académie de Strasbourg choisisse de ne démarrer l’enseignement bilingue qu’en moyenne section, comme le détaille Claude Froehlicher, son président :

« Ça peut paraître rien, mais cette perte d’exposition à la langue est énorme pour les enfants. Mais l’Éducation nationale préfère économiser des postes. »

Car selon lui, il n’y a aucune difficulté à recruter des enseignants en langue allemande. « L’Éducation nationale devrait accepter des enseignants qui ne parlent que l’allemand et qui n’ont pas passé le concours de professeur des écoles », estime Claude Froehlicher qui précise : « Chez Eltern, depuis juillet 2020, on a traité 800 candidatures, on en a transmis 200 à l’Éducation nationale et ils ont fini par en recruter une soixantaine. »

Contactée, l’académie de Strasbourg n’a pas souhaité répondre aux questions de Rue89 Strasbourg sur l’avenir de la filière bilingue.


#Éducation nationale

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