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Toujours à l’arrêt, les discothèques alsaciennes demandent plus d’aides pour survivre

Dans l’impossibilité d’ouvrir les boites de nuit tout l’été, les gérants demandent des dispositifs adaptés à leur désarroi.

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Toujours à l’arrêt, les discothèques alsaciennes demandent plus d’aides pour survivre

« On a pris 7 mois fermes » ironise « Flipper » Barina, gérant de la boîte le Next, à la Petite France. Ce Strasbourgeois est à l’initiative du tout nouveau « collectif des patrons des discothèques du Bas-Rhin et du Haut-Rhin ». Son chiffre d’affaire est nul depuis le 16 mars et sans date de reprise en vue, il continue à payer des charges. Une situation qui menace ces établissements nocturnes, dont les patrons appellent à plus d’aides des pouvoirs publics. Les discothèques sont les seuls établissements complètement fermés avec le secteur des croisières internationales.

Les boites de nuit rouvriront-elles en 2020 ? (Flickr/Aiko Konishi ©©)

Pas d’activité économique, mais des frais

Parmi les dépenses qui continuent, les loyers des commerces « variables entre 3 500 et 20 000 euros par mois », dixit le gérant strasbourgeois, bien que certains propriétaires conciliants suspendent pour le moment ces prélèvements. Pour ceux qui ont acheté les locaux, ils n’ont parfois « pas fini de payer les murs et doivent rembourser un crédit ».

C’est le cas de Christophe Schaendel propriétaire de l’Acropole à Surbourg, au nord de Haguenau. Ce dernier a obtenu un report de six mois de son crédit bancaire pour cet ensemble de 1 600 mètres carrés. Le patron doit encore gérer la billetterie et les demandes de remboursement liées aux pré-ventes d’événements nocturnes, désormais reportés. « Les clients comprennent, on a eu énormément de soutien de leur part », assure-t-il.

S’ajoutent à cela les salaires des employés en chômage partiel, désormais financés à hauteur de 70% par l’État et à 30% par les chefs d’entreprise, la location de matériel comme les terminaux bancaires, ou encore les cotisations patronales annuelles et les frais d’assurance. Selon la taille des établissements, « le bilan est de 20 à 50 000 euros mensuels, poursuit Flipper Barina. Le personnel quant à lui est en droit de se poser des questions », .

Au chômage partiel depuis 5 mois et sans garantie future de reprise, les employés pourraient se tourner vers la restauration, explique le patron du Next. En Alsace, le monde de la nuit représente entre 200 et 300 salariés. Son homologue à Surbourg n’a pas ces difficultés, car il passe par une agence d’intérim.

De la concurrence et des incertitudes

Le porte-parole du collectif Flipper Barina craint de voir sa clientèle partir « face à la concurrence déloyale des bars de nuit et la réouverture des boites en Allemagne ». Une situation « injuste » selon lui, car la réglementation interdit la plupart des discothèques de se reconvertir en bar le temps de l’été. Au contraire, les « bars de nuit » peuvent proposer des activités proches de celles des discothèques, avec de la musique, des horaires tardifs et beaucoup de clients debouts.

Désabusé, Christophe Scheandel fait part de son ressenti dans une video cumulant plus de 70 000 vues sur son compte Facebook. Pour lui cette contradiction relève de la « Science-fiction » :

« J’ai envie d’incriminer personne, tout le monde a besoin de travailler, mais même les clubs échangistes sont ouverts. »

Le Surbourgeois a envoyé mardi 21 juillet une demande d’information à la préfecture, pour « mettre des sièges et tables hautes à la place des pistes de danse », et se transformer en bar.

Le prêt garanti, insuffisant

Comme pour toutes les entreprises, les tenanciers ont pu demander un prêt garanti par l’État (PGE). S’ils permettent de tenir à court terme, « tous les gérants n’ont pas pu l’obtenir et ils ne sont pas suffisants si la fermeture s’étend à septembre, voire octobre », déplore Flipper Barina. De même, les gérants ont bénéficié de l’aide patronale, environ 1 500€ par mois mais au total, ces différents dispositifs ne « couvrent que 30% des frais annuels » poursuit-il.

C’est du « suicide » alerte Christophe Schaendel pour qui le prêt d’Etat couvrant trois mois de frais « aurait dû être suivi d’une réouverture ». Le professionnel aux 20 ans de métier prévient que sans aide supplémentaire il tombera dans le « cercle vicieux des crédits ».

À la recherche de soutiens de députés

Les dirigeants se sont faits à l’idée de ne pas rouvrir cet été, ils attentent donc en contrepartie une aide étatique. Parmi leurs revendications, repousser la date de remboursement du PGE, une prise en charges des frais fixes et un abaissement de la TVA.

« Pour l’instant nous n’avons pas pris contact avec les députés du Bas-Rhin, mais nous avons prévu de leur envoyer un courrier prochainement », assure Flipper Barina. Sous la conduite du député Christophe Blanchet (LREM), un ex-gérant de discothèque, 140 parlementaires dont le nouveau maire de Colmar, Éric Straumann (LR), ont interpellé le gouvernement.

Les discothèques sont officiellement closes jusqu’en septembre au plus tôt. Toutefois, une prolongation au 30 octobre est envisagée en cas de deuxième vague et en vertu du décret en vigueur.

Des négociations doivent se tenir ce vendredi 24 juillet entre les syndicats nationaux des patrons discothèques et le nouveau ministre délégué en charge des PME, Alain Griset.


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