
Bataille du siège du Parlement européen : le rapport qui enterre les anti-Strasbourg

Pierre Loeb, président de l’AEJE, lors de la présentation de son rapport « Le siège dans tous ses Etats … 2 ans après » le 25 Février 2014 au Parlement européen. (Pierre Loeb / Facebook)
« Attaquer Strasbourg, c’est attaquer l’Europe ». C’est par ces mots que Pierre Loeb a ouvert sa conférence ce mardi 25 février. Dans les locaux du Parlement européen, le président de l’Association européenne des jeunes entrepreneurs (AEJE) a présenté un rapport sans équivoque : la controverse autour du siège à Strasbourg n’a plus lieu d’être. Neuf députés européens étaient à ses côtés pour tenter de clore définitivement la polémique.
La bataille du siège semble s’éterniser. Catherine Trautmann rappela à la tribune que le discours des anti-Strasbourg « se répétait depuis plus de 20 ans ». L’AEJE avait par ailleurs déjà publié un premier rapport en février 2012 sur le sujet, unanimement salué mais resté relativement méconnu du grand public.
Dès lors, pourquoi un nouveau rapport sur le siège, seulement deux ans après le premier ? Les élections européennes de Mai sont à l’origine de cette décision. Afin de lutter contre l’euroscepticisme grandissant et « la démagogie populiste », M.Loeb et ses soutiens ont estimé nécessaire la publication de ce second rapport, intitulé « Le siège dans tous ses États, deux ans après… Pour en finir avec la controverse sur le Parlement européen à Strasbourg. »
Les apports du nouveau rapport
Très accessible dans sa synthèse en neuf fiches, le rapport de l’AEJE actualise les données mobilisées deux ans auparavant et recueillies auprès du secrétariat général du Parlement. Strasbourg coûte 51,5 millions d’euros par an et non pas 200 millions, somme invoquée par le lobby anti-Strasbourg Single Seat. L’AEJE résume ainsi le coût dérisoire du Parlement strasbourgeois pour le citoyen européen :
Le Parlement européen confirme coût siège #Strasbourg de notre rapport "le siège dans tous ses États" : 51,5 millions €, 10 cents/citoyen/an
— Rapport AEJE (@Rapport_AEJE) 24 Février 2014
Concernant le coût environnemental, Strasbourg s’avère être un élève modèle. En effet, le Parlement strasbourgeois a dégagé 3 292 tonnes de CO2 en 2012, soit une baisse de 66 % depuis 2006. Il est même le plus écologique des lieux de travail du Parlement ! N’en déplaise à Daniel Cohn-Bendit qui s’emportait contre une empreinte carbone imaginée à « plus de 15 000 tonnes de CO2» par les anti-Strasbourg…
Ce que nous apprend ce second rapport, c’est que la concentration du Parlement européen à Bruxelles entraînerait un coût chiffré à 1,2 milliard d’euros. Le remboursement serait bien sûr à la charge du contribuable européen. Celui-là même qu’Edward McMillan-Scott, le chef de file des anti-Strasbourg (furtivement aperçu dans la salle), essaie de convaincre pour éviter des dépenses inutiles …
La pétition anti-Strasbourg de 2006, une « mascarade »
Les anti-Strasbourg ont justifié leur action par une initiative citoyenne de 2006. Ils se targuaient d’un succès populaire ayant recueilli 1,2 million de signatures. Or, l’enquête menée auprès de la Commission des Pétitions par le député européen Philippe Boulland (PPE) a montré que seulement 996 264 signataires étaient recensés. Les chiffres avancés par les anti-Strasbourg sont là encore « baroques et fantasques » comme le disait Nathalie Griesbeck.
Pire, seule la signature de la députée européenne Cécilia Malström est valide ! Elle est en effet l’unique signataire à mentionner nom, nationalité et domicile professionnel, les trois critères exigés par le règlement du Parlement. Et n’oublions pas certaines adresses mails apparaissant à plusieurs reprises pour des signataires de pays différents … Cette initiative citoyenne, non recevable juridiquement, n’est donc qu’une vaste « mascarade » selon le rapport.
Plaidoyer pour l’Europe de Strasbourg, l’Europe démocratique
La conférence s’est rapidement transformée en plaidoyer pour « l’Europe démocratique, l’Europe de Strasbourg », selon la formule de Sandrine Bélier (Verts). Catherine Trautmann a parlé de « Strasbourg, symbole de la réconciliation franco-allemande et de la paix » mais aussi « symbole de la légitimité démocratique ». Cristian Preda (eurodéputé roumain du PPE) et Csaba Tabajdi (eurodéputé hongrois socialiste) ont salué l’importance historique de Strasbourg, le message d’espoir que la ville représentait dans l’histoire de la construction européenne.
Ces éloges ont servi d’introduction à une idée partagée par plusieurs eurodéputés présents : si une ville doit un jour accueillir le siège unique du Parlement européen, c’est bien Strasbourg ! Néanmoins, ils ne sont pas prêts à ouvrir la boîte de Pandore et à rediscuter les traités. Il ne faudrait pas provoquer un nouvel incendie dans la maison européenne alors qu’on vient d’en éteindre un …
L’appel aux médias pour rétablir la vérité
Les contre-vérités des anti-Strasbourg sont désormais révélées au grand jour. On comprend Mme Griesbeck, qui en a « assez de ces arguments fallacieux et borderline ». Les mensonges du rapport « A Tale of Two Cities », véritable Bible des anti-Strasbourg, peuvent maintenant être connus de tous les citoyens européens. Le débat est clos : le Parlement européen siège à Strasbourg (depuis une décision prise lors du Conseil européen d’Édimbourg en 1992, confirmée par un arrêt de la Cour de Justice européenne du 13 Décembre 2012) et non pas à Bruxelles. Sa légitimité est triple : juridique, écologique et démocratique. Et il faut le faire savoir. C’est le souhait exprimé par Philippe Boulland :
« On a besoin des médias pour rétablir la vérité. »
Cette remarque de M. Boulland sonne comme une prière pour surpasser les craintes liées aux élections européennes de cette année. En effet, bien qu’abordée très régulièrement à Strasbourg, la question européenne ne fait plus les gros titres des journaux nationaux. L’Union européenne, entité sui generis aux mécanismes complexes, ne passionne pas naturellement le lecteur, l’auditeur ou le téléspectateur lambda. Pire, elle peut l’effrayer ou le conduire à des erreurs d’interprétation.
Aller plus loin
Sur le site de l’AEJE : le rapport « Le siège dans tous ses Etats, 2 ans après… »
Si par contre il existe pour convaincre les français où les locaux, c'est inutile.
D'ailleurs c'est le grand drame de notre ville, dans un pays soit disant indivisible et uni, le sort du Parlement strasbourgeois laissent indifférent l'ensemble des français (faites l'expérience en demandant un marseillais un breton voire un lorrain : ils en ont rien à foutre voire même contre Strasbourg), alors qu'à Bruxelles, déchirée par les tensions communautaires entre flamands et wallons, le parlement bruxellois fait l'objet d'un large consensus.... ils savent ou sont leur intérêts !
Que va devenir tous ces locaux?
Alors pourquoi ces chefs d'états ne disent pas haut et fort : Mrs les députés anti-strasbourg, circulez et surtout travaillez, et ne passez pas votre temps à discuter du lieu du siège, c'est Strasbourg point final. Et que les députés anti-strasbourg démissionnent de ce poste...
Je sais c'est un peu simpliste mais..;
Que c'est drôle de voir ces gens toujours nous parler de soi disant hausse des prix de l'immobilier de Strasbourg, à se demander si vous n'êtes un bruxellois caché, de la démagogie pure et simple.
D'ailleurs si on pouvait regrouper l'ensemble du PE à Strasbourg et ses milliers de fonctionnaires, ça serait une grande nouvelle pour Strasbourg ! ça ferait encore plus d'argent dans les caisses.
Si même les pro-Strasbourg en viennent à parler du coût du PE strasbourgeois, il faudrait aussi estimer le coût du Parlement Européen de Bruxelles, ce qui permettrait de vraiment s'opposer le coût du PE à Strasbourg et celui de Bruxelles, et cette comparaison serait forcément en faveur de Strasbourg...
* à quand date le début de la mise en place de sessions à Bruxelles au détriment de Strasbourg?
* Pour quelles raisons avoir "créé" ce deuxième siège?
* Qu'ont fait les autorités françaises et surtout strasbourgeoises à l'époque pour empêcher ce dérapage?
Je pense personnellement que c'est à l'époque que Strasbourg a perdu la bataille et ce n'est pas en rajoutant du "Europe" à toutes les sauces ( par ex. Zenith europe, "les trams europtimistes et les éternelles "capitale de l'Europe de ceci ou cela" qui font que Strasbourg défend sa position sérieusement. Est-ce grave? je rejoins le mot de Mark Brandt - message de 11h30 - car quel bénéfice pour le citoyen strasbourgeois, vu que le coût de la vie à Strasbourg n'a fait qu'augmenter
Strasbourg ne doit rien céder, déjà par principe :
c'est la ville de Bruxelles qui a décidée d'elle même de construire le bâtiment et elle a réussi à se le faire rembourser déjà grâce aux lobbyistes....
Leur projet est de tout centraliser sur Bruxelles, genre Moscou au milieu d'un empire, d'ailleurs la ville de Luxembourg soutient Strasbourg car ils savent qu'ils seront les prochains à être attaqués en cas de défection de notre ville.
et de plus pour des raisons matérielles : quelle ville accepterait de se faire dépouiller de ses emplois en période de crise pour des raisons fallacieuses, d'autant plus que Bruxelles regroupe déjà plus de 100 000 fonctionnaires exonérés d'impôts, ils sont le véritable poumon économique de la ville avec leurs gros salaires détaxés, n'en ont-ils pas assez ?
pour finir ne me parler pas d'économies ou d'écologie, les bruxellois ont un méga projet de quartier européen qui va coûter près d'un milliard d'euros en cas de transfert.... sacrés lobbyistes !
surtout que le taux de vacances de locaux professionnels à Bruxelles dépasse largement les 25%... en fait la capitale belge ne se porte pas bien économiquement et aurait besoin d'un siège unique pour dépoussiérer son blason.
Par contre un précision sur les "100.000 fonctionnaires exonérés d'impôts"... vous y allez un peu fort.
Au total, l'ensemble des institutions européennes regroupent 34.000 agents ( Parlement, Commission, Conseil, Agences executives, Agences régulatoires, etc...) ils sont disséminés dans l'ensemble de l'Europe. Sur ces 34.000 agents, 20 à 30 % ne sont pas fonctionnaires. Et dans tous les cas, ils ne sont pas exonérés d'impôts, mais leur impôt est prélevé à la source.
Ce qui est vrai c'est que Bruxelles est une ville de contraste: 20% de chômage d'un côté et une floppée de lobbys, de représentations, d'associations...etc... (qui essayent toutes de faire valoir leur point de vue souvent avec succès pour les plus grosses: tabac, agro-alimentaire...)...dans certaines de ces organisations les salaires sont bien plus intéressants que dans les institutions européennes. Les nantis ne sont pas forcement ceux que l'on croit, mais c'est un autre débat.
On comprend donc aisément que Bruxelles ne veuille rien lâcher. Sans les institutions et les lobbys qui gravitent autour, on peut se demander dans quel état serait cette ville.
Un coup d'oeil aux liaisons ferroviaires Bruxelles - Strasbourg et l'on comprend que Bruxelles à toujours tout fait pour rendre les déplacements vers l'autre siège difficiles.
Il faut 5 heures pour rallier les deux capitales. En 2014.
Il faut 2 heures 30 pour rallier Luxembourg. Eh oui vous lisez bien.
A titre de comparaison, Paris - Strasbourg ( qui représente pourtant une distance légèrement plus importante) se fait en 2h15, et bientôt 1h50...
A bon entendeur...
Sans parler seulement du siège, quelle brillante image donne actuellement "l'Europe" face au problème ukrainien. QUE demain lundi une réunion des ministres des affaires étrangères.
J'avais au départ une certaine image de l'Europe et une réelle passion pour ce projet. Mais quand on voit ce qu'il est devenu, c'en est à pleurer. Alors laissons le siège principal à Bruxelles et que Strasbourg devienne une espère ce référence morale en la matière sans coûter un centime à personne. Pour ceci le PMC suffirait bien amplement avec une assemblée symbolique tous les dix ans pour commémoration obligée.