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La CAF à la rescousse de la seule crèche 100% privée de Strasbourg

Après 18 ans d’activité hors du système de prestation d’accueil du jeune enfant (PAJE) de la CAF, la « Crèche privée innovante » rentrera finalement dans le système. Fin janvier, l’entreprise déménage et devrait passer du statut de multi-accueil non-conventionné à celui de micro-crèche rattachée. Alors que les tarifs vont être multipliés par deux, des parents regrettent un manque de transparence de la part de la directrice.

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La CAF à la rescousse de la seule crèche 100% privée de Strasbourg

La crèche privée innovante est installée depuis 10 ans au 36 rue du Fossé-Rietberg (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
La Crèche privée innovante est installée depuis 10 ans au 36 rue du Fossé-Rietberg (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Fin janvier, la vingtaine de familles qui confient leurs enfants à la Crèche privée innovante, dans le secteur Jean-Jaurès à Neudorf, verront leur facture de crèche multipliée par deux. La différence devrait être prise en charge par la CAF, en fonction du quotient familial.

Depuis 18 ans, aucune aide de la CAF

C’est un gros changement pour cette structure créée il y a 18 ans, « en toute autonomie » par rapport à la Ville de Strasbourg et à la CAF. Bénéficiant d’un agrément de la PMI (protection maternelle et infantile), cette structure proposait jusqu’à janvier des tarifs fixes, non-alignés sur les fiches de paie des parents, qui ne touchaient donc aucune aide pour ce mode de garde. Ces tarifs variaient en fonction de forfaits horaires (de 27€ la journée de 4 heures à 39€ celle de 10 heures…). Les horaires et les jours étaient flexibles en fonction des besoins des parents.

Francine Schoch, infirmière puéricultrice et patronne de la structure, raconte :

« En 1995, je suis allée voir la CAF pour parler de mon projet de crèche indépendante, à horaires aménagés. A l’époque, ça n’existait pas à Strasbourg, où les crèches ne proposaient que des temps plein, 8 à 10 heures par jour, 5 jours par semaine. Ils m’ont dit là-bas : « Tentez l’expérience, mais vous reviendrez nous voir, vous n’y arriverez pas ». Mon idée leur paraissait floue, les horaires flexibles difficiles à gérer. »

Francine Schoch, infirmière puéricultrice de 66 ans, a monté la Crèche privée innovante il y a près de 20 ans. Elle compte passer le relais prochainement (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Francine Schoch, infirmière puéricultrice de 66 ans, a monté la Crèche privée innovante il y a près de 20 ans. Elle compte passer le relais prochainement (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Passé de 30 à 20 enfants en 2 ans : les caisses se sont vidées

Grâce à l’appui de la PMI, la structure voit le jour et prospère – une seconde crèche ouvre à Brumath – jusqu’en 2012. Il y a deux ans, Francine Schoch connaît des ennuis de santé. Absente plus qu’à l’ordinaire, elle donne, explique-t-elle aujourd’hui, l’impression d’un désengagement aux parents, qui de leur côté, ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts.

A cela s’ajoute la création du point central pour les demandes de places en crèche, qui n’aurait pas été favorable à cette crèche privée. De 30 enfants, la Crèche innovante est passée à 20 petits accueillis à la rentrée 2013. Plus suffisant pour payer les 8 salaires : la directrice a dû injecter de l’argent personnel. Elle explique :

« En septembre, j’ai fait part de nos difficultés au personnel. J’ai ensuite décidé de passer en micro-crèche et de rentrer dans le système de la CAF. Mi-novembre, j’ai vendu le local actuel au Parti socialiste [ndlr, qui y installera son siège départemental fin janvier] et signé pour une location de deux appartements accolés route de Colmar. Là-bas, nous aurons deux micro-crèches de 10 enfants chacune. »

Tarifs doublés, départs en cascade

La structure restera à 20 enfants, mais doublera les tarifs, compensés pour les parents par la CAF. Ce vendredi, la responsable des agréments de la PMI, Marie-Emmanuelle Schumpp – qui n’a pas répondu à nos sollicitations – visitera ces nouveaux locaux. Une réunion avec les parents est également prévue aujourd’hui. Car l’hémorragie est là. Les familles, laissées plusieurs mois dans l’incertitude, inscrivent pour certains leurs enfants ailleurs, en jardin d’enfants pour les enfants de plus de 2 ans, en crèche collective quand ils décrochent une place pour les bébés.

Car deux points apparaissent problématiques à certains. D’abord, les tarifs qui vont augmenter et le calendrier, qui ne semble pas clair pour tout le monde. Ensuite, la restitution de la caution en cas de départ, quand ? Combien ? Une maman s’interroge :

« Madame Schoch nous dit qu’il ne faut pas paniquer, mais nous maintient dans le flou le plus total. Nous avons appris lors de la fête de Noël, le 7 décembre, que la crèche déménageait, mais nous n’avons pas eu le droit de savoir où. Tout le monde est perturbé car nous ne connaissons pas les tarifs qu’elle pratiquera dans la micro-crèche, qui sont ailleurs carrément prohibitifs. Du coup, les parents essaient de trouver des solutions de garde en urgence. De plus, nous essayons de récupérer nos cautions (jusqu’à 1 500€ selon les familles), mais là encore, rien n’est clair… Nous sommes très inquiets. »

« Rupture de contrat qui cache son nom »

Faisant état d’un mot trouvé dans le sac de sa fille, un père est dans le même état d’esprit :

« Francine [Schoch] y parle d’initiative prise lors d’une fête qui n’avait rien d’un rendez-vous d’information et à laquelle tous les parents n’étaient pas présents. Elle y parle également de survie de la crèche, alors qu’à notre rendez-vous de septembre, à aucun moment elle n’avait mentionné de problème de ce genre et avait même ajouté qu’après avoir pensé passer sous le statut de micro-crèche, elle avait abandonné l’idée, visiblement confortée dans cette décision par les avis des parents. Mais surtout, nulle mention de date de changement de statut de la crèche, aucun tarif indiqué. C’est une rupture de contrat qui cache son nom et qui ne respecte pas les deux mois de préavis pourtant imposés au parents lors du départ d’un enfant… »

Tous les parents ne sont pas tous aussi affolés, mais la transition vers ce nouveau statut (pas encore acté) et les conséquences financières pour les familles semblent ne pas se faire dans une totale transparence. Par ailleurs, Francine Schoch annonce qu’après ces nouvelles structures lancées, elle passera vraisemblablement la main d’ici quelques temps à sa collaboratrice Mylène Bapst-Schmitt, à ses côtés depuis les débuts.

Aller plus loin

Sur Rue89 Strasbourg : la vile de Strasbourg va centraliser les demandes de places en crèche (décembre 2012)

Sur Rue89 Strasbourg : à qui va profiter la crèche transfrontalière ? (Juillet 2012)

Sur Rue89 Strasbourg : la tarification à l’heure menace l’économie des crèches parentales (avril 2012)


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