« Coloniser est un crime, résister est un droit. » Au mégaphone vendredi 6 décembre, un étudiant interpelle les passants devant l’Institut Lebel, sur le campus central de l’Université de Strasbourg. Ils sont une trentaine à réclamer la libération du Libanais Georges Ibrahim Abdallah, à l’appel de la Fédération Syndicale Étudiante (FSE). Co-fondateur des Fractions armées révolutionnaires libanaises (Farl), ce célèbre militant a participé à la lutte contre l’impérialisme européen et israélien. Les Farl ont revendiqué plusieurs attentats dont quatre mortels en France, au début de années 1980.
Pour Lucille, membre de la FSE, cette lutte est hautement symbolique à ses yeux : « C’est un combattant et un camarade avant tout, qui dénonce l’impérialisme français. » Depuis 1984 ans, Georges Ibrahim Abdallah est emprisonné en France pour « complicité de meurtre ». Si le militant est libérable depuis 1999, c’est uniquement le 15 novembre 2024 que le juge d’application des peines a accepté sa onzième demande de libération conditionnelle. Mais le parquet national antiterroriste (Pnat) a interjeté appel, suspendant ainsi la décision.
« Tous les combats sont liés »
« C’est un militant qui n’a jamais abandonné son combat pour la Palestine et les peuples opprimés », constate Lucille, pour qui Georges Ibrahim Abdallah symbolise l’espoir. Condamné en 1986 à la perpétuité après l’assassinat par les Farl de deux diplomates, un Américain et un Israélien, le militant communiste est considéré par ses soutiens comme « le plus vieux prisonnier politique d’Europe ».
Véritable saga judiciaire, l’affaire Georges Ibrahim Abdallah est pleine de rebondissements, son avocat ayant par la suite avoué avoir joué double jeu et travaillé pour les services de renseignements français en même temps qu’il défendait son client.
Sur le côté du rassemblement, Figo tient un tract entre ses doigts. La cause raisonne particulièrement chez l’étudiant en histoire. « Je suis kurde, donc la défense des opprimés, je connais », souffle-t-il :
« La lutte des Palestiniens contre l’impérialisme israélien, c’est un peu comme pour les Kurdes opprimés par le gouvernement turc, donc j’ai une sensibilité pour ces sujets. Tous les combats visant à ce que les peuples soient libres à disposer d’eux-mêmes sont liés. »
Figo l’avoue, il ne connaît Georges Ibrahim Abdallah que depuis quelques mois. « Mais ce sont des actions comme celle d’aujourd’hui qui informent les gens. À coup de petites mobilisations, l’impact peut devenir plus grand », sourit-il.
Difficile espoir
Le militant se dit plutôt pessimiste pour l’avenir. « Honnêtement c’est compliqué, le monde reste gouverné par des pays puissants et contre eux, les peuples n’ont presque aucun pouvoir », conclue Figo, qui déplore que les États fassent passer les intérêts économiques avant les droits humains.
Vers 10h30, les étudiantes et étudiants se mettent à déambuler sur le campus, mégaphone en main. Camille les suit, keffieh autour du coup. « Georges Ibrahim Abdallah fait le lien direct entre son parcours de résistance et le génocide en Palestine », détaille-t-il.
La demande de libération de Georges Ibrahim Abdallah sera étudiée en appel le 19 décembre 2024.
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