

Catherine Trautmann, ancienne maire de Strasbourg, est députée européenne socialiste du grand Est (Document remis)
Alors qu’il y a eu en France une intense mobilisation contre les ravages écologiques de la pêche en eaux profondes, le Parlement européen a reconduit mardi à une très courte majorité l’autorisation du chalutage au fond des océans. Catherine Trautmann, députée européenne socialiste du grand Est, a voté pour ce qu’elle appelle « un compromis », contrairement à la majorité des élus de son groupe. L’élue strasbourgeoise s’en explique.
Dans un débat où toutes les versions semblent s’opposer, où les positions semblent irréconciliables, il m’apparaît nécessaire de clarifier un certain nombre d’éléments afin de ramener un peu de sérénité.
Tout d’abord, non je n’ai pas voté en faveur d’un statu quo qui favoriserait le chalutage profond à tout crin et non je ne remets pas non plus en cause le fait que le chalutage soit nuisible pour les fonds marins vulnérables. Je ne suis évidemment pas favorable à la destruction des écosystèmes vulnérables marins.
A ceux qui pourtant interprètent mon vote en ce sens, à ceux qui pensent que les objectifs de préservation de l’environnement sont incompatibles avec les objectifs d’activité humaine et d’emploi, je propose de réfléchir sur le compromis voté, fruit de nombreux mois de travail.
Précisons d’emblée que ce compromis a été soutenu à l’unanimité de la commission pêche il y a un mois, moins 4 abstentions : cela signifie donc que même les opposants les plus acharnés à cette technique de pêche ont jugé qu’il était à la hauteur des enjeux de protection de l’environnement. Le revirement d’un certain nombre d’entre eux à la veille du vote s’explique davantage par la pression effectuée sur les députés que par le contenu de ce que nous avons voté.
90% des eaux internationales interdites de chalut
En effet, le texte voté au Parlement Européen prévoit que la pêche au chalut soit interdite dans près de 90% des eaux internationales de l’Atlantique Nord-Est. La zone couvrant les 10% restants, exploitée depuis de nombreuses années, ne contient pas (ou plus) de fonds vulnérables marins. C’est donc un encadrement géographique ferme, qui constituerait un progrès très important par rapport à la situation existante, une fois adopté par l’autre co-législateur européen : le Conseil.
L’ironie est que ce dernier est très clairement opposé à une interdiction totale du chalut. Dès lors, un vote radical du Parlement aurait été contreproductif, car refusé tout net par les États membres lors de la négociation à venir. Le mieux étant l’ennemi du bien, nous en serions donc restés au statu quo !
En outre, si ce compromis est endossé par le Conseil, le texte demande à la Commission Européenne de procéder dans les deux ans à une étude des fonds couverts par cette zone de 10%, condition que nous avons assortie d’une sécurité supplémentaire : le principe de précaution s’appliquera, interdisant la pêche dans les parties qui seraient repérées comme potentiellement vulnérables. De plus, ce texte couvre, non seulement les espèces commercialisées, mais aussi des espèces non commercialisables, car protégées, qui seront désormais surveillées.
Statut révisable pour les 10% restants tous les 4 ans
Dernier point majeur de ce compromis et qui, pour moi, garantit une nouvelle fois la régénération des espèces de grands fonds : la clause de révision. Nous nous sommes engagés à ce que dans les 4 ans suivant l’entrée en vigueur du règlement, la Commission Européenne en évalue l’impact et puisse proposer aux co-législateurs, si les objectifs ne sont pas remplis, d’interdire totalement le chalutage en eau profonde sur les 10% restants.
Le texte qui est sur la table et qui sera la base de négociation avec le Conseil a été pensé et réfléchi pour répondre à ce double-objectif : protection de l’environnement et activité économique et humaine. Je me permettrais à ce titre de rectifier un certain nombre de contre-vérités concernant l’emploi. Contrairement aux chiffres avancés qui parlent d’une dizaine de bateaux concernés, je préfère renvoyer à l’étude d’impact de la Commission Européenne qui porte le nombre de navires touchés par cette règlementation sur les grands fonds à 758.
Meilleur équilibre entre toutes les positions
Il ne s’agit pas de la caricature malhonnêtement dépeinte de quelques pêcheurs se battant pour avoir le droit de détruire coraux ou éponges, de pêcher grenadiers ou lingues bleues à outrance. Il s’agit de prendre nos responsabilités de législateurs pour trouver le meilleur équilibre entre toutes les positions, entre tous les intérêts légitimes, afin de garantir qu’aujourd’hui la pêche soit suffisamment durable pour préserver les écosystèmes et que dans le cas contraire, elle soit interdite ! C’est justement parce que nous souhaitions prendre nos responsabilités que nous avons cherché, et voté, un tel compromis.
Catherine Trautmann
Députée européenne, membre du groupe socialiste (PSE)
Aller plus loin
Sur Le Monde.fr : le Parlement européen rejette l’interdiction du chalutage en eaux profondes
Sur VoteWatch.eu : le détail du vote
Bloom, l’association antichalutage de Claire Nouvian
Sur Rue89 : Les poissons des eaux profondes : avant elle, vous ne saviez pas
Sur Ma vie est tout à fait fascinante : la pêche en eaux profondes en BD
Nous nous souviendrons bien de votre vote le jour des élections.
http://www.journaldunet.com/economie/magazine/le-salaire-des-politiques-et-des-elus/depute-europeen.shtml
le tout net d’impôts!
https://www.youtube.com/watch?v=jbLFo02jlH8
http://www.europe1.fr/Politique/En-fait-ils-voulaient-interdire-la-peche-en-eaux-profondes-1746117/
limitation à 10% de l'Atlantique ;
soit à +/- 10 millions de kms2 sur les 100 millions;
la BD nous disait : " Paris( 100 kms2 ) rasé en 2/3 jours...
je vous laisse faire ...le calcul ...!
Et que penser de ceux qui n'ont pas voté ? (Mélenchon, Harlem Désir, etc) Absents ? Pas concernés ??
Notons au passage que Karima Delli (Europe Ecologie) n'a pas voté non plus ...
Jetez un œil, ça vaut le coup ... de filet en eaux troubles !
http://www.votewatch.eu/en/north-east-atlantic-deep-sea-stocks-and-fishing-in-international-waters-draft-legislative-resolution-2.html#/##vote-tabs-list-1
Vous voulez dire que c'est ceux d'avant qui ont mangé tous les poissons de haute et moyenne surface ?
Moi qui croyais que c'étaient les japonais...
Voici ce qu'écrit la Commission au sujet des "investissements" sur son site internet :" Les mesures pour protéger les investisseurs n’empêcheront pas les gouvernements d’adopter des lois et ne les contraindront pas à en abroger. Elles peuvent tout au plus entraîner le paiement d’indemnisations". Oups !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Qu'est ce que cela signifie ? Personne à Paris, Bruxelles, ou Strasbourg ne veut ou n'est capable de répondre à cette question. Or, tous vont approuver l'accord sur les investissements entre l'UE et le Canada. Cet accord s'appliquera à l'interdiction du chalutage.....
Alors ? Combien faudra t-il payer aux multinationales qui se plaindront d'une perte de profits potentiels lorsque le chalutage sera interdit ? Cela ne risque t-il pas de légitimer une grève de l’impôt, s’ils nos impôts doivent, demain, servir à indemniser les multinationales ?
Pour plus d'informations, vous pouvez aller sur : www.pauvrete-politique.com. Mieux : installez sur votre ordi une alerte Google sur "accords transatlantiques de libre échange".
Vous verrez : c'est édifiant !
Tout ceci fait penser à l'île de Pâques.
"This is (was) the End"
Will this our end too ?
A quelles idoles... Le profit inconsidéré...
Comme disait Duras : " Que le monde aille à sa perte..."
Les hollandais sont venus. Il y avait du monde.
Quelques années après il n'y avait plus que les statues.
Je crois que les oiseaux sont revenus pour nidifier.
Il n'en reste pas moins que le point commun de toutes les thèses est le ravage écologique subis par les Moaïs est le fait de l'Homme.
10 %, ça me paraît énorme ! Un examen rapide des cartes marines montre que ça représente à peu près la totalité des fonds situés entre 200 et 1500 mètres. Autrement dit, ça correspond à peu de choses près à la totalité des zones où se concentrent les espèces profondes ciblées par les pêcheurs. Et tout cela serait ouvert au chalutage de fond ?
Je dois me tromper… ce n'est pas possible !
Ah si ça avait été des ouvriers de chez Conti...
Mais quel rapport avec les poissons ?
De plus le mot "fin" dans le titre ne signifie-t-il pas "finalité" et non pas "terminus" ?
Cynthia Fleury, pour le souvenir que j'en ai du fond de mon amphore (tonneau), insiste avant tout sur le fait que le courage n'est pas une vertu acquise une fois pour toute ou refusée à tel ou telle une fois pour toutes, mais une décision (au sens de krisis ou encore tamis comme me disait quelqu'un l'autre jour) qui est à prendre à chaque instant dans des circonstances précises.
Le courage est donc en acte chaque fois et je ne saurais jamais si en telle ou telle circonstance je serai lâche ou courageux.
Pour ma part je n'y connais pas grand chose en grands fonds ni en poissons ! A part ce foutu poulpe qui fut comme vous devez le savoir par Diogène Laerce à l'origine controversé de ma mort ;-)
Mais en lisant le texte de Catherine Trautmann où le mot "compromis" revient souvent je vois une forme de courage qui n'est pas dans la langue de bois politique.
Cynthia Fleury ne parle pas d'un courage qui aurait existé universellement et qui aurait maintenant aussi universellement disparu. Mais d'un courage qui s'exerce.
A relire donc de la page 140 à 146 le commentaire sur la parrêsia foucaldienne : "le parrèsiaste, au contraire, sera le diseur courageux où il risque lui-même et sa relation avec l'autre" Et de continuer sur le "Care"
Quelle est l'intérêt politique de cette dame à soulever ici ce problème ? De se taire sur son vote ne lui aurait-il pas plus rapporté ?
Et de lire les pages qui suivent : l'adoxia comme le courage de déplaire.
Oui vous allez me dire "Et l'homme parèsiasite comme le masque du sophiste (p148) C'est un peu comme Rocard qui disait que le France ne pouvait pas accueillir toute la misère du monde....
Encore une fois, qui veut le "dire vrai" ?
Les hommes politiques n'y ont pas intérêt !
Notre camarade Socrate en a fait un acte de provocation suicidaire (mis à mort par les démocrates)
Le peuple n'en veut pas sinon il aurait tiré les conséquences de l'hypocrisie "démocratique" !
"Un manque de courage. Très déçue."
Non pas un manque de courage. Un manque de discernement peut-être à la rigueur en tant que les critiques que je lis me donnent à penser. Mais pour moi, ignorant que je suis, les grands fonds c'est du côté du Rhin et l'Atlantique Nord un mystère pour moi (y a des poulpes là-bas ? ;-) )
P.S. Si ce message ne passe pas dans la suite, on fait plancher les lecteurs/"modérateurs" durant des jours sur Cynthia Fleury, Foucault et d'autres petites choses "incompréhensibles" de ce genre ;-) Mais "La fin du courage" c'est vous qui l'avez amenée... ;-)
On en voit les dégâts économiques et sociaux tous les jours.
Je reformule donc: le vote "aujourd'hui" de Catherine Trautmann contre l'amendement interdisant le chalutage profond (vote qui revêt donc une "apparence négative" pour tous les mangeurs de poissons amoureux des écosystèmes marins) donne au texte encadrant plus et mieux ledit chalutage, jusqu'à ouvrir la voie à son interdiction dans 4 ans, une chance d'être "in fine" adopté par le Conseil qui implique l'unanimité des 28 Etats-membres de l'Union.
A l'inverse, l'adoption "aujourd'hui" de cet amendement aurait impliqué le rejet "in fine" de ce texte par le Conseil et la perpétuation des conditions actuelles du chalutage.
On peut même dès lors se poser la question de quels lobbies ce vote "négatif" de Catherine Trautmann sert, "in fine".... Il me semble que ce ne soit pas celui des défenseurs du chalutage.
Je pense qu'une bonne députée est une députée qui connait les rapports de force au sein de son parlement et les rouages du système dans lequel elle évolue et qui arrive à mettre en oeuvre les stratégies et les tactiques utiles à faire progresser les causes qu'elle porte.
"Im Detail steckt der Teufel", disait l'autre. Le diable réside dans les détails.
Et ce livre a été écrit il y a 50 ans, je crois.
Les Strasbourgeois s'en souviendront...
Vous parlez de "caricature malhonnête" mais vous n'avez apparemment pas d'arguments venant la démentir...
En effet, la pression populaire a fait changer de bord certains députés ... et c'est tant mieux ! Nous ne sommes pas ici dans un fait de société comme peux l'être le débat sur le mariage pour tous, il s'agit ici de préservation d'éco-climat extrêmement fragile !
La réponse de Catherine Trautmann est mieux tournée que celle faite par le principal interessé ( Intermarché ) ... mais au final pour le même résultat : une hypocrisie de plus ...
L'argumentation tient la route, mais elle révèle à mon avis deux constats :
- Constat lucide de la toute puissance de la commission Européenne hydre à 28 têtes au non-service de l'avenir des citoyens Européens.
- Constat également de l'impuissance du Parlement a être un véritable contre poids à la dérive libérale et aux lobbys.
En refusant le Traité Constitutionnel Européen, les français ont finalement fait reculer l'Europe. Les partis politique français (PS et UMP en tête), avec des candidats fantaisistes vont finir d'achever le ridicule (voir l'édito de Thomas Legrand ce matin sur Inter : http://www.franceinter.fr/emission-ledito-politique-les-elections-europeennes-pour-caser-des-apparatchiks)...
"Dans la circonscription Sud-Est, c’est Vincent Peillon qui sera tête de liste. L’homme est certes brillant mais n’est-il pas ministre de l’Éducation ? Si ! Veut-il devenir député européen ? Non ! pourquoi fait-il campagne alors ? Aucune idée. Qui défendra la vision européenne du parti socialiste dans la vaste circonscription massif central-Centre ? A la surprise générale c’est Jean-Paul Denanot, l’actuel président du conseil régional du Limousin. Il faut, parait-il, libérer cette place pour quelqu’un d’autres. Mais surtout, selon Le Monde c’est François Hollande (qui s’occupe donc autant de la Corrèze que du Zambèze) qui a personnellement insisté pour que monsieur Denanot soit tête de liste."
Mais comme tu es en service commandé, on ne peut que t'excuser de ne pas faire dans la nuance...
(Je suppose que le mot "populiste" exprime votre mépris du peuple ?)
A Père Plexe (je salue l'anonymat): je ne crois pas que ceux qui se targuent du "peuple", aux deux extrêmes de notre échiquier politique, soient ceux qui le défendent le plus sincèrement, voyez-vous. Pour moi, le populisme est cette forme de démagogie simpliste, qui nie la réalité du monde pour flatter le yaka et le faukon et se faire élire à peu de frais sur le dos du fameux "peuple". Si je retiens du XX° siècle, la mise en pratique des deux idéologies qui justement se réclamaient du "peuple", oui, j'ai des raisons de me méfier de ceux qui aujourd'hui s'en réclament.
Je suis bien d'accord avec vous à propos du populisme !!
Mais comment voulez-vous empêcher ces "extrémistes" qui se f... bien du peuple d'être écoutés quand nos députés européens de tout bord montrent leur impuissance complète à diriger quoi que ce soit. Rendons honneur à Catherine Trautman d'être au-moins présente (pas toujours vu son cumul de mandats...) et de se plonger dans un dossier technique (d'autres têtes de listes ne s'y intéressent guère). Mais nous savons bien que la Commission est aux ordres des lobbyes qui ont trahi l'idée européenne pour n'en faire qu'une zone affairiste au profit des actionnaires. Je ne comprends rien à la profondeur des poissons mais je sais que la décision finale servira à quelques grands groupes alimentaires de gagner davantage d'argent.
Revenons au "populisme" : si les intellos de gauche (que vous représentez dans tous vos commentaires, généralement fort judicieux) ne méprisaient pas tant les citoyens ayant moins d'argent et moins d'études qu'eux, ces derniers ne se reconnaîtraient pas aussi facilement dans les partis "populistes". Là, je reconnais qu'on s'est éloigné des poissons...
-combien y a-t-il de chalutiers pratiquant cette pêche?
-combien d'emplois (venus d'où,)? payés à quel tarif (pays d'origine... dumping?)
-combien d'emplois ont été détruits par ce type de pêche?
- quantité de poissons attrapés et rejetés (dans quel état)?
-part de ce poisson chaluté dans les étals de poisonnerie?
-montant des subventions européennes pour soutenir cette pêche qui semble déficitaire?
- à quels groupes financiers appartiennent ces chaluts? sont-ils côtés en bourse? (ce qui expliquerait peut-être le succès du lobbying?)
- et bien d'autres questions qui ne me viennent pas à l'esprit.
Pour se faire une opinion sur un sujet donné il faut des éléments précis que la presse actuelle s'acharne à omettre en général.
Il faut se méfier des affirmations trop générales qui veulent tout et rien dire.