L’exposition Hope for Change (Espoir de changement) emmène dans les années 70, plus particulièrement à Londres, dans le quartier de Hackney. C’est ici qu’un groupe de neuf femmes s’est réuni pour former un collectif appelé Hackney Flashers (exhibitionnistes de Hackney). An Dekker, Sally Greenhill, Liz Heron, Gerda Jäger, Michael Ann Mullen, Maggie Murray, Christine Roche, Jo Spence et Julia Vellacott, sont des femmes issues de la classe populaire anglaise. Elles proposent des visuels (photos, montages, dessins…) percutants avec toujours un message militant sur la vie quotidienne des femmes à cette époque.
Camille Richert, la commissaire, a choisi de mettre face à face des productions de ce collectif avec les œuvres contemporaines d’artistes féministes actuelles : Claude Dugit-Gros, Julie Luzoir et Pascaline Morincôme. Elles sont également artistes associées de cette exposition, à découvrir au Centre européen d’actions artistiques contemporaines (CEAAC) de octobre 2025 à janvier 2026.

Pensée comme un dialogue entre générations de matrones et non une rétrospective historique, l’exposition se déploie sur les deux étages du CEAAC, qui invitent à une double immersion. La première, au rez-de-chaussé, renvoie aux activités effectuées en dehors du foyer par les femmes. La deuxième, à l’étage, convoque les activités et tâches domestiques réservées aux mères de famille dans la sphère privée.
Double-journée
Des slogans noirs sur les murs, tels que « Changer les couches, moucher les nez », viennent sillonner le parcours du visiteur. Entre 1974 et 1980, le collectif d’artistes a accompli trois séries nommées : Women and Work (Les femmes et le travail,1975), Who’s Holding the Baby? (Qui tient le bébé?, 1978) et Domestic Labour and Visual Representation (Travail domestique et représentation visuelle, 1980). Le parti pris était de croiser les techniques et les médiums pour constituer une création pluridisciplinaire capable de toucher un large public, en particulier celui de la classe moyenne londonienne.
Les thèmes abordés sont divers, cependant il est souvent question de la double-journée des femmes. En plus de leurs heures de travail à l’extérieur, les femmes, contrairement aux hommes, continuent de travailler à la maison. Deux activités exigeantes qui limitent les femmes à un espace restreint entre leurs responsabilités familiales et professionnelles, sans leur laisser de temps pour des activités de loisir. En passant de la question des gardes d’enfants, des salaires, des droits sociaux, du patriarcat et de ses stéréotypes, les thèmes évoqués par les œuvres sont toujours d’actualité.
Agitprop féministe
Les luttes féministes passent par des hauts et des bas, que l’on ressent par les ruptures générationnelles. Les seuils se font ressentir, marqués par les ruptures générationnelles. On peut définir quatre grandes vagues féministes au fil de l’histoire et depuis les années 1930. L’exposition montre la deuxième vague, celle des années 70, mais entend aussi montrer le début d’une cinquième vague, contemporaine, dédiée aux luttes pour une meilleure inclusion de toutes les communautés. Les œuvres des trois artistes actuelles exposées reflètent ces questionnements, tout en faisant des liens avec les luttes passées.


Slogans inscrits sur des banderoles textiles, bandes dessinées à l’encre noir sur les murs, dessins grand format réalisés aux crayons de couleur au sol… Ce que ces artistes ont en commun d’utiliser des supports accessibles et économiques. Aucune de leurs œuvres n’est signée. Les Hackney Flashers avaient bien conscience, de porter des messages subversifs. Elles ne considéraient pas non plus leur travail comme des œuvres d’art destinées à être exposées dans des musées. Elles considéraient leur travail comme de l’agitprop, une pratique qui peut parfois se situer à la frontière entre propagande et art.
L’exposition cherche d’ailleurs directement à mobiliser le public. Des ateliers collaboratifs permettent de se mettre soi même à la création, avant de les afficher dans la rue. Pour participer vraiment à la nouvelle vague des revendications féministes.




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