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Rythmes scolaires : « Une réforme globale de l’éducation », selon Claude Escot

Fin décembre, la Ville décidera si les petits Strasbourgeois iront à l’école le mercredi ou le samedi matin à la rentrée 2014. Mais cette réforme des rythmes scolaires n’est pas qu’une simple réorganisation horaire, comme le pense Claude Escot, président des Francas Alsace, mouvement d’éducation populaire qui accompagne les collectivités dans la mise en œuvre de cette réforme. Interview.

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Rythmes scolaires : « Une réforme globale de l’éducation », selon Claude Escot

Une classe d'école (Photo Radjaïdjah / FlickR / CC)
Une classe d’école (Photo Radjaïdjah / FlickR / CC)

Rue89 Strasbourg : pour vous, quels sont les enjeux de cette réforme ?

Claude Escot : « On pense généralement que l’enfant ne s’éduque que dans la famille et à l’école. Or, tout ce qui se passe à l’extérieur, les copains, la télé, les activités, joue aussi un rôle déterminant. Il ne faut donc pas confondre le fond de cette réforme – la refondation de l’école – et la forme – les rythmes scolaires. Même si les horaires de classe sont importants dans l’organisation générale des familles et du secteur de l’éducation, la réforme des rythmes n’est qu’un élément secondaire par rapport au projet d’éducation global [ndlr, qui inclut le péri- et l’extra-scolaire].

Certes, les enjeux financiers, pour les collectivités ou les associations, ne sont pas négligeables. Mais il faut rappeler qu’en 1881, quand l’école est devenue obligatoire, tous les maires se sont demandés comment ils allaient financer leur école. Or, cette question a été traitée sur le long terme et aujourd’hui, un maire sait ce qu’il perd quand son école ferme. D’ici quelques temps, la question des rythmes se réglera positivement, surtout si l’on n’en fait pas qu’une question technique, mais, au contraire, si l’on crée à cette occasion un espace de discussion pour tous les acteurs.

Strasbourg est dans cette démarche depuis un an. La réflexion rassemble les parents d’élèves, les associations, le corps enseignant, la collectivité… avec pour ambition de définir un socle commun d’objectifs éducatifs. Puis, quartier par quartier, l’idée est d’amener des solutions aux problèmes spécifiques des enfants, comme une mauvaise maîtrise du langage, un trop grand individualisme, un manque d’offre culturelle ou sportive, etc. Là, tous les acteurs pourront travailler à leur façon sur ces problématiques, l’animateur socio-culturel, le professeur, le prof de sport… Cela nécessite que les familles, la collectivité et les associations soient sur la même longueur d’onde, ce qui est rarement le cas au préalable. »

R89S : à ce stade de la concertation, quels sont encore les écueils ?

Claude Escot : « Sur le choix du mercredi ou du samedi, la Ville prendra sa décision fin décembre. Il va falloir sortir des positions de café du commerce du type « je ne veux pas me lever le samedi matin pour emmener mon enfant à l’école », ou au contraire « je veux que mes élèves viennent le samedi matin, c’est l’occasion de voir les parents »… Il faudra trancher et cela fera forcément des mécontents. Dans les familles, ce n’est jamais simple de changer son organisation de vie. Pareil pour les personnels. Si l’on décrète de façon abrupte, comme cela a été fait pour le passage de 4 jours et demi à 4 jours d’école par semaine en 2008, que les enfants auront classe le mercredi matin, que faire des animateurs qui travaillent en périscolaire le mercredi ? Si ces changements sont discutés et réfléchis ensemble, ils seront mieux acceptés.

Je ne sais pas ce que décideront les élus strasbourgeois, mais l’opinion des parents jouera forcément beaucoup. Si une majorité se prononce pour le mercredi, ce sera sans doute le choix final. Si les opinions sont plus diverses, la Ville aura les éléments pour justifier le choix du samedi. Mais dans tous les cas, il s’agit d’agir dans l’intérêt de l’enfant. »

R89S : l’intérêt de l’enfant justement, le connaît-on vraiment ?

Claude Escot : « Les discours des chronobiologistes sont contradictoires, même si beaucoup préconisent plutôt l’école le samedi matin, au motif qu’une pause de deux jours le week-end serait trop longue. Mais cela dépend beaucoup du rythme familial. De nombreux enfants se lèvent de toute façon le mercredi matin pour aller chez la mamie ou au centre de loisirs parce que les parents travaillent.

Ce qui est sûr, c’est que demander une attention permanente aux enfants n’est pas la meilleure chose. De même, on est sûr a minima que la pause méridienne doit être un temps calme. Or, mettre 150 enfants dans une salle de restauration trop grande et mal insonorisée n’est pas propice. Les envoyer jouer ensuite dans la cour non plus. L’intérêt de l’enfant serait donc de construire un temps calme lors de cette pause.

De même, beaucoup d’associations disent que si le temps scolaire est réduit tous les jours de 45 minutes, pendant lesquels elles doivent proposer une activité, avec les transitions professeurs-animateurs puis animateurs-parents, il ne reste rien. A Paris, le choix a été fait à la rentrée 2013 de laisser deux jours inchangés et de terminer la classe 1h30 plus tôt les mardis et vendredis après-midis pour des activités. La demi-journée de classe en plus étant le mercredi… »


#éducation

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