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La collecte des déchets alimentaires commence par les plus petites communes de l’Eurométropole

L’Eurométropole de Strasbourg se lance dans un mode industriel de collecte des biodéchets. D’ici 2025, environ 1 800 bacs d’apport individuel seront installés dans l’espace public de l’Eurométropole, en commençant par des petites communes de la deuxième couronne.

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La collecte des déchets alimentaires commence par les plus petites communes de l’Eurométropole

Comment réduire le contenu des poubelles bleues ? Après plusieurs expérimentations, l’Eurométropole généralise la collecte de déchets alimentaires. En plus des fruits et légumes qui se dégradent naturellement dans les composts, ce système permet de ramasser d’autres déchets alimentaires comme les arrêtes de poissons, les fromages, les restes de repas, les céréales ou même les coquillages et crustacés. Pour collecter ces déchets, l’Eurométropole a choisi de déployer des bacs en métal hermétiques dans l’espace public. Les mairies sont sollicitées pour décider des emplacements exacts.

Le déploiement va débuter en 2022 dans les 26 communes de deuxième couronne. La « massification » a commencé au mois de mars 2022 à Fegersheim et Eschau. Pour les sept autres communes plus urbaines (Strasbourg, Schiltigheim, Illkrich-Graffenstaden, Bischheim, Ostwald, Lingolsheim et Hoenheim), le déploiement doit s’étaler entre 2023 et 2025.

Le rythme prévisionnel du déploiement de la collecte des biodéchets. Photo : carte eurométropole

1 borne pour 300 habitants

D’ici 2025, 1 800 bornes devraient être installées dans l’EMS. Le ratio sera alors d’ »une borne pour 300 habitants, c’est trois fois plus que les bacs de verre », précise la présidente de l’Eurométropole Pia Imbs. Cette politique représente 8,3 millions d’euros d’investissement et 6 millions d’euros de fonctionnement annuel, « un service nouveau aux habitants », souligne Pia Imbs, qui devra bientôt défendre en conseil de l’EMS une nouvelle hausse de la taxe foncière.

Les déchets collectés partiront ensuite au Port-du-Rhin pour un premier tri, puis au méthaniseur de Lingenheld à Oberschaeffolsheim, qui a remporté le marché public. Il produira du « biogaz » et le reste, le substrat, sera réutilisé comme engrais pour l’agriculture.

Quelle coexistence avec le compostage de quartier ?

Présent à la présentation du lancement de cette politique, Eric Fries Guggenheim, président par intérim de l’association Compostra (qui a structuré le réseau d’assos Rescup’ lancée au début des années 2010) reste circonspect sur les conséquences de cette généralisation :

« À Strasbourg, on craint que ce système concurrence et donc remplace le système associatif. On perdrait le lien social et on risquerait de ne plus avoir le compost nécessaire. Car le substrat qui sort d’un méthaniseur n’est pas similaire à une décomposition de la molécule comme dans nos bacs. Même si pour une généralisation de la collecte dans une ville, seule une industrie peut déployer de tels moyens… »

Pour l’élu strasbourgeois Pierre Ozenne, associations et industries peuvent coexister. « Cette politique vise à élargir les personnes touchées ». Mais l’adjoint en charge de l’espace public convient qu’à Strasbourg plusieurs contraintes vont se cumuler par rapport aux plus petites communes. « Dans le périmètre du Plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV), il faudra un avis systématique de l’architecte des bâtiments de France pour chaque implantation », relève-t-il. Dans le centre-ville, c’est d’ailleurs un système de points d’apports volontaires (comme à Fegersheim), mais aussi mobiles qui devrait être privilégié. L’implantation des bacs sur les grands axes très habités va aussi avoir un aspect stratégique pour que la collecte reste efficace. Le système hermétique doit, lui, permettre que les animaux ne se nourrissent pas dans les bacs. Tant qu’ils ne sont pas endommagés.


#biogaz

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