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Comment utiliser la technologie NFC à Strasbourg ?

Payer avec son mobile sans contact, c’est possible à Strasbourg… à condition d’aligner une longue série de critères. Quels téléphones, quelles cartes SIM, quelles cartes bancaires et quels abonnements fonctionnent ? Rue89 Strasbourg fait le point sur la technologie NFC dans notre ville, pionnière en la matière.

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Comment utiliser la technologie NFC à Strasbourg ?

La technologie NFC permet de remplacer la carte bancaire par le téléphone portable… mais avec un certain nombre de conditions. (DR)

Cela fait quelques années que s’invite dans la sphère publique cette technologie NFC (Near Field Communication – Communication en champ proche), en clair, le paiement sans contact, mais pas seulement… Plus besoin d’insérer sa carte bancaire dans un terminal de paiement, ni de penser à son porte-monnaie, il suffit de poser son téléphone sur une borne dont les commerçants sont équipés. La dématérialisation de la monnaie aura bien lieu et les Français sont prêts puisqu’un sondage de Capgemini Consulting révélait déjà en 2009 que 70% des Français étaient enclins à passer au m-paiement. Selon Pierre Métivier, délégué général de l’association SMSC (Forum des services mobiles sans contact), « 90% de ceux qui l’ont testé se sont révélés satisfaits ».

Problème : il faut encore pouvoir le tester. Car les opérateurs, les institutions, les banques en font des tonnes, mais force est de constater que la technologie NFC patine de test en test avec leur lot de questions, de normes, de règles spécifiques et de dysfonctionnements. Par ailleurs, cette technologie ne concerne pas seulement le paiement par mobile mais aussi la récupération d’informations utiles à la vie quotidienne et au tourisme : horaires des transports en commun en temps réel ou informations sur les bâtiments qui nous entourent par exemple.

Strasbourg, une des villes pionnières

A Strasbourg, les élus et partenaires se penchent sur la question des services mobiles sans contact depuis février 2011, lors d’une conférence mêlant acteurs strasbourgeois (Université de Strasbourg, commerçants, CTS) et intervenants du milieu (opérateurs, associations). La ville a d’ailleurs été labellisée « Territoire leader du mobile sans contact » en 2011. Rien que ça. Le but ? Faciliter les services à la personne permettant aux habitants d’effectuer des paiements ou d’accéder à toutes sortes d’informations pratiques. Claude Graebling, délégué au développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication à la Ville explique :

« C’est une technologie à laquelle on croit, il faut s’y inscrire maintenant, sinon on sera dépassé. Le secteur bancaire de la CUS était prêt, maintenant les acteurs extérieurs y sont associés : l’Université de Strasbourg va dans ce sens avec, dans un premier temps, une carte qui permettrait aux étudiants d’avoir accès à tous les services universitaires, bientôt avec les mobiles. Pour moi, si on touche les étudiants, c’est un pari gagné. Tous les horodateurs de la ville seront équipés fin avril et la CTS a une réflexion dans ce sens. Mais on ne peut pas tout changer du jour au lendemain. »

Pierre Métivier confirme lui le classement de Strasbourg comme une ville pionnière en matière de NFC :

« Après Nice et Caen, Strasbourg s’est intéressée à cette technologie. C’est la ville la plus active actuellement et la première à s’être intéressée aux horodateurs. Les acteurs strasbourgeois donnent clairement l’impression d’avoir envie d’être leaders. »

Une charte au projet « services mobiles sans contact » a été établie par la Ville en février dernier sélectionnant des projets technologiquement novateurs à soutenir. Les discours et les envies, c’est bien mais avant que tous les Strasbourgeois ne s’y mettent, il y a un certain nombre de zones d’ombres à éclaircir.

Une petite poignée de mobiles compatibles

Car premier frein au développement du NFC: très peu de mobiles sont compatibles. Les téléphones de Google donnent des premiers signes encourageants, la firme veut notamment se servir de cette technologie pour son service Google Wallet. Mais ce service est pour l’instant réservé aux Etats-Unis. Tous les regards se tournent vers Apple qui n’a pour l’instant donné aucun signe en ce sens. L’iPhone 4S n’a pas été équipé de cette technologie, mais même si l’iPhone 5 a une puce NFC, passeront-ils par iTunes ? Apple s’intègrera-t-il dans les standards balbutiants ou tentera-t-il d’imposer sa chaîne technologique ? Pierre Métivier attend impatiemment un signe d’Apple :

« Apple fera vraiment basculer le projet. J’ai envie de dire que ce sera le cas pour l’iPhone 5, mais on s’est déjà trompé, il vaut mieux attendre et voir. Aujourd’hui, le nombre de téléphones NFC vendus sur le territoire français est d’à peu près 500 000, il y a 6 mois, il y en avait zéro. Il faut savoir que de des téléphones sont équipés de cette technologie mais la plupart des consommateurs ne le savent pas. Il suffit de se renseigner. »

Aujourd’hui une cinquantaine de mobiles proposent le NFC et une centaine d’autres devraient l’être en 2012. Il sont listés sur cette page, régulièrement mise à jour mais non-exhaustive.

Des technologies rivales

Deux sociétés se démarquent sur le développement de technologies NFC : NXP Caen et Inside Secure. 20 millions de puces NFC auraient été vendues à travers le monde. A Strasbourg, c’est la société Cityzi qui a été choisie pour assurer le lien entre les banques et les opérateurs téléphoniques. Ces sociétés ne développent pas seulement des puces, mais évidemment tout le « package » nécessaire : lecteurs et logiciels. Samuel Cazin, responsable communication et marketing chez NXP (qui fournit notamment Nokia et Samsung) explique :

« En matière de NFC, il y a un paradoxe : c’est très simple pour l’utilisateur, mais il y a une vraie complexité technologique derrière ce dispositif : il y a les radio-fréquences, des éléments de sécurité, des contrôles d’accès. On fournit les puces, mais il y a aussi tous les logiciels sur les mobiles capables de supporter le NFC. »

Et il n’y a pas seulement les téléphones, mais aussi l’équipement pour les commerçants, les bornes, les cartes de transports en commun et les cartes à puces pour les banques. Aujourd’hui, nombreux sont les fabricants qui préparent leur arrivée sur le marché, un signe s’il en est, de l’avenir de cette technologie. Pas d’inquiétudes cependant : l’Europe s’intéresse de prêt au NFC et tend vers une standardisation des opérations : ainsi de Stockholm, à Barcelone en passant par Strasbourg, les applications seront les mêmes nous assure-t-on.

Une option sur l’abonnement de l’opérateur

A Strasbourg, comme ailleurs en France, Orange, SFR, Bouygues Télécom et NRJ Mobile proposent l’option d’être facturé sur son compte mobile. Impossible d’utiliser un paiement par NFC pour les abonnés de Free Mobile ou de La Poste.

Trois banques disponibles

Le Crédit Mutuel s’intéresse au NFC depuis 2006. Le paiement sans contact a d’abord concerné les cartes bancaires : un petit pictogramme en forme de réseau est apparu l’année dernière sur certaines cartes Visa et Mastercard. A Strasbourg, seules trois banques utilisent le NFC : BNP-Paribas, CIC-Crédit Mutuel et Crédit Agricole Alsace-Vosges.

Pierre Métivier assure que le paiement par mobiles est « au moins aussi sûr que le paiement par carte bancaire ». Paradoxalement, cette technologie s’appelle sans contact mais nécessite une proximité entre les capteurs de moins de trois centimètres : impossible donc de se voir débiter sans s’en rendre compte. Payer nécessite le geste de l’utilisateur. Si le téléphone va automatiquement reconnaître pourquoi on fait appel au service NFC (transports, paiement, informations), les informations bancaires ne sont toutefois pas présentes sur le téléphone. C’est au niveau de l’échange de l’information de la borne à la banque que cela se passe.

Par ailleurs, pour toute opération supérieure à 20€, le terminal mobile va demander à l’utilisateur de taper un code. Et si on vous vole votre téléphone ? Comme pour les cartes bancaires, des services d’alertes existent qui permettent d’annuler les transactions.

2000 commerçants équipés et les horodateurs

A Strasbourg, 2000 terminaux seraient équipés, comprenant donc les banques et les commerces. Lesquels ? Difficile à dire selon Claude Graebling :

« Il n’existe pour le moment aucun document répertoriant les commerces qui utilisent cette technologie, c’est très complexe à établir. Notre groupe de travail se réunit tous les mois, et nous sommes en train de réfléchir à un moyen de communiquer efficacement sur le NFC. Nous pensons à un autocollant présent sur les vitrines des commerces, il va falloir changer les habitudes. On est au début d’une histoire qui se construit. »

La Place des Halles qui devait mettre en place un système de cagnottage et avait participé aux prémices initiées par la Ville a mis le projet en stand-by du fait des travaux au centre commercial. Si environ 90 000 paiements se sont effectués en NFC en 2011, les commerçants sont en général assez frileux. Beaucoup l’associent aux nouvelles technologies et à Internet qui incitent les clients à acheter en ligne même si la technologie d’identification du NFC pourrait permettre de nouveaux genres de cartes de fidélité.

Mi-avril, le service StrasPlus sera lancé vous permettant ainsi de découvrir les secrets du patrimoine strasbourgeois, de calculer un itinéraire, de prévoir d’éventuelles perturbations mais aussi de découvrir l’agenda strasbourgeois, les actualités et quelques vidéos.

Et vous ? Êtes-vous parvenus à utiliser le NFC à Strasbourg ? Quelles applications attendez-vous ?


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