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Commerçants chouchoutés, boulevard pour l’auto, frein au vélo… Si Strasbourg passe à droite

Publié le 25 juin, le programme complet de la liste « Unis pour Strasbourg » donne une idée des priorités du tandem Fontanel/Vetter oiyr Strasbourg : soutenir les commerçants avant tout, redonner de la place à la voiture en restreignant celle du vélo…

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Commerçants chouchoutés, boulevard pour l’auto, frein au vélo… Si Strasbourg passe à droite

Mercredi 3 juin. Les gauchistes strasbourgeois se réveillent avec une gueule de bois. La veille, le premier adjoint au maire et candidat LREM aux élections municipales Alain Fontanel s’est allié en dernière minute à son ancien adversaire LR Jean-Philippe Vetter. Vainqueurs du premier tour, les écolos et les socialistes restent divisés. Tout à coup, Strasbourg peut tomber aux mains de la droite. Enfin publié dans la journée du jeudi 25 juin, le programme de la liste « Unis pour Strasbourg » permet d’esquisser les contours d’un Strasbourg de retour à droite.

Priorité aux commerçants du centre-ville

Alain Fontanel est pressé. S’il arrive au pouvoir, il déclarera d’emblée un « état d’urgence économique et social » et passera tout de suite à l’action avec trois priorités. Elles ciblent deux demandes des commerçants, en particulier ceux du centre : une réduction fiscale pour les TPE, artisans et commerçants (5,5 millions d’euros) et la gratuité du stationnement entre midi et 14 heures. Le candidat se montre un peu plus radin pour sa troisième priorité, les ménages les plus fragiles. Pour eux, ce sera des bons de soutien à la consommation locale de 50 euros, pour un montant total d’un million d’euros… soit cinq fois moins que pour les entrepreneurs.

Un repli « sur le socle électoral traditionnel »

Avec cette nouvelle liste fusionnée, la cible électorale est claire, comme l’explique le politologue et directeur de l’Observatoire de la vie politique en Alsace (Ovipal) Philippe Breton :

« La droite s’est repliée sur son socle électoral traditionnel, une bourgeoisie moyenne et supérieure des villes avec des revendications spécifiques du côté de l’attractivité du centre-ville, des impôts et des libertés du commerce. C’est aussi une base électorale attachée à une forme d’ordre. »

Qui a rejoint qui ? (Photo JFG / Rue89 Strasbourg)

Dans la vision d’Alain Fontanel et de Jean-Philippe Vetter, les commerçants strasbourgeois ont besoin de clients qui viennent surtout en voiture. Et s’ils ne respectent pas tout à fait ce qu’ils ont payé dans l’horodateur, la liste leur offre « un quart d’heure de tolérance ». De quoi augurer d’âpres négociations dans le contrat passé avec la redoutable société Streeteo, chargée de collecter la recette du stationnement. Pour ne pas faire bouchonner le client, la liste de droite compte rétropédaler au sujet de la piste cyclable de l’avenue des Vosges, acquise de haute lutte en 2018. Bref, un parti pris marqué pour la bagnole, qui tranche avec l’exercice du pouvoir par la droite de 2001 à 2008. La maire Fabienne Keller avait contribué à développer le vélo, diminué la place de la voiture et poursuivi les extensions de tram.

Des piques aux biclous

Heureusement pour les cyclistes strasbourgeois, la liste « Unis pour Strasbourg » propose de mettre fin aux discontinuités des itinéraires cyclables, à l’instar du président de l’Eurométropole Robert Herrmann (PS) à la sortie du confinement. À cela s’ajoute une prime pour les vélos à assistance électrique et les vélos-cargos. Pour le reste, le tandem Fontanel-Vetter est moins porté sur la « tolérance » des deux-roues que pour les automobilistes. Il veut « mettre fin à l’impunité des cyclistes. » Pour calmer les délinquants du biclou, il compte s’appuyer sur « une grande campagne d’information et de verbalisation. » Le « respect du Code de la route par les cyclistes » est cité à deux reprises dans le programme. Ces derniers seront bientôt obligés de mettre le pied à terre dans certains secteurs du centre-ville le samedi après-midi.

L’écologie : un gros mot ?

Dans leur programme bleu et jaune, les couleurs de la droite et d’En Marche, les deux hommes n’utilisent jamais le mot d’écologie. Le terme est trop connoté khmers verts sans doute. Dans leur programme temporaire, le duo craignait que Strasbourg ne devienne « le terrain d’expérimentation de la décroissance portée par les « Verts » et leurs alliés dogmatiques ». L’idée de décroissance fait débat dans les milieux écologistes, mais n’a jamais été portée par la liste strasbourgeoise. Ainsi, « Unis pour Strasbourg » utilise les termes « environnement et qualité de vie ».

Dès la première année du mandat, la lutte environnementale du tandem passera par un arbre planté à chaque naissance. Le principe « construire moins mais mieux » devra permettre d’inscrire au Plan Local d’Urbanisme (PLU) un « droit à la nature » qui serait respecté avec plus de parcs. Un ralentissement des « mises en chantier » ne serait pas une première à Strasbourg. Dans les statistiques de l’Agence d’urbanisme, les années où les nouveaux logement étaient inférieurs à 2 000, grosso modo de 1999 à 2009, correspondent aux périodes où l’agglomération a perdu des familles avec enfants (-597 par an de 1999 à 2006 ; -326/an de 2006 à 2011 ; puis à nouveau +143/an de 2011 à 2016).

Le volet environnemental contient des mesures comme « repenser toute l’organisation du marché de Noël » et « reprendre en main le stationnement ». Pas sûr que la planète ait été consultée.

Dans la dernière semaine de campagne, Alain Fontanel s’est mis en scène avec des policiers sur les réseaux sociaux (capture d’écran)

Surveillance et sécurité

Fidèle aux traditions conservatrices, la liste fusionnée promet enfin une ville plus sûre. Alain Fontanel souhaite augmenter les effectifs de la police municipale et « développer la vidéo-protection dans les zones de tension. » Juste en dessous dans le volet « civisme et sécurité », le tandem de droite évoque des « médiateurs de l’espace public pour lutter contre les comportements agressifs et les incivilités » et, à nouveau, « assurer le respect du code de la route par les cyclistes ». Le duo promet « dans tous les quartiers, la sécurité grâce à l’éducation et à un retour de l’autorité ». Le premier adjoint a d’ailleurs profité de l’arrivée de nouveaux véhicules de la police municipale pour poser avec et asseoir cette nouvelle image.


#Alain Fontanel

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