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Concert : Le feu sacré des Sierra Leone’s Refugee All Stars

C’est un documentaire qui les a propulsés au rang de stars internationales du reggae roots africain. Sierra Leone’s Refugee All Stars, titre du film des Américains Zach Niles et Banker White sorti en 2005, a mis en lumière ce groupe de Sierra-Léonais réfugiés en Guinée voisine durant la guerre civile. Les musiciens monteront sur la scène de l’espace Django Reinhardt le jeudi 24 janvier. Concert incandescent en perspective.

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Concert : Le feu sacré des Sierra Leone’s Refugee All Stars

Sierra Leone's Refugee All Stars
Sierra Leone's Refugee All Stars (photo Jay Dickman)

En 2010, le film Benda Bilili, réalisé par Florent de la Tullaye et Renaud Barret, retraçait l’histoire de ces Kinois handicapés devenus stars mondiales après la sortie de leur premier album Très Très Fort en 2009, enregistré dans des conditions rocambolesques à Kinshasa. Cette histoire rappelait le début du parcours, quelques années auparavant, des Sierra Leone’s Refugee All Stars, dans un contexte évidemment plus dramatique, en pleine guerre civile dans ce pays d’Afrique de l’Ouest frontalier du Libéria et de la Guinée-Conakry.

Le groupe s’est formé progressivement, au gré des rencontres entre réfugiés dans un camp miséreux à la frontière guinéenne au début des années 2000 et dans lequel arrivent Reuben Koroma, musicien avant même la guerre et actuel leader du groupe, et son épouse après avoir fui Freetown. Reuben croise Ashdade Pearce, l’un de ses anciens comparses d’un groupe de reggae qu’ils avaient formé des années plus tôt.

Récupérant des guitares et improvisant des percussions avec des objets divers et variés traînant dans les stocks de matériel d’une ONG canadienne d’aide aux réfugiés, les voilà qui commencent à jouer pour occuper les soirées dans leur camp. Les rejoignent ensuite d’autres musiciens pour ce petit orchestre qui grossit et devient surtout populaire dans la région.

Ce qui, immanquablement, suscite le bouche à oreille et attire l’attention de deux réalisateurs, Zach Niles et Banker White. Les Américains suivent alors la dizaine de musiciens durant environ trois ans jusqu’à leur retour au pays, dans leurs villages, puis à Freetown. Le documentaire Sierra Leone’s Refugee All Stars sort dans les salles en 2005 :

Les dernières images du film marquent une nouvelle et première grande étape pour le groupe : l’enregistrement de l’album Living like a Refugee, étalé sur plusieurs années, depuis quelques sessions déjà mises en boîte par Zach Niles et Banker White dans l’un des camps en Guinée jusqu’à la finalisation et le mixage dans un studio de Freetown.

Ce premier opus sort en septembre 2006 en Europe et aux Etats-Unis et outre-Atlantique, Living like a Refugee se hisse à la 15è place des ventes de disques (la 8è pour les albums de reggae). Reuben et ses complices apparaissent alors sous les lumières médiatiques, invités en décembre 2006 chez la grande prêtresse américaine de la télévision Oprah Winfrey, sollicités pour participer à la bande-originale du film Blood Diamond (avec Leonardo Di Caprio) à propos de la guerre civile en Sierra Leone, adoubés par les plus grands noms du rock et de la pop – Paul McCartney, Keith Richards, Bono, Aerosmith, Ice Cube, etc – et choisis en 2011 pour participer en musique au 50è anniversaire d’Amnesty International.

Parallèlement, les Sierra Leone’s Refugee All Stars publient leur deuxième album Rise & Shine au printemps 2010, à la tonalité plus joyeuse et colorée, maquetté à Freetown mais enregistré à La Nouvelle-Orléans sous la houlette du producteur Steve Berlin et avec le concours de quelques grands jazzmen du cru comme Trombone Shorty et plusieurs autres invités.

Et pour se faire une idée de Sierra Leone’s Refugee All Stars en live, voici un extrait de l’un de leurs concerts avec le titre Tamagbondorsu, issu de Rise & Shine :

Les Sierra Leone’s Refugee All Stars tournent depuis l’été dernier pour la promotion de leur dernier disque en date, Radio Salone, sorti en avril 2012. Le reggae reste la base mais Reuben et son groupe s’aventurent aussi sur la piste de la rumba ou de l’afrobeat bien déglingué avec de foisonnants rythmes chaloupés qui s’enchaînent. Leur single s’appelle Big Fat Dog.

Avec Radio Salone, les Sierra Leone’s Refugee All Stars ont voulu rendre hommage à la radio, ce media qui accompagnait les réfugiés partout dans leurs camps, pour s’informer, se détendre en écoutant de la musique, garde une oreille sur le monde.

L'enregistrement de Radio Salone à New York
L'enregistrement de Radio Salone à New York (photo Kisha Bari)

Aux manettes de ce troisième album officie Victor Axelrod, alias Ticklah. C’est d’ailleurs dans son studio new-yorkais de Brooklyn que Radio Salone a été enregistré et mixé. Axelrod appartient à la famille des musiciens et producteurs à flair. Il a, entre autres, travaillé avec Mark Ronson, Lily Allen, Amy Winehouse et son album Back to Black, Robbie Williams. Le groupe Easy Star All Stars, auteur notamment de l’excellent album Dub Side of the Moon de reprises dub-reggae du Dark Side of the Moon de Pink Floyd, c’est aussi lui. Tout comme il fait partie des Dap Kings, le groupe de scène de la grande Sharon Jones, passée à Strasbourg lors du festival de jazz de juillet 2012.

Y aller

Sierra Leone’s Refugee All Stars en concert jeudi 24 janvier à 20h30 à l’espace Django Reinhardt, 4 impasse Kiefer à Strasbourg.


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