On dit de lui qu’il est le fils spirituel d’un Souchon ou d’un Dick Annegarn, le cousin d’un Vincent Delerm, qu’il a un lien de parenté avec un autre Mathieu, M (peut-être une ressemblance physique, sous un certain angle)… Des comparaisons flatteuses pour ce Francilien que l’on prend aussi toujours régulièrement pour un jeune premier fragile, fluet et fantasque qui fait « des trucs bien ». Certes. Mathieu Boogaerts creuse pourtant son sillon d’auteur-compositeur depuis 17 ans et six albums, dans un monde de chansons impressionnistes baignées dans un univers surréaliste.
Combien de fois n’a-t-il certainement pas entendu le sempiternel « Ouais, c’est bien ce que tu fais… » avant un blanc éloquent. Une gêne. Une impossibilité de poser le mot pour marquer la confusion. Du coup, voilà qui fait douter et pousse à encore plus de solitude, d’envie de gommer ce qui n’entre pas dans les clous. Fait s’interroger sur les clés du succès commercial au-delà du succès d’estime qui attire toujours son solide noyau de fidèles mais ne créé pas l’appel d’air suffisant pour séduire un nouvel auditoire.
Sixième album, le plus épuré
Peut-être en a-t-il d’ailleurs marre, Mathieu Boogaerts, de cette situation qui le conduit, par moments, à étudier le verre à moitié vide plutôt qu’à moitié plein… A 42 ans, Mathieu Boogaerts publie donc son sixième album, éponyme, bien plus proche de l’épure et de ses aspirations du moment que des fantaisies des disques et tournées précédents. On y côtoie le « vrai » Mathieu Boogaerts, cet artiste qui, au fond, voulait de l’instantané, de la sensibilité, des émotions du moment, dans une phase d’enregistrement sans métronome ni artifices.
Dans la droite ligne des deux années de concerts données sur la scène parisienne de La Java en formule guitare/voix, avec son fidèle bassiste Zaf Zapha. L’occasion, pour lui, de respirer après la tournée du disque I love you, à la scénographie ambitieuse, fouillée et contraignante, véritable show de comédien ajouté à la performance du chanteur musicien. A l’invite du label des Disques Bien, Boogaerts joue alors ses chansons sans fioritures, avec ce plaisir simple de remonter sur scène sans devoir composer avec la schizophrénie du comédien qui chante et celle du chanteur qui joue.
Au tournant de la quarantaine, il se met donc à nu et retrouve sa sensibilité de solitaire. Il teste de nouvelles compositions, à l’image du single de son dernier album, Avant que je m’ennuie, au titre et au clip on ne peut plus parlants :
En douze titres, Mathieu Boogaerts restitue l’atmosphère vivante et dépouillée de sa série de 60 dates sur les planches de La Java en 2011 et 2012. Et ses morceaux tout neufs, il les teste, les sélectionne, les améliore grâce aux réactions d’un public critique et exigeant. On retrouve ainsi un Mathieu Boogaerts pleinement auteur-interprète, encore plus que lors de ses précédentes productions qui se « surchargeaient » de cuivres, de sons annexes, de batterie.
Sur Mathieu Boogaerts, la voix se pose comme l’élément principal et moteur d’un album de facture modeste et sans trompe-l’oeil. A l’image, également, de ce clip Avant que je m’ennuie, où le piano cache-sexe dévoile peut-être enfin la nudité – et la nature – profonde d’un artiste qui veut désormais faire fi de l’apparence et des effets de style exacerbés. Et préfère le cliché de l’instantané musical, en trois à quatre prises seulement, dans les conditions du live, entouré de ses fidèles accompagnateurs, Zaf Zapha à la basse, Fabrice Moreau à la batterie et Renaud Letang au mixage, sans omettre le passage amical du pote Albin de la Simone sur l’un des titres de l’album.
Y aller
Mathieu Boogaerts en concert le samedi 26 janvier à 20h30 au Cheval Blanc, 25 rue Principale à Schiltigheim.
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